Grands Classiques

Rock Cult : Appetite for destruction des Gun’s N’Roses

Dans Rock Cult, le principe est de présenter des albums jalons, indispensables, de la culture rock. On a parlé de la pop-punk californienne de Green Day, du stoner lourd et rythmé des Queens of The Stone Age, et on  continue de revenir en arrière : place aux miaulements du chanteur, aux  solos de guitare endiablés tendance fin des années 80, parce que maintenant, on laisse le micro à Guns N’Roses!

Guns_N'_Roses-logo

Des flingues et des roses…. Hell Yeah !!

Guns N’Roses (ou GNR) est un groupe américain formé en 1985, à Los Angeles, par la fusion de 2 groupes locaux : les L.A. Guns -avec Tracii Guns, et les oubliés Ole Beich et Rob Gardner– et les Hollywood RoseIzzy Stradlin et Axl Rose-. Très vite , et pour différentes raisons, les membres de L.A. Guns seront évincés, et remplacés. Quand GNR signe en 1986 chez Geffen Records, la composition du groupe est la suivante :

Axl Rose au chant (anagramme de … oral sex, parce qu’on peut porter des santiags et rester un grand romantique), Izzy Stradlin à la guitare rythmique, Duff McKagan à la basse, Steven Adler à la batterie et Saul « Slash » Hudson à la guitare solo. On peut craindre le pire pour ces cinq là, entre les passifs liés à des violences, à des états d’ivresse publique et à la consommation élevée de drogues (le cher bassiste McKagan a plus de 100 incriminations pour voitures volées quand même!).

De gauche à droite : Stradlin, Axl Rose, McKagan, Slash et Adler / DR

De gauche à droite : Stradlin, Axl Rose, McKagan, Slash et Adler / DR

L’écriture de Appetite for Destruction commença en janvier 1985. Après quelques semaines de compositions et de répétitions, le groupe entra dans les studios californiens en mars pour commencer les enregistrements. A noter que Guns N’Roses est un des rares groupes à enregistrer ses chansons en « live », pas  « piste par piste ».

La différence entre les deux méthodes est assez énorme, car la méthode « piste par piste » offre une position confortable aux musiciens de pouvoir retravailler encore et encore certaines parties mineures à l’intérieur d’une chanson, changer un son sur un ampli ou une guitare sans ensuite forcer tout le groupe à réenregistrer toutes les voix après modification. Mais selon les dires d‘Axl Rose, GNR ne sonnait pas GNR quand tout le groupe n’enregistrait pas en même temps!

Perfectionniste, Slash passa des nuits entières avec l’ingénieur du studio pour retoucher ses parties guitares.

Après ce passage en studio marqué par les dégâts dûs à la drogue de plus en plus visibles chez Adler, le groupe rencontra un nouvel obstacle : le label Geffen ne réussissait pas à trouver des distributeurs pour le disque. La raison? La pochette de l’album, jugée trop controversée.

L’artwork original, conçu par le peintre Robert Williams, ne faisait pas particulièrement dans la dentelle. On peut même dire qu’il était carrément hardcore : le tableau représente un abominable monstre vengeur fonçant sur un robot violeur, dont la victime gît contre une barrière à quelques centimètres de son bourreau.

Après négociations, le groupe concéda de changer la pochette tout en conservant le nom du tableau original. La nouvelle pochette, plus sobre, est une croix sur laquelle figurent les têtes squelettiques des cinq membres du groupe, designée par un ancien tatoueur d’Axl Rose.

Sans titre

A gauche : la pochette originale d’Appetite for Destruction, par Robert Williams. A droite : La pochette de l’album à sa sortie, avec Izzy Stradlin (crâne du haut), Steven Adler (crâne de gauche), Duff McKagan (crâne de droite), Axl Rose (crâne central) et Slash (crâne du bas).

