Resté sonné face à l’actualité, quand on est journaliste, ce n’est rarement bon. Il faut savoir jongler entre les actualités terribles et sa vie personnelle, ponctuée de musique et bien souvent de jovialité. Parfois tout se télescope. Et on se rend compte qu’on vieillit… Tom Petty est mort, et je ne sais pas vous, mais j’ai pleuré.
C’est toujours un peu con et niais de pleurer la mort d’un artiste. Nous ne sommes que poussière et, finalement, la mort nous guette tous. Mais, comme ce fan de David Bowie laissé seul par la mort de l’artiste, on se sent toujours un peu orphelin lorsqu’un créateur disparait. Je suis un peu orphelin de Tom Petty.
Ce jour de 2007, peut-être en octobre, je traîne seul dans l’enceinte de mon lycée. Je suis comme dirait l’autre un solitaire. Les visages des élèves s’amusant dans la cour, de ceux s’inventant des histoires, de ceux racontant des histoires, de ceux qui se créent leur propre histoire… Je les observe près de la fenêtre de la salle de permanence, n’ayant pas forcement accès à leur(s) monde(s). La seule chose que j’ai en ma possession, c’est un vieux lecteur MP3 (ouch) rempli de musique. Il y a les Beatles, les Who, quelques tubes des Stones… mais très rapidement, les chansons de Tom Petty prennent toute la place.
Une voix, une guitare, un style
Quand je repense à Tom Petty, je revois ce vieux best-of sur lequel je l’ai découvert. Ces premières notes d‘American Girl qui m’ont souvent accompagné dans mes parties endiablées d’air guitar. Voilà du rock qui envoie du bois. Toutes ces chansons donnaient l’impression d’un vrai vent de fraîcheur, quelque chose de primitif et, en même temps de soigné, de léché. Les années 70 américaines s’offraient à moi, et c’était beau. Prenez par exemple cette chanson, Refugee. Sortie dans l’un de mes albums préférés, Damn the Torpedoes, elle a un groove et une mélodie uniques. C’est un peu comme une panthère.
Sur le trajet du retour, le jeune lycéen du Centre de la France que j’étais marchais avec l’impression de se retrouver en Amérique. Et ça c’était déjà génial. Cette voix m’impressionnait également : Tom Petty faisait partie de ces artistes qui avait une voix plutôt aiguë en plus d’un bon jeu de guitare. Un peu nasillarde parfois, encore une fois unique. Et puis, puisqu’on est aux aveux : les cheveux longs que j’arborais à l’époque, c’était aussi un peu à cause de Tom Petty. Comme les chemises et le look, très seventies, que j’avoue lui avoir un peu piqués.
Indépendance
A l’époque, j’ai découvert le chanteur originaire de Floride. J’ai écouté et usé ses albums. Et puis, il y a eu cette chanson que j’ai entendue la première fois sur RTL avec Georges Lang. Tom Petty en 2001 chantait les honneurs d’un DJ d’une radio américaine, à Jacksonville, qui ne pouvait pas jouer ce qu’il avait envie de jouer. Il a finalement déménagé à Mexico pour retrouver un semblant de liberté. Ce besoin de quitter sa ville pour faire de la radio, cette indignation contre le monde capitaliste (dans l’album du même nom, on retrouve Money Becomes king, une autre très belle chanson), j’ai capté cela au vol. Et Tom Petty a enfoncé le clou. Si j’aime et veux faire de la radio, c’est aussi grâce à lui.
On ne sait pas pourquoi un artiste vous marque forcement. Quelques jours avant sa mort, il a joué à l’Hollywood Bowl. Peut-être que cette information ne provoque pas chez vous de réaction, mais ce lieu reste pour moi l’endroit où les Beatles se sont produits dans un concert mythique enregistré. Tom Petty était aussi un des membres du supergroupe le plus impressionnant de l’histoire, les Traveling Willburys. Avec Bob Dylan, Roy Orbison, Jeff Lynne mais aussi George Harrison. Il lui avait d’ailleurs rendu hommage en chantant une de ses chansons lors d’un concert célébrant le guitariste des Beatles : I need you. Une chanson qui était aussi dans mon vieux lecteur MP3…
Quoiqu’il arrive, Tom Petty a bercé mon adolescence, l’adolescence d’un mec qui a grandi avec une musique qui n’était pas de son âge, mais qu’importe. Tom Petty était là, indémodable et irrésistible. En me levant ce matin, ce fut une grande peine qui m’a cueilli.
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