18h44: « Oh Lou Reed est mort ». Message de ma Marie. c’est avec ces mots, cette gêne si soudaine que ma copine m’annonce la mort de ma grande idole. Elle le sait sans doute, cette phrase restera ancrée en moi à tout jamais, tout comme elle se doute qu’à la lecture de ce SMS, mon monde va s’écrouler. Parce que ce chanteur de New-York est au même niveau dans mon estime qu’un Lennon ou qu’une Winehouse. Il a tout autant marqué ma vie. Il a marqué mon corps au fer rouge avec sa poésie qui nous emmène dans un monde ou seules l’obscurité et la chaleur de l’enfer sont reines. Ses mots si justement choisis, ses sons si ténébreux et nouveaux ont transpercé mon âme, mon cœur, m’ont fait verser des larmes. Il a révolutionné la musique à lui tout seul.
L’histoire de Lou, tout le monde la connait. Un jeune gars aux tendances homosexuelles qui a subi des électrochocs afin de devenir hétéro (Kill your sons), il finit par fuir le domicile de ses parents. Plus tard Il rencontre la prose beatnik à la fac de lettres, le poète Delmore Scwhartz (European Son) et ses premières seringues (Heroin). Contrairement à ce qu’il affirmait dans la chanson citée ci-avant, Lou savait très bien ou il allait. Il a toujours su que c’était lui qui avait été élu afin de faire évoluer les mentalités, il a toujours su que son vrai succès commencerait après sa mort. Lou Reed a toujours eu cette intelligence de s’étendre finalement peu sur sa propre vie, ses projets pour préférer mettre en lumière les problèmes sociaux du monde qui l’entourait. En contradiction complète avec l’image qu’il s’était bâti: vieux cynique, aigri misanthrope afin qu’on évite de le faire chier.
Ce mec là n’a jamais eu ce besoin de faire de la promo pour avoir un appart de 500 m² à Manhattan. Non, il écrivait pour nous faire part de ses cauchemars, de la vraie société dont tout le monde a peur, il jouait pour qu’on le rejoigne dans son enfer. A une époque, le fric lui était nécessaire uniquement pour ses doses. Enfin, c’est toujours ainsi que je l’ai perçu. En soit, si Lou Reed est devenu cette icone, c’est loin d’être anodin. Il a acquis ce statut car il a su ne pas rentrer dans ce jeu ou beaucoup se sont perdus (Stones, U2..): la mentalité rock contemporaine. Cette mentalité ou seul le business est important. Lou Reed a su malgré les années, rester cette porte qui mène au royaume de l’underground. Et cela se poursuivra par delà la mort. Certes, à présent, on sait qu’il ne pourra plus rien sortir, que l’on ne pourra plus le voir en concert. La frustration, la peine est importante. Mais profitons de ses chefs d’œuvres, faisons les tourner dans nos Ipods, nos voitures, nos soirées pour retrouver la voie que ce prophète nous a toujours invité à rejoindre. I promise you Lou, I take a walk on the wild side.
Yohann Dufour
C’est avec peine que j’ai appris dimanche soir la disparition de Lou Reed. Disparition, Ce mot est étrange, comme si tout ce qu’il avait écrit allait disparaître aussi. Disons franchement qu’il est mort c’est plus simple car ce qu’il a été, ce qu’il a fait, restera. Outre les années passées avec mon frère, ses albums du Velvet Underground et ses dessins d’Andy Warhol recopiés sur les murs de sa chambre, j’ai eu la chance (peut-être avais-je senti qu’il ne fallait pas le manquer…) d’assister à son concert en juin 2012, place des Quinconces à Bordeaux, ma ville.
C’était un concert assez spécial pour ses 70 ans dont il me reste de bons souvenirs et un verre recyclable à son effigie, triste icône mais remarquable symbole du pop art pour le coup. Une impression de pesanteur flottait sur ce concert. J’ai pu ainsi tomber sous le charme de Jonathan Wilson et de son rock rétro ainsi que d’une seconde partie dont je ne me souviens malheureusement plus le nom mais qui a terminé dans les chœurs de Lou sur la suite du concert, en tant que guest.
