C’est de loin que le son arrive à nos oreilles…. Les mouettes, la mer, avant le déluge d’émotions. A la croisée entre Pink Floyd et David Crosby, Jonathan Wilson a créé dans Fanfare, son dernier projet sorti le 15 octobre dernier, une nouvelle pépite dorée.
En 2011, Jonathan Wilson nous offrait un album à l’acoustique californienne. La solitude transparaissait dans les treize titres. Dans Fanfare, rien ne ressemble (ou presque) à Gentle Spirit. Si la pochette de l’album de 2011 était sombre, en 2013, elle est plus claire que jamais. Ciel bleu, Michel Ange est passé par là et a illuminé sa musique, au passage, sa notoriété. Généralement, le ton de l’album est plus jazzy, plus électrique, avec des solos étonnants, comme dans Dear Friend. Preuve : l’étonnant Love to love, sorte de pain surprise ou l’on retrouverait le rock 70’s saupoudré de quelques accents country. En réalité, c’est bien tout l’album qui est une surprise…
Tenez, prenez par exemple la chanson Future Vision : au début, la steel guitar résonne, les voix s’entremêlent au dessus d’un Los Angeles baigné par le soleil. Trois minutes après, la batterie s’en mêle, et on se croirait revenu au temps des “good ol’ sixities” et “seventies”, entre les distorsions et les voix angéliques… La vision de Lennon au milieu du Canyon se poursuivra jusqu’à la fin de la chanson, lorsque le réel nous rattrape.
Jonathan Wilson n’a donc pas oublié d’être californien et imite très bien le groupe Eagles, période « On se shoote » du début des années 70. La chanson Moses Pain fait de Wilson (s’il en fallait encore une preuve) le digne successeur d’un des maîtres de la musique californienne, Jackson Browne, chez qui, il a enregistré. Ce dernier a aussi fait partie de l’aventure Fanfare, avec d’autres invités de marques : David Crosby et Graham Nash (que l’on entend dans Cecil Taylor et sur tant d’autres chansons tellement ils sont omniprésents), Mike Campbell et Benmont Tench des Heartbreakers, groupe du rocker Tom Petty, et quelques amis issus de la musique indé comme Patrick Sansone (du groupe Wilco) et Taylor Goldsmith du groupe californien Dawes (à qui il avait prêté son studio, enregistrant aussi une chanson avec eux en 2011).
Milieu du disque, Jonathan retrouve ses origines californiennes : Illumination est sorti directement sans paquet cadeau de Laurel Canyon, avec quelques solos dignes cette fois-ci de Neil Young. Et puis, il faut encore que le désert soit présent. Tout simplement, parce que Jonathan ne conçoit sûrement pas sa vie sans ces étendues lointaines et solitaires. Ou la vie n’est que peu présente. All the Way Down, dernière composition de l’album est une de ces chansons mélancoliques qui vous fout le bourdon, assis près d’un cactus.
Finalement, Fanfare est égal à son titre générique : un album qui cultive à la fois sa part sombre et brillante. Finalement, il est à l’esprit de Los Angeles, la rêvée, l’inquiétante, l’intrigante… et il ressemble tellement au Liverpool du Sgt. Pepper.
A vous d’écouter cet album en entier, mais il vous faut une précision supplémentaire : soyez prets à voir l’espace temporel se réduire pendant près d’une heure, les murs plonger sur vous à l’intérieur de la chambre… Expérience magique, presque un shoot de LSD (sans les effets désastreux). La frontière entre réel et fiction s’éloigne un peu plus : on y voit encore les Beatles ensemble, Syd Barrett est encore là, Supertramp n’a pas encore écrit Breakfast in America, Dylan, les Byrds, Tom Petty ou Roy Orbison, ils sont tous sur la scène. En signant ce brillant album, on se prend à rêver : et si ? Et si finalement, cet esprit des années 70 était encore vivant ?
Jonathan Wilson sera présent le 10 décembre à Nantes et le 11 au Trabendo, à Paris. Et son album est, fait original, en écoute sur son site internet www.songsofjonathanwilson.com
By Mickael Chailloux
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