Une semaine… déjà. Une semaine que l’on entend/lit des conneries sur les réseaux sociaux à propos des attentats. Non contents de pointer vers un ennemi extérieur connu et identifié (qu’il enrôle des Français ou non, il n’en est pas moins extérieur), certains jouent la carte du complot. Que l’on soit assez intelligents pour prendre du recul et voir les innombrables fautes, failles etc… qui nous ont mené ici, soit. Que l’on avance des hypothèses en les faisant passer pour des vérités, non. Le soit-disant éveillé est finalement manipulé, tout comme le dormeur. Mais le dormeur doit se réveiller… Sait-on jamais, si cela se trouve, j’ai pris la mauvaise pilule et je suis resté dans la matrice…
Nous, lundi dernier, on l’a bouclé. Rien à dire, qu’à exprimer un ressenti, après tout, nous avons publié exprès durant la minute de silence nationale un Edito silencieux. Alors que le rock fait du bruit, nous aurions pu passer une video des Eagles, oui. Mais ce soir-là, il n’y a pas que le rock qui en ait pris plein la gueule. Non. C’est la liberté en général, notre modèle de civilisation, tout simplement. Et fin de semaine dernière, j’ai ressenti aussi de l’abattement pour ces gens, pris en otage au Mali. Les morts, mais aussi les rescapés. J’espère qu’ils ont eu autant de témoignages de sympathie que nous, Français blessés en France car quand-bien même le Mali ne rayonne pas comme la France aux yeux des autres pays, surtout occidentaux, riches, ils n’en sont pas moins humains et donc nos frères.
La vie reprend son cours, pour tout le monde, assez rapidement, c’est même la force de l’humain que de se relever toujours pour continuer, n’est-ce pas le message des chevaliers du zodiaques ? C’est pour cela que l’on gagne toujours à la fin… non ? Celui-ci et celui de l’union faisant la force. Seuls, nous ne sommes rien. Et quoi de mieux que la musique pour unir les peuples ? Nous, la musique, c’est notre credo, ce qui nous rapproche de vous, de votre voisin, pour peu que l’on respecte son confort sonore, cela va de soit. Alors que va-t-on pouvoir lui faire découvrir à notre voisin cette semaine ?
Et bien tout d’abord un morceau de presque 10 minutes, un peu élitiste à mon sens, mais qui montre une chose, c’est que Bowie en a encore sous la pédale. Alors qu’il sortait d’une période de silence de dix ans avec Next Day (2013), Bowie balance aujourd’hui Blackstar, une oeuvre à part entière dans un morceau à la construction bizarre et au clip hypnotique. Première piste d’un album éponyme qui en comptera neuf au total et qui sortira début janvier 2016, Blackstar brise le modèle court du single et se paye une video digne d’un moment de cinéma. Pas étonnant lorsque l’on sait que c’est Johan Renck, réalisateur de la série Panthers, qui est aux commandes. Bowie y apparait en annonciateur des temps à venir. Le bandeau sur les yeux qui semble avoir des yeux, le terme Blackstar, le livre à l’étoile… Tout est là. Si tous les morceaux de l’album sont de cette trempe, il se pourrait bien que Bowie soit revenu à ce type de créativité qui avait vu naitre Outside en 1995. Et ce n’est pas pour nous déplaire à vrai dire… Hey, dites, vous croyez vous aussi que c’est Major Tom sur les premiers plans ?
Ces jours-ci est aussi apparu Campus Swagger. Presque dans l’indifférence générale et pourtant… Le groupe s’appelle Soldiers of Fortune, sans doute cela ne vous dira-t-il pas grand chose mais cela remonte à 2004 lorsqu’un gars, Brad Truax (Animal Collective, Interpol…), décide de monter un anti groupe. Un truc à la 12 salopards, des mercenaires du rock. L’idée était de faire des attaques éclair sur une scène de temps à autre, d’y foutre l’ambiance et de se casser. Belle idée bien rock en définitive. En allant creuser un peu plus loin pour vous, puisque c’est notre passion et vous évite de le faire pour vous concentrer sur des choses bien plus importantes, on trouve derrière ce groupe des têtes connues. On croise ainsi, en plus de Truax: Mike Strallow (ana Mike Bones, l’un des meilleurs guitaristes du milieu underground new yorkais du moment), des membres d’Oneida (Kid Millions, Barry London…), de Swan (le Swan de Billy Corgan, pas l’autre). Mais ce n’est pas tout. Ce disque a la particularité de recevoir des invités de marque comme Stephen Malkmus (Pavement, The Jicks), Dan Melchior (Broke Revue), Ethan Miller (Howlin’Rain), and Matt Macauley (A.R.E Weapons), bref aussi bien du garage rock que du noise rock dans la distribution. Autant dire que les dix pistes déménagent… Rails ouvrant le bal en vous foutant un grand coup de pied au cul avec son 70’s FM et son tourbillon d’énergie. L’album s’appelle Early Risers et ne peut être le fait que d’une bande de potes. Improbable, intemporel, mais hyper entrainant, c’est de la roue libre de bout en bout…
The Brian Jonestown Massacre sort quant à lui un mini Lp intitulé Thingy Wingy alors que Musique de Film Imaginé n’a pas encore fêté sa première bougie… Un trop plein de créativité de la part de cette figure indé US ? Ou un désir de revenir très vite avec des sonorités plus shoegazes (Pish, Leave It Alone), plus psychédéliques (Get Some, Dust avec Alex Maas des Black Angels, Here Comes The Waiting…), le tout emprunt d’un folk omniprésent, bref, plus dans leur canon ? Je dirais que Thingy Wingy est simplement un album alliant tout le savoir faire du groupe aux influences musicales plus hétéroclites d’Anton Newcombe pour en faire un petit bijou psyché qui n’aurait surement pas déplu à Brian Jones… surtout Here Comes The Waiting for The Sun, véritable hymne au genre !
C’est terminé pour cette semaine, il faut en garder sous le pied pour les jours difficiles. Et puis au lieu de viser l’indigestion, consommons de façon plus retenue, savourons notre liberté d’écoute !
Greg Pinaud-Plazanet