Le Festival les Inrocks Philips, c’est le « Tour de France » des nouveautés musicales d’une année à l’autre : entre pointure de la musique et artistes prometteurs, les Inrocks et Phillips proposent une alléchante programmation dans sept villes françaises et pour la première fois cette année, une «étape » à Londres. Le festival fait une halte à Tourcoing, cité de la métropole Lilloise. Durant deux jours, Le Grand Mix se pare des couleurs du festival, et ce pour la troisième année consécutives. Si la première édition à Tourcoing a été difficile, la seconde s’est soldée par une véritable réussite. Aussi, l’évènement cet automne s’annonce sous les meilleurs auspices avec deux soirées et deux thèmes : Jour 1, trois bandes de rockers donnent le ton. Jour 2, vendredi : clôture en douceur avec trois noms de la scène folk.
Soirée rock – Palma Violets, Parquet Courts, The Orwells.
Trois noms pas méconnus (du moins pour les amateurs), trois concerts, pour trois heures de bruits et de transpiration, il y en a peu qui aurait refusé. La soirée rock du festival les Inrocks Philips commence avec les cinq jeunes de The Orwells, originaires de Chicago. S’ils ont l’air d’à peine sortir de l’âge ingrat, ils ont fondé leur groupe en 2009 et en sont à leur deuxième album sans compter plusieurs EP officieux. Sur scène, leur musique fait un boucan d’enfer, et c’est bien là l’intérêt.
Des sueurs psychédéliques se mêlent à un rock garage issu des années 2000. Le chanteur, sosie physique et artistique de Ty Segall, semble plus perché que Maître Corbeau, pendant que ses compères s’en donnent à cœur joie : batterie nerveuse, et guitare contre ampli, cette douce énergie ne semble atteindre le public que vers la fin du set.
Après quelques minutes d’attente, c’est au tour de Parquet Courts de se faire applaudir. Des fans sont dans la salle, et l’arrivée des princes proclamés du rock underground fait son effet. Couronné, encensé, intronisé par les Inrocks depuis leur dernier album Sunbathing Animals, le quatuor américain semble avoir remplacé (temporairement ?) son batteur par une jeune fille, discrète et silencieuse.
Le son punk et aérien du groupe enivre toute la salle, mais à la fin de chaque morceau, une ambiance glaciale s’installe entre le public et les musiciens. Les Parquet Courts, pas humbles pour un sous, ne font rire personne, disent merci sans même faire semblant d’y croire et se moquent presque de ses spectateurs français. Finalement, leur musique s’écoute aussi bien sur album…
Mais c’est l’heure du groupe tant attendu, les têtes d’affiche qui sont d’ailleurs présentes à La Cigale à Paris le lendemain : les Palma Violets. Repérés par la presse musicale française il y a deux ans, ils ont su faire leurs preuves sur scène et avec leur album 180, paru en février 2013. Londoniens jusqu’au bout des ongles, les quatre anglais font dans l’apparence et dans la performance.
Plus rock’n’roll que jamais, le groupe agit sur le public comme un rail sur le cerveau : délirant et exaltant. Le bassiste débridé joue la promiscuité avec les groupies, pendant que le guitariste, qu’on confondrait presque avec un Pete Doherty sain, s’applique en riff sales et tordus. Le batteur et le claviériste restent discrets mais pas moins présents. Les morceaux sont efficaces, dansants, comme à l’époque des Kinks et des Rolling Stones. Pour le premier jour de festival au Grand Mix, les Palma Violets, parfaits, ont résumé la soirée « rock » à leur nom.
Plus de photos de la soirée sur le blog d’Alternative Teken.
Vendredi, seconde soirée du Festival Inrocks Phillips, était spécialement dédiée à une musique plus acoustique, plus Folk voire Indie. Cet évènement, comme précisé plus haut, permet à un festival de faire découvrir des artistes peu connus dans des salles de différentes régions. Parmis ceux ci, j’ assiste aux lives de The Acid, Nick Mulvey et Asgéir. En arrivant sur place, la surprise de voir une foule clairsemée me laisse perplexe. Le public a une moyenne d’un âge plutôt mûre, signe d’un public averti et donc assez posé.
The Acid entre à pas de loups, accompagné d’une légère musique nous renvoyant aux chants et mélodies naturelles que nous pourrions entendre dans nos forêts hexagonales. Cette empreinte mystique enveloppe la salle dans un enthousiasme incertain. Cependant, la progression de leur prestation me semble creuse… Comme s’il manquait quelque chose. Entre les murmures du chanteur, parallèlement auteur du projet RY X, le jeu peu percutant du batteur et l’enthousiasme juvénile du DJ qui lance seulement les chansons qui lui plaisent, au grand dam du leader… Me laisse sur ma faim. Il y a dans leur musique quelque chose d’hypnotique, mais bien trop sous-exploité. Je ne doute cependant pas de leur évolution, ils n’existent que depuis 2013.
Le second artiste à passer est celui pour lequel je suis venue et je ne fais donc que trépigner en attendant sa venue. Nick Mulvey est ce poète, ce guitariste folk qui vous envoûte par son charisme, sa personnalité et ses douces paroles bohèmes. S’étant fait connaître grâce à une succession d’EPs et de vidéo postés sur internet depuis 2011, il n’a sorti son album First Mind qu’en Mai dernier.
Nick Mulvey habituellement seul avec sa guitare acoustique, sa prestation est complètement stupéfiante. Il est, pour l’occasion, accompagné d’un contrebassiste, d’un batteur, d’un pianiste, et d’une multinstrumentaliste faisant à la fois les choeurs et le ukulélé. C’est juste magique, je suis comblée mais essoufflée d’avoir chanté en coeur ses chansons. Ce fut tout de même à mon grand regret que ce concert d’une heure doive laisser la place à celui d’Asgéir, artiste pour qui la majorité de la foule, elle, est venue ce soir.
Il est toujours plaisant de voir apparaitre ses jeunes artistes insulaire, avec leur regard clair et leur style « hippies des neiges ». Accompagné de divers musiciens, ce jeune Islandais volontairement immobile sur scène nous captive tous, sans exception. Il émane de lui une fragilité profonde, une délicate méticulosité à décontenancer un métalleux. Il reprend Heart Shaped Box de Nirvana au piano avec brio, en lui donnant une dimension plus mélancolique, absolument divine. Sa voix ténue, atypique et tellement profonde, ne déroge pas à sa réputation. Et le petit sourire soulagé lorsqu’il termine la chanson, et que nous applaudissons frénétiquement alors que nous sommes tous hors d’haleine, prouve son souhait d’honorer la beauté de cette chanson.
Devant m’éclipser pour me rendre à un autre endroit, je ne peux assister au concert de Baxter Dury, tête d’affiche de cette soirée indé. Mais je suis sûre que le cygne trônant fièrement au dessus de nos têtes, pourra vous en conter la prestation !
Festival couvert par Juliette Geenens et Sandra Farrands