interview/Review

La Chiva Gantiva, les globe-trotters colombiens

Des globe-trotters qui parcourent inlassablement le monde. C’est la définition la plus acceptable pour La Chiva Gantiva. Ce groupe, dont nous avions déjà parlé, ne cesse de tourner dans le monde. Ils seront bientôt au Sziget festival, avant de préparer  leur troisième album. Rencontre avec le groupe.

Le Peuple du Rock : Quelles sont les origines du groupe ?

Rafael : Le groupe est né à Bruxelles, suite à la rencontre avec Felipe [le bassiste], Natalia, et moi-même. On faisait nos études, on a rencontré des amis, on a commencé à grandir. Le groupe a débuté en jouant dans des soirées, dans des bars, puis dans des festivals… Dès 2010-2011, on a pu sortir de la Belgique, voir d’autres pays, et là, on a pas arrêté de tourner !

PDR : Avant, vous étiez en Colombie, c’est ça ?

Rafael : Oui, on a étudié en Colombie, on est arrivé lorsqu’on avait 22-23 ans en Belgique. Là, on a continué nos études : Felipe, la guitare classique à Mons, Natalia et moi l’art plastique. On faisait nos études. On habitait tous ensemble dans une maison, et on jouait ensemble de la musique dans la cave.

Felipe : Au tout début on faisait du folklore. Mais, à un moment, on a commencé à créer nos propres chansons, spontanément. On amenait tous notre touche, parfois moi, parfois Rafa. Tout a été très clair pour nous : il fallait faire notre propre musique et arrêter de faire des reprises. Depuis ce moment-là, on ne joue plus aucune cover en live.

PDR : Une des particularités de votre musique, c’est que vous arrivez à mélanger plein de style (cumbia-rock-punk…). C’est voulu ?

Natalia : En fait, c’est naturel, c’est pas nécessairement voulu. On a grandi avec le folklore mais aussi avec le rock, le funk, le rap, le reggae. A la base, on est « mélangé » : on vient de Colombie mais il y a beaucoup de rythmes que l’on joue sur la côte pacifique, dans les Caraïbes, à la montagne tout en aimant Nirvana, Pink Floyd, Led Zeppelin…etc…

PDR : Qu’est-ce que vous avez écouté, ou vous écoutez toujours comme musique ?

Rafael : Chacun a ses propres goûts. Pour ma part, j’écoute Get the Blessing. Ce sont les musiciens de Portishead qui ont fait un groupe un peu jazz-rock-funk. J’écoute beaucoup de musiciens de Daptone Records, du métal encore, du rock. Ces derniers temps, on écoute pas mal de blues et de soul, comme Nina Simone… On revient un peu aux sources. Et puis, on écoute de la musique colombienne comme par exemple Velandia y la Tigra, La Mamba Negra, Meridian Brothers

PDR : Au Peuple du Rock, on vous avait vu  lors de Jazz à Vienne 2014. Ce qui nous avait frappé, c’est l’énergie que vous dégagiez sur scène…

Felipe : Quand tu vas à un concert, tu ne vas pas seulement écouter le concert, tu vas voir le concert. On a toujours été très attentif à cela. Les gens viennent aussi te voir. Le visuel est quelque chose de très important pour moi. On est conscient de cela et on y travaille, dans le but de faire un spectacle entier, une sorte « d’opéra ». Notre musique est comme cela. S’il y a un passage rock, alors on a envie de danser… On veut exprimer ce qu’est notre musique.

Rafael : Quand tu rentres en studio et quand tu es en live, les deux choses sont très différentes. C’est à la limite deux métiers, qui sont liés. Nous on essaye d’aller le plus loin possible dans les deux…

PDR : Votre premier album s’appelle Pelao. C’est aussi le nom d’une chanson que vous jouez souvent sur scène. Qu’est-ce que diable cela veut-il dire ?

