Review

« Release » de Steve Smyth, la renaissance d’un genre

« Après le scepticisme vient l’extase. On se rend compte alors de l’essence même d’une première partie: nous faire découvrir des artistes talentueux évoluant à l’aube de leur notoriété. On croise alors les doigts pour que le succès ne les change jamais… » Ces quelques phrases griffonnées sur un bout de papier quelques heures après un concert sont restées dans ma tête.

En effet, en cette douce soirée d’avril 2011, je viens d’assister à un concert extraordinaire, une prestation d’une qualité remarquable : Angus & Julia Stone. Ce n’est pourtant pas ce fabuleux duo Australien qui a bouleversé ma soirée, mais bel et bien l’homme qui assurait leur première partie ce soir la : Steve Smyth.

Steve Smyth en live

Grand blond barbu, au style unique et décalé… Un parfait mélange de douceur et de puissance. Des mélodies renversantes, mélancoliques, joyeuses, alcoolisées… Il est selon moi le nouveau représentant d’une génération Folk et Blues perdue depuis longtemps. Alors que l’avidité financière des labels et autres maisons de disques sévit, corrompt et formate les artistes les plus talentueux il profite encore d’une naïveté, d’une liberté qui lui permettent de conserver son style et quel style !

Ce fameux soir d’avril, je me suis penché sur son cas. Un site internet peu reluisant, quelques vidéos de mauvaise qualité, un clip, trois chansons en téléchargement libre… Un touriste en quelque sorte. Mais on peut tout de même y trouver une annonce très alléchante : «  Album en préparation ». l’attente sera longue: Dix mois plus tard sort enfin « Release », son tout premier album.

Les quelques vidéos rajoutées sur son site et autres plateformes du net avaient permis à ses fans de patienter mais surtout de se familiariser avec son schéma principal : guitare/chant. Il nous prouve avec son album que son imagination et sa créativité ne se cantonnent pas seulement à un style de composition minimaliste. Il reste, avec habileté, fidèle à son style, il ne tombe pas dans la démesure et l’exagération que peuvent parfois provoquer les moyens mis a disposition en studio. Il garde dans toutes ses chansons ce coté solitaire mais s’en sert comme d’une base, sur laquelle il construit au fur et a mesure que la mélodie évolue des parties instrumentales différentes qui, malgré un certain scepticisme originel de ma part, dénotent du génie.

Je me plais à dire que Steve Smyth est un artiste schizophrène. Il a en effet une touche bien particulière, c’est sa capacité a alterner une voix douce et suave, une voix d’ange qui nous transporte vers d’autres cieux a chaque notes, avec une voix rauque et cassée, une voix de fumeur compulsif rongée par la fête et l’alcool, une voix de chanteur noir des années 30, les années du Jazz, du blues, les années d’or de la Nouvelle Orléans et du courant vocal créé par un certain Louis Armstrong: le Scat. Cette opposition contribue à faire comme si ses chansons étaient le théâtre d’un dialogue entre ses deux personnalités opposées se livrant bataille au rythme de la mélodie. Cette impression vient bien entendu souligner la justesse de son chant. Steve Smyth m’a fait croire à nouveau en la musique moderne. En effet, dans ce style que j’affectionne tout particulièrement, un mélange de Folk et de Blues, j’étais resté enfermé dans le passé, ne supportant plus le mielleux des voix et des mélodies d’aujourd’hui (à part quelques exceptions bien entendu).

Avec Smyth, on retrouve déjà quelque chose de très important dans la musique et qui semble s’être perdu en chemin : l’écriture. Les anglophones seront gâtés en se confrontant à la poésie et au style littéraire de notre ami. A la manière d’un Dylan, il met la musique au service des mots et raconte des histoires qui semblent prendre vie aux fils des notes (Il écrit d’ailleurs de courtes nouvelles à ses heures perdues). Sa voix douce est comparable a celle de Jeff Buckley, sa voix rauque et puissante a celle de Dan Auberbach (le chanteur des Black Keys), un zeste de Dylan pour l’écriture et les thèmes qu’il aborde, etc.… Bref, des références qui en disent long sur son inspiration même s’il dit lui même être un musicien d’aujourd’hui venu arranger a sa façon le style d’hier. Il ne faut donc pas trop lui prêter de ressemblances aux autres, Steve Smyth fait du Steve Smyth !

Le seul petit point négatif de son album est la production. En effet, le mixage final est peut être un peu bâclé, on remarque de temps en temps des petits bruits, des petites imperfections, a la guitare surtout, mais rien de bien grave, j’avoue pinailler un peu. Je me plais à croire que c’est volontaire, car ces petites imperfections dans la prod collent finalement parfaitement a son style d’hippie des temps modernes qui place ses priorités ailleurs que dans la perfection absolue de chaque piste. Je trouve au contraire, que ces petites choses rajoutent une touche d’authenticité, de simplicité et de proximité avec l’artiste.

« Release » combine donc tous les ingrédients de la réussite et ne manquera pas de faire monter la côte internationale de son créateur pour notre plus grand plaisir. Il est téléchargeable sur ITunes, à un prix étonnant, moins de 10 euros. Alors si votre budget est serré, faites l’impasse une journée sur une bière et un paquet de cigarettes et offrez vous a la place un grand barbu Australien!

http://www.stevesmyth.com.au/

Cinq chansons de l’album que je conseille (vivement) :

  • Barbiturate Cowboy and His Dark Horses
  • Bar Made Blues
  • A Hopeless Feminist
  • In a Place
  • No Man’s Land

By César Monteyrol

Une réflexion sur “« Release » de Steve Smyth, la renaissance d’un genre

  1. Merci beaucoup pour la découverte! J’aime beaucoup le mot « touriste »! On dirait qu’il offre son truc et tu prends ou pas, c’est pareil! 😉 De la voix, de la personnalité, un style bien à lui, franchement excellent…

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