Si on se penche sur la vie et sur l’œuvre des artistes américains que l’on considère comme Americana ou Country, personne n’a autant de facettes que Ryan Adams. Souvent peu connu en Europe, l’artiste est pourtant multiple et durant sa vie artistique a menés de nombreux projets prenant des directions différentes, devenant d’une part le fondateur d’une des formations les plus connues d’alternative country, leader d’un groupe de rock, et devenant l’égal de musiciens country et folksingers comme Townes Van Zandt, arrivant même à se placer au même niveau que Bruce Springsteen et Neil Young.
Ryan Adams est né le 5 novembre 1974 à Jacksonville, en Caroline du Nord. Ses premières découvertes artistiques sont Edgar Allan Poe, et plus tard, Jack Kerouac, et ce, malgré le fait qu’il quitte l’école à 16 ans. Un des points cardinaux de Ryan Adams, c’est bien entendu l’écriture. C’est avant tout un songwriter. Ryan Adams a eu le temps de se consacrer à son passe temps favori, l’écriture. Au-delà de ses chansons, il a publié deux livres en 2009, Infinity Blues et Hello Sunshine. La rumeur dit même qu’il écrirait un nouveau livre pour 2012, intitulé Phoenix. Ryan a cependant confié que ce titre n’est qu’un titre pour « garder une place auprès de l’éditeur ». Le véritable titre du livre reste donc à confirmer. Mais la réalité est là : Ryan Adams est un storyteller, quelqu’un qui aime raconter des histoires, à l’image des chanteurs country qu’il admire.
Whiskeytown est un grand point cardinal de sa carrière. En effet, encore aujourd’hui considéré comme le pilier majeur du country-rock des années 90, le groupe a repris haut et fort l’héritage laissé par Gram Parsons, l’ancien leader du Flying Burrito Brothers, mort seulement 1 an avant la naissance de Ryan. Avec l’aide de ses compagnons Caitlin Cary, le chanteur, Phil Wandscher le guitariste, entre autres, ils enregistrent leur premier album Faithless Street au début de l’année 1996. Cet album est tout simplement un bijou, et probablement le meilleur album de Whiskeytown, alliant tout l’art des Flying Burrito Brothers à la voix douce et aux arpèges de Ryan Adams. D’ailleurs, leur prestation au festival South by Southwest a Austin la même année ainsi que les bonnes critiques du magazine No Depression encouragent le label Geffen Records à leur donner une meilleure visibilité et plus de moyens pour leur deuxième album.
Il s’appellera Strangers Almanac. Il sera construit après quelques changements dans le line-up officiel du groupe et sera enregistré aux Woodland Studios à Nashville en 1997. Après une tournée épuisante et des aléas dans la vie même de Ryan Adams (dépression, addiction à des substances illicites et alcool, dépendances récurrentes dans sa vie jusqu’en 2006), le groupe enregistre un troisième album, Pneumonia, qui ne paraitra qu’en 2001 à cause de batailles de labels, soit 2 ans après la fin de l’aventure Whiskeytown.
En solo, Ryan Adams fait paraitre vers l’an 2000 l’album Heartbreaker. C’est l’un des premiers albums à être produit par Ethan Johns, le fils du producteur Glyn Johns, qui avait produit de nombreux albums pour Bob Dylan ou The Band. Et il est souvent considéré comme le meilleur de Ryan Adams. Dans cet album, on retrouve un duo avec la chanteuse country Emmylou Harris. Il a aussi collaboré avec d’autres grands noms: Gillian Welch, David Rawlings (venant de la scène bluegrass, une des grandes influences d’Adams) et Pat Sansone (Wilco) pour les plus connues.
Gold, son deuxième album solo qui devait être à l’origine un double album marque un léger tournant dans le son Ryan Adams. Plus rock, moins folk-country, avec de nombreuses sonorités gospels, l’album reste quand même un des classiques d’Adams, se vendant à plus de 350 000 exemplaires aux Etats Unis. L’album est porté par le premier single, New York New York. La chanson résonne fort aux Etats Unis, car l’album sort le 25 septembre 2001. De plus, le vidéo-clip pour la chanson est tourné le 7 septembre 2001, alors que les tours du World Trade Center sont encore présentes à l’arrière plan. C’est en conséquence un clip symbolique, dédié aux victimes et sauveteurs du 11 septembre, un événement dont on sait qu’il a tourmenté de nombreux artistes. Ryan Adams recevra, pour cet album et pour ce single, deux nominations aux Grammy Awards 2002.
C’est dans l’album Love Is Hell en 2004 que l’on retrouve la magnifique reprise de Wonderwall, le tube d’Oasis, qui prend alors un tout autre sens. Il décrit cet album comme un nouveau Heartbreaker, plus complexe cependant. On peut aussi le voir comme une fin partielle de l’aventure de Ryan Adams solo, dans le sens ou cet album est un des derniers albums avant l’aventure de The Cardinals.
