Edito de la semaine

L’Edito de la semaine

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Alors qu’Orange tombera fatalement aux mains d’une extrême droite française dépourvue d’idées et de censeurs de culture, à l’autre bout du monde les guérillero rouges n’auront pas leur accord de paix au pays de la blanche neige. Et quand on parle de cette neige-là, je ne peux m’empêcher de penser à Kim Deal, ex bassiste des Pixies, leader de The Breeders et de The Amps. Toujours est-il qu’en 2005, les Pixies se reforment grâce à elle, pour une ou deux tournées, jurant que non, ils ne toucheraient plus à l’alcool et aux substances illicites. On connait la suite : The Pixies décida de continuer l’aventure sans l’un des fondateurs du groupe. Cette année, et après un retour en demi teinte avec Indie Cindy, The Pixies sortent Head Carrier, et au risque d’aller à l’encontre de certains critiques, ce n’est toujours pas l’album du retour.

Un peu de ci, un peu de ça

Aux premières notes de Head Carrier, on pense immédiatement aux Pixies des années 80-90, on semble revisiter le son d’albums comme Doolittle ou encore Surfer Rosa. Ce nouvel Lp pourrait sonner comme une belle petite collection de chansons indie, faisant echo aux expérimentations et aux riffs énergiques qui caractérisaient le groupe original. Mais il manque encore quelque chose. Même si la première piste, Head Carrier me renvoie directement au son surf-pop cher à Frank Black, la ligne de chant et quelques sonorités me font plutôt penser à Manuel Agnelli de Afterhours, ce qui m’a un peu dérouté, ou tout au moins surpris. Baal’s Back continue sur le mode surprise en affichant un Frank Black façon Bon Scott d’AC/DC sur un morceau qui aurait, musicalement parlant, pu être un classique des Pixies. Dommage, on s’y perd un peu, même si le morceau possède de réelles qualités.

Un auto plagiat ?

Might As Well Be Gone rappelle à tout point de vue leur classique Here Comes Your Man au niveau de la dynamique des guitares, tout en étant bien moins ingénieux. Oona sonne bien et devrait rester éventuellement un peu en tête mais Talent, le morceau suivant manque cruellement d’imagination à mon sens. Il n’est pas mauvais, loin de là, il y a de bonnes choses dedans… Il ne sort juste pas du lot dans les productions d’aujourd’hui tellement il transpire la facilité sur certains côtés.

Et comment ne pas penser à Where is My Mind lorsque l’on écoute la ligne de guitare du titre All I Think About Now ? Le morceau sonne comme un mauvais auto plagiat, ne réussissant pas à se hisser au rang de son aîné.  Le texte de Frank Black s’adresse directement à Kim Deal. Les raisons que celle-ci avait de quitter les Pixies restent ici inconnues et n’intéressent probablement plus personne aujourd’hui, mais Frank Black semble tendre une main, tout en imaginant qu’il n’y aura pas de réponse: « Je me souviens que nous étions heureux / Voilà ce que je pense maintenant / Si tu as un doute / Je tiens à te remercier de toute façon »… Ouais, bon…

Um Chagga Lagga a un petit coté Pixies qui auraient fauté avec The Oh Sees. On accueille plutôt bien la voix de Paz Lenchantin (bassiste), même si celle-ci ne sort pas de l’ordinaire, les morceaux en sont plus aérés. Sur nombre de morceaux d’ailleurs, je ne retrouve pas la voix de Frank Black telle que je la connaissais, même sur ses albums solo. Elle a ici beaucoup changé même si quelques intonations restent, et en blind test, j’aurais pu me dire : « Marrant, ça pourrait ressembler aux Pixies mais… » Niveau textes, on est très loin des textes farfelus que le groupe nous balançait il y a de cela plus de vingt ans. Finis les aliens et autres bizarreries Blackienne genre folie douce et univers parallèles, on aspire ici à une plus grande simplicité, même si la plupart des chansons semblent assez ouvertes à l’interprétation, cela reste limité. Pour aimer l’album, je pense qu’il vous faut laisser définitivement de côté les attentes que vous pourriez avoir. Non, vous ne retrouverez jamais les Pixies du temps des années 90, mais vous trouverez sûrement quelques morceaux bien catchy comme Tenement Song ou Classic Masher, une fois passée son intro bien trop molle à mon goût.

En bref

Ce second album est certainement ce qu’ils ont fait de mieux depuis leur reformation, mais j’ai du mal à retrouver ce qui me faisait écouter les Pixies durant des heures sur le mode repeat. Il y a pourtant un bon travail sur les guitares (Black et Joey Santiago sont ici à l’honneur) et une vraie mise en valeur de la section rythmique basse-batterie et l’on se plait à penser que le cocktail pourrait prendre si l’on remuait encore le shaker quelques minutes. Mais si quelques morceaux entretiennent le suspens, les deux dernières pistes ne laissent pas le moindre doute : Frank Black et son équipe semblent tourner en rond en essayant de retrouver les ingrédients qui ont fait leur succès, sans y arriver franchement.

Greg Pinaud-Plazanet

 

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