Edito de la semaine

L’Edito du lundi

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Alors que je vois encore passer à l’instant le petit lapin blanc d’Alice, sans même avoir pris une once de drogue, je peux vous affirmer que je suis à la bourre. Comme disait William Sheller au début des années 90 : « Je cours à côté d’un train, tout seul ». Bon, n’allez pas imaginer un instant qu’en 1993, j’écoutais ce bon vieux William, non, mais parfois une réflexion vous vient et PAN ! Y a une foutue chanson entendue sur une radio de l’époque qui revient vous emmerder la tête, juste pour son analogie. Attention, rien à voir avec la science du trou de balle ici, il n’y a qu’un seul n… Bref, je cours, vous courrez, nous courrons, certains en sortant des cours, d’autres sur des courts différents. Remarquez que pour ceux du tennis, les deux orthographes sont exactes mais expriment deux choses différentes. Ah! la richesse de la langue française.. .Enfin bon, je ne vous resservirai pas la même introduction que la semaine passée, j’ai juste laissé l’une de mes pensées s’envoler telle une vague étincelle, pour mettre le feu au verbe, alors qu’une vague, vous en conviendrez, saurait plutôt l’éteindre. Mais là encore je chipote.

En parlant d’éteindre, si j’avais été devant ma télé, que je n’ai pas pour une question de choix idéologique (ou tout simplement logique d’ailleurs), je l’aurai sans doute fracassé ce vendredi 12 février suite au palmarès des Victoires de la Musique… Ce n’est une victoire pour personne, même si quelques noms méritaient d’y être tout en n’en ayant pas besoin, mais ça fait toujours plaisir d’être reconnu pour son boulot. Oui enfin cela dépend par qui… Est-ce que ceux qui ont élu Christine & The Queens pour ses concerts et sa vidéo, sont les mêmes qui ont élu Maître Gims comme meilleure chanson originale ? Cela fait peur. Que l’on ne soit pas verrouillé sur un seul genre, soit, je ne lui suis pas moi-même dans la vraie vie, mais élire de la merde à côté de Christine et sa clique… Même si je n’aime pas, personnellement, j’ai du mal à comprendre. De même qu’un gars comme Vianney en tant qu’artiste masculin de l’année… Bref ce ne sont pas les seuls qui me choquent lorsque je regarde la richesse du paysage musical français actuel. Enfin… si je pensais encore que les Victoire de la Musique pouvaient être sauvées un jour (oui je sais, j’ai une nature optimiste), là, c’est définitivement mort et ne veut plus rien dire. Est-ce cela que l’on veut montrer en vitrine au monde ? Autant primer les séries Z à Cannes cette année et on aura foutu la cerise sur le gâteau !

Heureusement, pendant ce temps, à Vera Cruz (au fond à droite sur une carte…), il y a des gens comme The Inspector Cluzo. Indépendant dans l’âme, le groupe tourne à fond la caisse dans plusieurs pays (plus de 600 concerts à travers 44 pays), et présente, en plus, un concept des plus originaux. Ils sont deux et pêtent le rock comme les foies gras (et les gésiers aussi pour ceux qui ont d’autres préférences). Ce n’est pas peu dire puisque les deux gaillards ont une ferme de production de produits du terroir. Côté musique, Inspector Cluzo s’occupe aussi de tout. De l’enregistrement à l’édition. Les deux Landais ayant créé leur propre label, s’auto-managent. Rockfarmers, leur  cinquième galette, est double (comme les galettes bretonnes) et aligne quinze morceaux. Avec cet album, Inspector Cluzo sort de sa caverne et s’ouvre vers le reste du monde en visitant les racines de différents styles de rock que l’on connaît aujourd’hui. Je ne mettrai pas d’étiquettes car ce serait réducteur, sachez seulement que le groupe cultive toujours son propre champs, quand bien même les graines viendraient d’ailleurs (sans passer par Monsanto). Inspector Cluzo, plus qu’un groupe : un concept. Le drapeau noir flotte sur la marmite !

Voyez qu’en France on a autre chose à présenter au monde tout de même… Mais nous ne sommes pas les seuls, fort heureusement le monde est riche, très riche, (fait aussi dans l’immobilier), fait des affaires avec ceux qui peuvent payer, on y trouve aussi des choses peu chères qui enchantent les oreilles, ailleurs. Comme Fat White Family par exemple. Un groupe qui nous vient de Londres et qui sort, comme pour nous prouver que les badass aussi ont un coeur tendre : Songs for our Mothers. Après Champagne Holocaust, sorti en 2013, et son effet bombe presque neutronique (rapport à Auto Neutron du premier album), nous attendions la suite des radiations, bien à l’abri dans nos bunkers. Fini le look punk défagoté, négligé, bonjour la propreté, les coins carrés qui piquent et les têtes de skins, provocants, comme à leur habitude. Si j’entends ici et là que l’album est moins travaillé que le précédent, il faut dire qu’il est assez compliqué de bosser sous acide de nos jours, la fascination reste entière. En effet la musique de Fat White Family est hypnotisante et doit s’écouter sous l’influence de substances (illicites?) pour prendre toute sa mesure, son ampleur même. Une chronique de la haine humaine faite d’une multitude de tâches de couleur et de tunnels temporels plutôt sombres. Par contre, si vous n’êtes pas prêts à communier avec leur musique avec les mêmes armes qu’eux, oui vous risquez fort de trouver le disque un peu répétitif, voir même un peu chiant. Peut-être est-ce dû à une installation du décor qui prend trop de place, sapant ainsi l’énergie que l’on s’attendait à y trouver… Je ne sais pas. De là à dire que FWF s’est vautré dans le tournant où il était attendu, non, je n’irai pas jusque-là. Il reste un fort potentiel live à ce groupe qui balance ses prestations scéniques comme le faisait les grands groupes punk de cette époque révolue que l’on appelait années 80.

Enfin, et ce sera tout pour cette semaine, Skunk Anansie sort Anarchytecture. Il est où le bon temps où ce groupe crachait sa rage au travers d’un fabuleux premier album (Paranoid and Sunburnt) ? Ce beat qui défonçait tout ? Et bien il est resté dans les années 90. En même temps on ne pourra pas leur en vouloir de souhaiter évoluer… Après avoir splité (la chanteuse Skin ayant de son côté soit deux superbes albums), le groupe se retrouvait il y a quelques années, décidé à remettre le couvert, ce qui, d’après leur premier essai Black Traffic (2012) et contrairement à ce qu’en pense beaucoup, n’a pas été très convainquant de mon point de vue. Mais le groupe remonte, pas à pas. Alors oui, la colère et la révolte ne sont plus là, et on peut reprocher au disque d’être trop lisse, parfois même trop mainstream (Love Someone Else). On notera tout de même que quelques morceaux prennent la bonne direction , que Skin est toujours au top. Ce qu’il manque au groupe c’est un peu plus de percutant, un truc qui donne envie de s’immoler avec eux. Non non, laissez donc les bidons hors de portée, je parlais au figuré… Il y a pourtant beaucoup de choses contre lesquelles s’insurger avec une énergie renouvelée ces temps-ci…

Allez les enfants, le lapin blanc vient de repasser, j’ai encore une « foultitude » de choses à faire et je n’aurai pas assez de cette journée, malheureusement. Alors à plus dans l’bus, en attendant de se retrouver, montez les watts, réglez au mieux vos bass et treble et que pète le son !

Greg Pinaud-Plazanet

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