En 1995, Oasis sort son second album (What’s the Story) Morning Glory ? et le monde entre définitivement dans l’ «Oasismania» grâce aux succès planétaires que sont Wonderwall, Don’t Look Back In Anger ou encore Champagne Supernova. Vingt ans plus tard, pendant que son frère fait sûrement le deuil de Beady Eye, Noel Gallagher, lui, balance son deuxième album toujours accompagné des High Flying Birds. Chasing Yesterday, est sorti le mardi 2 mars. Si le tout premier projet datant de 2009 avait mis tout le monde d’accord sur le fait que Noel, sans Oasis, était un artiste complet, ce dernier opus laisse un drôle de goût dans la bouche.
Il parait que Liam et Noel ne se seraient pas adressés la parole depuis un an. C’est du moins ce qu’à dit ce dernier au NME en janvier dernier. Le but n’est pas de jouer au thérapeute familial, mais cette distance aurait-elle ramolli le grand songwriter d’Oasis ? C’est la question que l’on est en droit de se poser après avoir écouté les dix morceaux de Chasing Yesterday. Certes, il serait déplacé de considérer cet album comme mauvais, pourtant…
Evidemment, Noel est resté un excellent musicien, ainsi qu’un compositeur hors pair. La mélodie est toujours juste, la voix ne se trompe jamais mais – bordel ! - ce qu’on s’ennuie. Ce n’est pas faute d’avoir joué des tours surprenants dans cet album: Gallagher explore des sonorités hypnotiques, tentant de se fondre dans un folk psychédélique qui ne lui ressemble pas beaucoup (The Riverman, ou encore The Right Stuff). Mais ces expérimentations peinent à masquer cette paresse déguisée qu’est Chasing Yesterday : The Dying Of The Light est une ballade tristement vide d’émotion et d’inventivité, The Girl With The X-Ray ressemble à un vieux titre d’Oasis sous Xanax. Lock All The Doors, You Know We Can’t Go Back ont l’air de sortir d’un manuel tant ils sont académiques, d’une facilité et d’une simplicité aberrantes. The Mexican quant à lui, est le point culminant de la mollesse et de l’ennui de cet album. Seuls Ballad Of The Mighty et In The Heat Of The Moment (qui feraient de très bons faux jumeaux) se démarquent sans pour autant convaincre et rattraper le reste.
Non, Chasing Yesterday n’est pas nul. Noel Gallagher connaît la musique et la compo comme sa poche, aussi cet album ne peut pas être mauvais techniquement. Pourtant, il est fade. C’est une déception de la part de l’un des compositeurs les plus brillants de sa génération. Même s’il reste agréable à écouter, Chasing Yesterday est malheureusement superficiel et paresseux. Tous les efforts qu’a tenté Noel Gallagher pour innover tombent misérablement à plat. Sur ce second album solo, il bénéficie certes, de plus de liberté mais fait semblant de prendre des risques. Cet album n’est en rien représentatif de son génie et de l’immense talent dont il a fait preuve pendant des années au sein d’Oasis et dans son tout premier projet solo. On préférera se replonger dans les chefs-d’œuvre Definitely Maybe ou Morning Glory ? qui confirment à eux seuls qu’Oasis était un des meilleurs groupes du monde.
Juliette Geenens