Rafael : Pelao, c’est ce que l’on dit parfois aux gamins en Colombie. Pelao, ça veut aussi dire que tu n’as pas d’argent. Donc, cette chanson parle d’un immigrant qui va dans un pays d’Occident, et il a l’illusion de se dire qu’en allant là-bas, tout ira mieux. Mais parfois, la vie n’est pas comme ça. C’est un peu ce rêve américain qu’ont beaucoup de gens en Amérique Latine et dans le Tiers-monde (même si je n’aime pas beaucoup cette expression) que l’on a voulu transmettre dans cette chanson.

PDR : On parle un peu de vos projets. C’est quoi le futur de La Chiva Gantiva ?

Rafael : Le futur on sait pas mais en tout cas, on a envie de faire un nouvel album. On travaille fort pour cela. On continue les concerts : on part en Allemagne, en Hongrie [au Sziget Festival], en Lituanie, on finit cet été pour repartir au Mexique et aux Etats-Unis en septembre-octobre.

A partir de là, on va commencer à enregistrer et espérons qu’au début de l’année prochaine, on aura un album et un vidéo-clip à montrer. Dans notre groupe on a deux artistes plastiques, on aime bien s’amuser, donc les vidéo-clip, c’est important, oui !

PDR : A Fourvière, le 28 juillet, vous avez joué en première partie de deux groupes, La-33 et Toto la Momposina. Qu’est-ce que cela vous a provoqué  ?

Felipe : De l’excitation. De la joie…[rires]

Natalia : Par exemple, Toto la Momposina, c’est une des diva de la chanson folklorique de la Colombie. Ça me fait vraiment plaisir et je suis honorée de jouer juste avant elle. C’est une des références du folklore.

Rafael : Dès le début, on a été très influencé par Toto la Momposina. Quand on a commencé, on ne faisait que des covers, et il y en avait beaucoup de Toto. Donc, c’est un peu comme jouer avec sa maman… puis avec les potes de La-33. Après, on va aller faire la fête à Lyon, on va voir les endroits les plus adéquats pour cela !

PDR : Pour finir, que vous reste-t-il de vos racines colombiennes ? Une rythmique ? Des paroles sociales ?

Felipe : Il nous reste pour moi une racine rythmique, et aussi l’esprit de partage sur scène, de ramener les gens dans le spectacle.

Rafael : J’aime bien en ce qui concerne les paroles de parler des choses sociales et qui nous arrivent. On écrit ce qu’on vit, ce qu’on ressent. Je travaille les textes souvent avec des personnes très proches.

On y était donc à ce concert du 28 juillet à Fourvière. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils tiennent leur promesse : malgré un set réduit (30 minutes), ils ont su faire bouger la nuit colombienne. Un set bien léché : Rafael bouge énormément, comme à son habitude. Pelao, Apretao, El valor tiene mareo… Les chansons s’enchaînent et on est presque déçu. Car le temps passe trop vite. On a hâte de les voir à nouveau (en France peut-être ?) pour un set plus grand.

Le reste de la nuit fut inégal : il y eut d’abord le set de Toto La Momposina. Un long moment avec la « diva » colombienne qui reste cependant mitigé. On aime l’aspect folklorique de ses chansons, la cumbia et l’aspect traditionnel de ses chansons comme El pescador. D’un autre côté, on regrette un set un peu redondant et qui traîne un peu en longueur.

Quand à La-33, ils ont bien su assurer la fin de la soirée, malgré une audience qui disparaissait au fur et à mesure que le temps s’écoule. Leur salsa colombienne a ravi nos oreilles et a mis un peu de fête et d’ambiance dans l’amphithéâtre. Leur reprise du thème de la Panthère Rose, ou encore La Reina del Swing font partie de ces chansons qui nous ont fait bouger. Un beau concert qui s’achève, et qui donne envie de voyager jusqu’à Medellin ou Bogota.

Mickael Chailloux

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