En octobre, reste sobre. De toute façon, ce n’est pas ce premier week-end du mois qui enjoint à faire des folies nocturnes ou à sortir de sous la couette en journée. Et puis avec tous ces disques que l’on a achetés et que l’on doit écouter ne serait-ce qu’une fois pour se donner bonne conscience et pouvoir se dire que l’on n’a pas craqué 30 euros pour rien dans un 33… Heureusement, « on » n’est pas toujours un con et peut même avoir bon goût parfois. Et là, vous vous demandez peut-être ce qu’on écoute ?
On commence avec Grizzly Bear et ses ruines peintes (Painted Ruins). Ruines de quoi, l’on ne sait pas. Toujours est-il qu’en cinq ans, il s’en est passé des choses dans la vie, dans leur vie. Painted Ruins est un album délicat mais assez sombre qui s’apprécie sur plusieurs écoutes, comme tous leurs autres albums. Le groupe cultive ici encore une approche assez structurée de l’instrumentation tout en proposant un album plus rythmé que ses prédécesseurs. Parfois le disque est un peu déroutant, d’autres fois il fait remonter d’authentiques émotions – souvent amenées par le travail sur les voix – qui jusqu’ici étaient latentes. Les textes, autrefois assez flous, sont devenus ici plus directs : on aborde sans fard l’anxiété et les conflits que l’on peut porter en soi. Un très bon album à écouter sans modération.
Le dernier Girls in Hawaii (Nocturne) s’ouvre sur une douceur très mélancolique qui, si l’on constate le chemin parcouru par le groupe depuis leur premier album, nous confirme que nous entrons bien sur leurs terres. Puis vient le reste des pistes, toujours, et de plus en plus oserais-je même dire, assez élaborées et soutenues par beaucoup d’éléments issus de l’électro (déjà Everest, sorti en 2013, en incorporait quelques touches), ce qui en change l’ossature de manière assez drastique. Le disque se démarque donc de ses ainés et s’appuie sur tout ce que le groupe a à disposition pour s’élever et dispenser sa richesse mélodique. Les premiers morceaux assurent cependant une transition en douceur, mais le résultat final pourrait ne pas plaire aux fans de la première heure qui aimaient se balader l’esprit léger le long des sentiers boisés.
Repérés en 2016 lors de la sortie de leur premier album (Do Hollywood), The Lemon Twins enfoncent le clou avec l’Ep Brothers of Destruction. Les six pistes qui le composent ayant été enregistrées dans la même période que Do Hollywood, nous retrouvons ici tout les ingrédients que leur premier opus nous avait fait découvrir avec un plaisir non simulé, quand bien même ces morceaux n’avaient pas été retenus pour la sortie de leur album. Le talent de la fratrie s’exprime au travers des six chansons, écrites soit par l’un, soit par l’autre, montrant une fois encore leur goût commun pour les 70’s et pour une certaine théâtralité. Pour autant, certaines pistes manquent un peu de ce qui aurait pu en faire de petits bijoux. Heureusement, Beautiful et Night Song forment à elles seules le point d’orgue attendu, lorgnant effrontément vers une période post-Beatles. Dans un tout autre style, Light and Love clôture l’Ep de belle façon. Un groupe à suivre !
Greg Pinaud-Plazanet