Ro pour Romain, Popo pour Pauline, Rose pour… bref, ici ce n’est pas le déchiffrage du nom de ce duo de Vendôme qui importe, mais plutôt la sortie fin janvier 2015 du premier Album de Ropoporose : Elephant Love.
On sent bien que ces deux jeunes frère et sœur n’ont pas été élevés à la sauce télé-crochet, mais plutôt au son du rock indé dont ils ont du être nourris dès leurs plus jeunes âges aux Rockomotives ( ils en sont d’ailleurs les poulains aujourd’hui). A l’écoute de ce premier opus, on retrouve bien les influences dont ils se revendiquent, à savoir Sonic Youth et Arcade Fire comme dans les deux premiers morceaux Day Of May et Desire.
Ropoporose impressionne par la maturité de ses compos et ce sans même avoir atteint la quarantaine à eux deux. Ils se sont parfaitement imprégnés de toute la scène indé de ces trente dernières années pour, en dix morceaux, nous servir un album dont au découvre au fil des pistes, la fraîcheur des multiples riffs et mélodies. Ce résultat n’est pas lié au hasard mais en partie grâce à une parfaite maîtrise de leur pédale Loop Station. Il faut rajouter à cela qu’ils sont tous les deux multi-instrumentistes aussi bien en studio qu’à la scène. Le chant principalement assuré par Pauline est parfois accompagné par la voix, plus grave, de Romain.
A la première écoute, on pourrait reprocher à l’album un côté catalogue, écueil habituel d’un premier album qui regroupe l’ensemble des premiers morceaux d’un groupe qui, ici les bosse depuis 2012. Mais ce sentiment disparaît au fil des écoutes et laisse place à un son, une teinte qui leur est propre et identitaire.
Si on parle d’influences évidentes, j’en trouve certaines autres comme Blonde Red Head des premiers albums avec Moira et Consolation ; mais aussi Shannon Wright aussi, avec le superbe morceau à tiroir Whu-Whu (sur les premiers couplets surtout) avant de partir dans un premier temps sur une envolée pop bien prenante et avant de finir par une ritournelle entêtante. Shannon Wright aussi avec le pachydermique Elephant Love (oui j’ai osé) avec un son bien gras, bien lourd. S’en suit Empty-headed, le premier single évident du LP. Le morceau pop qui vous donne la pêche et un riff que vous gardez en tête pour la journée.
My God qui part sur une teinte un peu folk, se transforme en morceaux pop légèrement noisy. 40 Slates est la ballade folk de l’album qu’on s’imagine écouter autour d’un feu en reprenant le refrain en cœur avec Pauline et Romain. Un instrumental, Montgolfière, vient conclure l’album comme un générique de fin, c’est vraiment l’impression que cela m’a donnée.
Vous l’aurez compris, pour un premier essai, c’est un coup de maître. Ropoporose nous propose un album varié, frais, authentique, riche en mélodie, riche en morceaux qui nous surprennent et nous amènent là où on ne les attend pas. Vivement le deuxième pour voir si cet essai se transforme…
Enfin, si Ropoporose n’est pas un nom facile à retenir, on a du mal à l’oublier après les avoir découverts, et le PdR a d’ailleurs eu le plaisir d’aller les voir en concert dans un appartement toulousain il y a peu.Vous en trouverez ci-dessous le report.
Dans un lieu tenu secret, en plein coeur de Toulouse, nous assistons au concert en appart de Ropoporose, groupe français, découvert il y a peu à l’occasion de la sortie d’Elephant Love, leur premier album. Une ambiance sympathique, détendue, presque tous adhérent de l’asso Jerkov qui fête cette année ses 10 ans. Du coup je trouve le concept sympa et j’adhère pour une poignée d’euros à l’asso. Nous sommes donc dans l’intimité de vrais personnes, à boire quelques bières, à discuter, à reluquer le pedal train installé sur le parquet massif. Parmi les CD rangés sur les étagères, on croise Ben Harper, Huey Lewis, Billie Holiday, Jeff Buckley, David Bowie, Green Day, Led Zep… Comme pour nous assurer que nous sommes au bon endroit ce soir. Il y a tout compte fait, pas mal de monde si bien qu’il va falloir doucement penser à se trouver une petite place dans un endroit adéquat.
Maturité, gravité, Pauline et Romain n’en manquent pas à entendre leurs compositions.
Tout se déroule très bien sur cette première partie d’un concert qui en comptera deux. Le groupe déroule ses compo de façon naturelle et sans chichis. Le son n’est pas mauvais, même si l’acoustique du lieu ne privilégie pas les voix. Day of May, Faceless Man, Holy Birds s’enchaînent assez vite. Avant un dernier morceau du premier set : gravité et urgence sur Moira. Pauline enlève sa chemise à carreaux pour arborer le t-shirt Unknown Pleasures de Joy Division, les backgrounds sont bons. Forty Slates, dernier morceau avant la pause, on échange les instrus et Romain passe à la Danelectro tandis que Pauline s’installe derrière la batterie et commence à chanter en s’accompagnant d’un petit accordéon. On fait une pause de 15-20 minutes et on revient pour un second set.
Tout sonne évidemment très différemment de l’album mais dans un appart qui n’est pas fait pour accueillir ce genre de son, on s’en sort pas mal du tout. Du coup ça sonne plus bricolo, raw, à l’image des premiers albums du Velvet. Une batterie, une guitare, le minimalisme est complété par une pédale looper (Boss RC) qui joue ici un rôle important.
Après l’entracte, on réattaque pour un set de six morceaux en commençant par Whu Whu. Roro, Popo, Ropoporose… Arrivent ensuite Elephant Love puis la mega hydre Empty Headed que le groupe a d’ailleurs un peu de mal à jouer correctement. Romain, très humble mais le sourire au lèvres, nous dit en fin de morceau qu’ils ont peut-être visé un peu haut avec celle-ci mais qu’importe, le format n’est pas facile, la sono est réduite à son strict minimum et après tout ils ne sont que deux dans ce living room toulousain… Vient ensuite Consolation, sans la partie cuivre. Fishies Are Love, morceau qui n’apparait pas sur le vinyle, ni sur le CD d’ailleurs puisque la chanson en supplément est Montgolfière.
Un dernier morceau, Skeletons, clôture ce set atypique et pourtant si sympathique. À nouveau Popo se remet à la batterie tandis que Roro s’empare de la guitare alors que les deux voix convergent vers la même ligne de chant. Un petit soucis technique sur la loop donne un petit flotement de 3 secondes mais comme disait Drucker, ce sont les aléas du direct, par contre le larsen qui s’en suit stoppe le morceau et après quelques tergiversations amusantes, on reprend le morceau, sans le loop et en accord. Même si le résultat n’est pas le même que sur le disque, on a plaisir à entendre la chanson jusqu’à la fin façon démo-répéte.
Un bon concert dans un format loin d’être évident, mais la fraicheur, la sympathie et la simplicité du groupe, sans oublier la qualité de leurs compo, en ont fait une excellente soirée. Je rapporte à Sylvain leur vinyle dédicacé après m’en être pris un pour moi et je rentre à la maison en écoutant la version itunes pour prolonger ce moment.
Article de Sylvain Chamu
Report de Greg Pinaud-Plazanet