Appetite for Destruction sortit aux USA en plein milieu de l’été, le 21 juillet 1987. Le succès ne fut pas immédiat pour autant, et pendant de nombreux mois, le groupe tourna (notamment en première partie d‘Aerosmith).  Un an plus tard, le producteur David Geffen réussit à convaincre personnellement MTV de diffuser le clip de Welcome To The Jungle, aux heures de faible audience. La vidéo, diffusée aux alentours de 4 heures du matin, retiendra instantanément l’attention de milliers de spectateurs, et la chaîne reçu en masse des demandes de rediffusion. Le prochain single à sortir fut Sweet Child O Mine, suivi par Paradise City et Night Train. A ce jour, Appetite for Destruction a été vendu à plus de 30 millions d’exemplaires à travers le monde, ce qui fait de lui l’un des albums rock les plus vendus de tous le temps, et le meilleur « premier album » en termes de ventes.

Guns N’Roses frappa un grand coup avec Appetite. Les douze chansons du disque appartiennent vraiment à un univers particulier, un  grand mix foutraque d’énergie, de rage punk, de riffs presque heavymetal à profusion, des miaulements inimitables d’Axl Rose…

Welcome to the Jungle est une des meilleures introductions imaginables pour un disque de rock. Avec la descente de guitare sur le fil du rasoir, le gain de puissance de la basse et la mesure affiché de Adler sur ses cymbales, accompagnés par les paroles acides qui évoquent ce qu’un petit bouseux, délinquant de l’Indiana comme Axl Rose a pu ressentir en débarquant à Los Angeles pour la première fois. Le solo qui se termine sur les bruits de bombes imités par la guitare de Slash est aussi extraordinaire.

On parle beaucoup de « Sex Drugs and Rock N’Roll » dans ce disque. Axl Rose a aussi quelques problèmes avec la gent féminine, qu’il règle avec… plus ou moins d’amour dans ses textes.

Si certaines des chansons peuvent être très mélancoliques (Think About You) et tendres (Sweet Child O’ Mine, mais on y reviendra), d’autres en revanche sont un peu plus violentes, comme la très énervée You’re crazy, la presque-pas-machiste Anything Goes et It’s so easy, tout premier single de l’album, complètement oublié après la déferlante de Welcome to the Jungle.

L’album est blindé de riffs cultes. Outre les reconnaissables instantanés (Welcome, Sweet Child, Paradise City, Night Train), les powerchords étouffés de Mr. Brownstone font merveilles avec la batterie mode tribale de l’introduction (Mr. Brownstone parle des problèmes de drogue, particulièrement ceux liés à l’héroïne, au sein du groupe), les arpèges en son clair de My Michelle apportent un changement de rythme bien sympatique, et le riff qui déchire sa race de Anything goes montre qu’on est bien loin d’une musique expérimentale intello à la Pink Floyd. Les GNR montrent que le calme n’a pas vraiment sa place dans leur musique.

Appetite for Destruction est surtout connu pour les tubes hard rock qu’il a délivré alors que les radios agonisaient encore dans le disco. Si Night Train (qui raconte la vie de rocker à travers l’alcool), est un des singles plus connu des aficionados du groupe que du grand public, le trio des tubes revient à Welcome to The Jungle bien sur, mais aussi à Paradise City et surtout à Sweet Child O’ Mine.

Paradise City est le genre de chanson dont on n’arrive jamais à se souvenir complètement, parce que la structure est trop bordélique et que le refrain écrase tout sur son passage et s’incruste dans un coin du cerveau d’où on ne peut absolument pas le sortir. A noter que les paroles auraient du être bien différentes si elles avaient été écrites par Slash, qui voulait les remplacer par « Take me down to the Paradise City, where the girls are fat and they have big titties » (emmène moi à la Cité du Paradis, où les filles sont grosses et ont de gros seins).