The Cardinals sont une autre facette de Ryan Adams. Fondé officiellement en 2005, le groupe rock sortira de nombreux disques. Dans Jacksonville City Nights, il rend hommage à sa ville natale et chante en duo avec Norah Jones dans la chanson intitulée Dear John. Lui et son groupe auront même le temps de produire un album pour Willie Nelson (« Songbird »), où ils assureront les parties musicales. Dans ce groupe, la personnalité intéressante est Neal Casal. L’alliance de ces deux artistes provoque un son intéressant à défaut d’être exceptionnel. Le groupe laisse une impression de bon groupe rock, et d’un groupe qui fait essentiellement de grandes tournées harassantes notamment pour Adams. En 2009, Ryan Adams quitte The Cardinals.
Ryan Adams n’est pas non plus fermé aux autres styles sur lesquels on ne l’imaginerait pas. Comme Neil Young. Il a publié un album de rock en 2003 appelé Rock’n’Roll, un album pour lequel Ryan Adams s’entoure de Billy Joe Armstrong de Green Day et de Melissa Auf Der Maur, ancienne bassiste de Hole et des Smashing Pumkins. Comme il le dit, cet album « est la plus rock des choses que j’ai faite », et se permettant de rajouter que l’album fut marrant à réaliser. Ceci semble être son état d’esprit alors. Si vous n’êtes pas convaincu, l’écoute du single de cet album, So Alive, pourra aisément vous convaincre du virage à 180° pris par Ryan à l’aube de l’année 2004.
Ses premières expériences musicales, en tant que guitariste, avaient été dans des groupes de punk rock comme Blank Label ou surtout Patty Duke Syndrome. Il confie aussi écouter beaucoup, « pour le plaisir », de heavy metal et de hard rock, et son premier groupe préféré était The Smiths. Il avait d’ailleurs publié un album classé comme Heavy Metal appelé Orion sur son label PAX AM. Il lui est arrivé de collaborer avec le monde du hip hop, et avec notamment le groupe de reggae Toots & the Maytals.
C’est aussi ça Ryan Adams, un artiste qui collabore avec de nombreux artistes sans frontières comme Jesse Malin, Beth Orton, The Wallflowers (dont le chanteur est Jakob Dylan, le fils de Bob), America, The Counting Crows, The Cowboy Junkies. Il se paye même le luxe de chanter en duo avec Elton John lors d’une émission connue aux Etats Unis, CMT Crossroads. Le but de cette émission : faire chanter ensemble deux artistes différents.
Enfin, Ryan Adams vient de sortir un nouvel album, Ashes & Fire, consacrant son retour à une musique plus traditionnellement dans son style. Lorsqu’on dit « traditionnel », on veut en fait dire « acoustique », une sorte de musique qui est née sur le territoire américain, et c’est en ce sens qu’on appelle cela « country ». Dans cet album, on trouve des participations de musiciens comme Benmont Tench, le claviériste des Heartbreakers de Tom Petty, ainsi que Norah Jones dans les backin vocals des chansons Kindness, Save Me ou encore Come Home. L’atmosphère de ce nouveau disque est planante, et permet aussi de saisir dans le fond la musique de Ryan Adams. L’album a été écrit, précisons-le, dans une période ou la grand-mère de Ryan était en train de mourir. Mélancolie, c’est le maître mot de cet album chaleureux, où la vie devient leçon : tel le phœnix qui renait de ses cendres (Ashes & Fire), Ryan Adams revient à son terrain, celui de l’écriture d’une musique acoustique avec des paroles pêchues.
« Le meilleur compliment qu’on puisse me faire, c’est qu’il n’y a pas deux personnes qui s’accorde pour dire quelle musique je fais ». Ou encore « Je suis Ryan Adams [Comprenez, je ne me rattache à aucune chapelle] ». Peut être qu’au final, Ryan Adams est un artiste country essentiel, complet et cohérent à travers lui-même, passant sa vie à écrire des histoires et à les mettre en musique d’une manière incomparable. Pour autant, il reste Ryan Adams, et il a raison quand il dit qu’il est difficile de le classer sans tomber dans la caricature. Il a su créer sa musique, un son unique. En ce sens, il est un de nos multiples génies artistiques.
Si vous avez envie de l’écouter autrement qu’en achetant ses disques, vous pourrez l’applaudir sur la scène de la Cigale, à Paris, le vendredi 4 mai, pour le prix honorable de 27,50 euros. Assurément un spectacle à ne pas rater si vous habitez la capitale. Un bon moment à passer après avoir découvert sa discographie impressionnante composée déjà de 12 albums. Ryan Adams est un artiste de 37 ans qui gagne a être connu en France, plus qu’il ne l’est déjà.
By Mickael Chailloux
Pingback: Nashville Skyline du 28 avril « Music Vibrations
Pingback: Neil Young, un cheval fou à travers l’Amérique « " It's A Good Day To Rock "
Pingback: Ryan Adams, rock’n’roll attitude | Le Peuple Du Rock Webzine
Pingback: Quand Ryan Adams rencontre…Taylor Swift | Le Peuple Du Rock Webzine