Il y a 50 ans, une des plus belles chansons de rock est sortie de l’ombre. Et figurez-vous qu’on en pleure encore sur le Peuple du Rock. Recit dans la pale blancheur de Procol Harum.
Nous revoilà plongé dans le mai 1967. En studio, un habitué des milieux musicaux de l’époque, Gary Brooker. Le pianiste et chanteur avait un groupe depuis 1962 appelé The Paramounts. Ils ont beau effectuer quelques reprises, mais en 1966, sans succès, le voilà obligé de servir de musicien de service des stars du R&B d’alors. Brooker abandonne mais rencontre alors un parolier de son âge, 21 ans. Keith Reid et Gary Brooker écrivent alors un paquet de chansons et cherchent un groupe. Ils publient une petite annonce dans Melody Maker, le journal favori d’alors, et trouve quatre autres compères : l’organiste Matthew Fisher, le guitariste Ray Royer, le bassiste Dave Knights et le batteur Bobby Harrison. Le groupe s’appelle alors The Pinewoods. Il se renomme Procol Harum, du nom du chat de leur agent, un certain Stevens.
En mai 1967, en studio donc, le groupe se retrouve et enregistre un morceau pour Decca. L’orgue d’abord, puis la voix de Gary Brooker au piano fuse comme une vrai flechette dans le coeur des personnes présentes dans la cabine d’enregistrement : « We skipped a light fandango ». cINQ ans après, lorsqu’on met en route cette chanson, ce morceau d’orgue et ces paroles provoquent toujours ces mêmes frissons dans le cou…
Et il est vrai que ce morceau est onirique à souhait. On se sent transporté à chaque moment de la chanson, les rythmes changent, roulements de tambours….et cette chanson dès le départ a un potentiel sexuel très important. La journaliste Claes Johansen l’indiquait même dans son livre
» A Whiter Shade of Pale » est une forme métaphorique de la drague entre un homme et une femme. »
En fait, comme l’explica Reid plus tard, il s’agit d’une véritable divagation de l’esprit de Gary Brooker, des livres qu’il a lu, une sorte de peinture d’une scène quasi-mythologique dit-il.
Enfin, la mélodie de cette chanson s’inspire de Jean Sébastien Bach, la Suite pour orchestra C en ré majeur. En 2006, Gary Brooker reprend majestueusement « A Whiter Shade of Pale » avec l’aide de l’orchestre national danois. Cette version est encore plus magique et rend hommage au potentiel classique de la chanson.