C’est de ça dont je voudrais parler et non de la prestation de Lou. Avec une amie, nous étions unanimes quant à sa prestation: voix faible, manque de dynamisme comme elle m’a dit dimanche soir: « ça sentait la fin ». Mais le rockeur de 70 ans avait amené avec lui sa vision du rock. Le rock comme ce que la musique avait de mieux à donner: une ambition, une volonté de partager quelque soit les faiblesses, juste partager avec les autres. Ça, il l’incarnait ce soir-là. Durant tout le concert il a mis sur le devant de la scène son jeune guitariste soliste pour lequel il s’arrêtait de jouer afin de faire des signes au public et ainsi montrer sa fierté. Un saxo et un violoniste déchaînés qu’il laissait perdre pied au milieu de ses chansons lors de duos ou de soli endiablés. Il était presque là pour assurer la promotion d’une nouvelle génération qu’il admirait pour leur talent et qu’il voulait auprès de lui pour cette tournée. Une façon peut-être aussi de nous faire comprendre que la relève était assurée quoiqu’il arrive.
En cela, ce concert était magnifique. Voir un Lou Reed mythique rester en retrait en encourageant de jeunes artistes à être au devant et encourager le public à rentrer dans son jeu avait quelque chose d’emblématique. Sentir cet esprit de partage comme la musique sait si bien le faire et oublier que parfois cette même musique peut se perdre dans le business mondain des artistes qui veulent paraître quoiqu’il en coûte. Merci Lou d’avoir foulé après les Pink Floyd en 94, le sol poussiéreux des quinconces où désormais le fantôme de tes traces laissera un air d’Hollywood Boulevard.
Jason P.
Un choc en apprenant la nouvelle. Un choc qui m’en a immédiatement rappelé un autre, plus ancien que j’avais ressenti lorsque j avais découvert, adolescente, le morceau a perfect day en regardant Transpotting avec ma copine un soir a la maison. Ewan Mc Gregor a ce moment tripe défoncé dans un taxi alors qu’il se rend à l’hôpital. Et a ce moment là j’avais vraiment tripé sur ce morceau. Il m’avait immédiatement et soudainement transporté. Ewan c était la drogue et moi c était Lou Reed. Depuis, j’ai toujours gardé une relation particulière avec ce morceau.
Sabrina Cirillo
Lou Reed, pour moi, ça me rappelle ces vieilles compils sur K7 enregistrées avec Walk on the wild side dessus. Ces compils que je n’ai pas cessé d’écouter, casque vissé sur les oreilles, à m’imaginer dans les grands espaces californiens. C’est aussi le Velvet et Sunday Morning, la plus jolie chanson pour se reveiller en douceur… Et puis aussi Vicious, une autre grand chanson de rock méconnue mais sur laquelle je me rappelle avoir passé le plus clair de mon temps en air guitar. Bref, Lou Reed, c’était plus qu’une époque pour moi…c’était le moment où j’ai découvert le rock.
Mickael Chailloux
Lou Reed et le Velvet Underground, j’ai connu sur le tard, même si j’ai dû entendre dans ma tendre enfance les vieilles cassettes de mon père tourner sur le magnéto. C’est plutôt au travers des B.O. de fims que je les ai découverts. En 1991, c’est sur la B.O. d’un film d’Oliver Stone que je découvre Heroïn. Une bonne claque. Ensuite, dans la B.O. de Trainspotting, la ballade des ballades: Perfect Day. Chanson parfaite, à la fois mélancolique et pleine d’espoir. la chanson qu’on aimerait avoir écrit. Du coup, elle a fait partie des morceaux qui sont passé à l’église lors de mon mariage. Sinon, c’est plus le Velvet que j’écoute maintenant. Venus in furs, White light White Heat, Heroïn et Sunday Morning font souvent partie de mes playlists.
Chams