Décès/Grands Classiques

Gustavo Cerati, mort d’une légende du rock latinoaméricain

Le rock dans le monde hispanique nous intéresse peu en France. L’image du monde latino se borne à Shakira ou Juanes pour les plus pop, Manu Chao pour les plus engagés, ou encore Buena Vista Social Club et Compay Segundo pour les plus traditionnels. C’est pourquoi la mort jeudi 4 septembre de Gustavo Cerati, leader du groupe de rock Soda Stereo, est passée complètement inaperçue en France. Portrait d’un groupe majeur et d’un artiste adulé en Argentine.

Le 11 août dernier, Gustavo Cerati fêtait ses 55 ans. C’est facilement dit lorsqu’on sait que le chanteur et guitariste était dans le coma depuis un accident vasculaire cérébral survenu en 2010. Il venait de terminer un concert à Caracas (Venezuela) et devait s’envoler pour Madrid afin de promouvoir son nouveau disque d’alors, Fuerza Natural. Comment comprendre que des milliers de fans se soient rassemblés lors du transfert de sa dépouille jusqu’au cimetière de La Chacarita, à Buenos Aires ?

cerati

Le quotidien El pais a peut-être la réponse. Yumber Vera Rojas explique en effet que l’on vient de fêter les 30 ans du premier disque de Soda Stereo, le groupe de Cerati. Anniversaire hautement symbolique , car cet album  avait pu profiter de l’interdiction de passer dans les radios argentines de la musique en anglais pour offrir « un son moderne et sophistiqué, tout en le rendant accessible aux masses ».

Le groupe se forme, à l’été 82, alors que la guerre des Malouines fait rage en Argentine.

Gustavo Cerati a fait des études de publicité. Il joue dans de nombreux groupes de punk-rock et de blues. Sa première révélation, est la venue sur le territoire argentin (encore soumis à la dictature) du groupe The Police, en 1980. En 1982, il rencontre lors d’un voyage en Uruguay Héctor Bosio, puis plus tard Charly Alberti, fils du musicien jazz Tito Alberti, qui intégrera le groupe à la batterie. Soda Stereo était né.

Les idoles de Soda Stereo viennent du rock et de la new-wave anglophone. Federico Moura, chanteur du groupe argentin new-wave Virus, produira leur premier album éponyme. La chute de la dictature et le retour à la démocratie en Argentine favorisent leur expansion. Leur deuxième album s’appelle Nada Personal et sort en 1985. La chanson-titre de l’album est un bon exemple de l’univers du groupe.

Le succès en Amérique latine ne se dément pas. En Argentine, 22 000 personnes se réunissent dans un stade pour écouter le groupe présenter son nouvel album. Mais aussi dans d’autres pays voisins comme le Chili, le Pérou ou la Colombie, où le groupe tournera en 1986. Toujours créatif, le groupe sort son troisième album, Signos. Persiana Americana en est extrait.

Plus tard, le festival Viña del Mar leur donnera la consécration, et leur permettra de créer un album produit par Carlos Alomar, qui a travaillé avec David Bowie, John Lennon ou Simple Minds. L’album s’appellera Doble Vida. En la ciudad de la furia, extrait de cet album, raconte un Buenos Aires nocturne et sinistre. Ce titre a été écrit par Gustavo Cerati en 1988. Il est joué unplugged en 1996 lors des fameuses sessions organisées par MTV : le tempo est ralenti et jazzy.

En 1990, sortait l’album Cancion animal, qui fut un de leurs plus grands succès. Parmi ce disque, se trouve leur tube De musica ligera. C’est une chanson où le son se fait plus rock et plus énergique, avec peut-être moins de boites à rythmes et plus de profondeur. Hymne de stade, c’est avec cette chanson qu’ils clôtureront leur dernier concert avant 15 ans de séparation (à l’amiable) durant laquelle Cerati aura pu mener une carrière solo au son éléctro.

La présidente argentine Cristina Kirchner a décrété deux jours de deuil national après la mort de Ceruti. De nombreuses stars du rock argentin ont suivi le cortège funèbre pour saluer l’homme et l’artiste. Sa dépouille a été exposée au Parlement de la province de Buenos Aires. Un deuil national trop peu partagé en Europe, où seul l’Espagne avait reçu les disques de Soda Stereo.

Ceruti parti, l’aventure Soda Stereo appartient à l’histoire. Une histoire du rock argentin que le groupe a contribué à façonner, grâce à ses modèles britanniques, dans un contexte politique tendu. En 1997, Gustavo Cerati rend hommage à Sting en collaborant à l’album Outlandos de Americas, un tribute-album au groupe Police. Il reprend Bring on the night, traduit en espagnol. Signe que la musique n’a pas de frontière, et que le son n’a pas de mur.

Mickael Chailloux

2 réflexions sur “Gustavo Cerati, mort d’une légende du rock latinoaméricain

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