Ce titre possède un riff de couplet très groovy, et un des solos les plus barrés et délirants de Slash, qui soutient d’ailleurs mordicus que Paradise City est depuis toujours son titre préféré à rejouer en concert, et dont il a réenregistré une super version en collaboration avec Fergie (Ex-Black Eyed Peas) et Cypress Hill !

Sweet Child O’ Mine, enfin, est probablement une des plus grandes chansons de l’Histoire du Rock (avec un grand R). Axl Rose y signe un de ses plus beaux textes, très doux, mélancolique et plein d’amour. La basse de McKagan est parfaite, avec une mention spéciale pour son introduction mélodique et son accompagnement parfait tout au long de la chanson. Ce qui rend ce titre si parfait est l’alchimie évidente qu’on sent tout au long de l’évolution de la chanson. En effet, la première partie de la chanson (introduction, couplet, refrain, pont mélodique à la guitare, couplet, deux refrains) est plutôt joyeuse, tant au niveau des paroles que de la musique, composée sur une gamme en ré majeur (donc avec un son assez chaud et sans dissonances). La seconde partie quand à elle (solo, reprise du chant et fin de la chanson), est bien plus sombre et triste. Elle est écrite sur une gamme en mi mineur (plus chargée et moins légère), et les paroles de fin répétées en boucle « Where do we go ? Where do we go now ? » renforcent cette sensation d’incertitude et de perte de contrôle. Slash, encore une fois, démontre l’étendue de sa palette technique et prouve que la sobriété dans le jeu peut aussi faire de vraies merveilles.

L’album se termine sur l’OVNI Rocket Queen, chanson hors des standards de durée traditionnels (plus de 6 minutes), et son pont psychédélique de milieu de chanson sur fond d’orgasme féminin. La deuxième partie laisse la part belle aux cordes vocales du chanteur, et a servi d’inspiration a des dizaines de groupes pop punk qui émergèrent une dizaine d’après (Blink 182 pour ne citer qu’eux).

Grâce à cet Appetite, Guns N’Roses furent les rois du monde pendant trois ans, enchaînant les concerts et les tournées à rallonge dans des stades plein à craquer de chevelus en sueur. Jusqu’à la sortie d’un autre disque qui fera très probablement sujet pour un article : Nevermind, de Nirvana.

Ce que Guns révolutionna dans le monde du rock, c’est que le groupe rappela qu’on pouvait remettre la guitare électrique sur le devant de la scène sans en faire des tonnes, comme plein de groupes de hard-glam-metal s’obstinaient à le faire depuis le début des années 80. Avec une présence scénique assez extraordinaire et une voix si particulière, et aidé par ses frasques sur et en dehors de la scène, Axl Rose s’imposa comme un vrai frontman, à mi-chemin entre les pétages de plombs punk et le charisme de Freddie Mercury, à qui il rendit hommage en chantant Bohemian Rhapsody en compagnie d’Elton John, lors du concert à la mémoire de l’ex-leader de Queen.

Après la séparation progressive du groupe au début des années 90, Steven Adler, qui avait été viré du groupe rapidement à cause de ses addictions, ne réussit jamais à retrouver une carrière digne de celle de ses anciens compagnons, et Izzy Stradlin se cantonna à des petits succès underground, Duff McKagan s’en sortit plus qu’honorablement, surtout aux cotés de Slash au sein des Slash’s Snakepit et du supergroupe Velvet Revlover. Il mène actuellement une carrière solo à l’instar du guitariste superstar, qui a sorti 3 disques en solo, accompagné de grands noms du rock et tourne régulièrement.

En guise de mot de la fin, je vais vous laisser avec une des petites légendes urbaines qui donnent tout son sel à une chanson. La phrase « You know where you are ? You’re in the jungle baby !, You’re gonna die ! » dans Welcome to the Jungle aurait été lancée à Axl Rose et à Izzy Stradlin par un vieux chauffeur de taxi lorsqu’il les débarqua à Los Angeles. Appetite for Destruction les aura couronné rois de la jungle.

Baptiste Chausson

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