Grands Classiques/Review

Après 4 ans d’absence, Interpol revient avec El Pintor

C’est m’en attardant sur la page du blog du Peuple du Rock que je me suis rendu compte qu’il y avait un écueil. En effet, absent de la liste des groupes traités, pas un tag, à peine quelques lignes dans un édito du mois de septembre 2014. Mais sinon rien ! Rien sur le groupe New Yorkais INTERPOL. La sortie le mois dernier de leur cinquième album El Pintor, nous donne donc l’occasion de parler un peu plus en profondeur de ce groupe qui depuis une douzaine d’année maintenant, a su s’imposer incontestablement sur la scène indépendante et ce dès leur premier album. Mais tout d’abord, un petit rappel des faits…

En 2002, sortait Turn On The Bright Lights. Le style et le son d’Interpol étaient nés : les riffs hypnotisants des guitares de Daniel Alexander Kessler (guitariste et leader du groupe) agrémentés d’une légère disto , plein de reverb et des solos balalaikesques ; la voix de baryton de Paul Banks (chanteur, guitariste et parolier) qui assombrit d’autant plus des morceaux souvent bien mélancoliques ; et, enfin, ajouté à cela une basse inspirée de Peter Hook (Joy Division) pour rehausser le tout. Tous ces ingrédients qualifieront le style du goupe de post-punk ou cold wave. En 2004, leur deuxième album, Antics, fait mouche. Si la recette n’est pas exactement la même, ils ont su garder la même fraîcheur et spontanéité que lors du LP précédent, alliant morceaux enivrants et morceaux percutants. Antics recevra un bon accueil de la critique et du public, ce qui ne fut as le cas du troisième opus en 2007 Our Love To Admire, auquel on reproche une certaine quête de perfection trop évidente. Interpol sera le nom du quatrième album qui sera né, lui,  dans la douleur : le jour de la sortie du premier single success, le groupe annonce le départ de Carlos Dengler, bassiste emblématique du groupe depuis son origine. Paradoxalement, la critique encense les dernières compositions du groupe qui rappellent la verve des deux premiers LPs.

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Pour ce cinquième album Interpol s’est fait attendre, 4 ans. Quatre ans pendant lesquels il y aura eu une longue tournée, un break, des projets personnels (sortie du deuxième album de Paul Banks sous son vrai nom, le premier étant sorti sous le nom de Julian Plenti) mais surtout la remise en question du groupe suite au départ d’un de ses piliers. Car ce départ, que le groupe annonce comme amical, aura failli tout de même mettre fin à la formation car Carlos Dengler ne faisait pas qu’apporter avec sa basse ce son particulier aux morceaux du groupe, il jouait aussi un rôle prépondérant dans lors des séances de composition.

C’est en 2013 que le trio restant annonce que l’écriture d’ El Pintor (anagramme d’Interpol), est en cours pour un enregistrement prévu fin 2013 et une sortie donc en septembre 2014. Il aura déjà donc fallu se réorganiser pour travailler à trois, Paul Banks prenant la basse pour la partie studio. En concert, ils sont accompagnés par deux musiciens supplémentaires (basse et clavier.) S’ils ont souhaité assurer jusqu’à la production du Lp à trois, ils seront épaulés par quelques guest sur les parties claviers, Brandon Curtis de The Secret Machines, Rob Moose de Bon Iver pour le violon, et Roger Joseph Manning Jr (clavier pour Beck). Enfin, ils se sont offert pour le mixage les services d’Alan Moulder (Royal Blood, Foo Fighters, Ride, Smashing Pumpkins…..on arrête là, la liste est trop longue.)

Le premier titre All The Rage Back Home est l’archétype d’un morceau d’Interpol et rien d’étonnant qu’il soit le premier single sorti: morceau percutant, au riff et au refrain qui vous restent collés entre les oreilles. S’alternent ensuite balades planantes (My desire, Same Town New Story) et titres plus ravageurs (Anywhere, Everthing Is Wrong). A noter que dans le titre My Blue Supreme, dont les premiers accords me font un peu penser à l’intro d’Ashes To Ashes de Bowie (la comparaison s’arrête là), on surprend Paul Banks nous gratifiant d’un joli contre-pied avec un chant aigü, limite haut-perché. Il replacera cet effet sur les refrains d’Ancient Ways. Twice as hard conclut habilement l’album dans une ambiance hypnotisante qui nous laisse rêveur.

El Pintor ne déroge pas à la règle des précédents albums des new yorkais. On peut dire que le fan ne sera pas déçu, ni perdu par son écoute, retrouvant rapidement les codes présents sur les albums précédents de la formation; quant à une personne qui les découvrirait, elle y trouverait les fondamentaux de ce qu’est Interpol depuis ses débuts. El Pintor est un retour aux sources pour les 3 musiciens, se rebâtir à partir des fondations du passé qui ont assuré leur succès. Car, il est vrai que ce que fait de mieux Interpol c’est de l’Interpol. On aurait d’ailleurs pu craindre que les trois new yorkais tournent en rond, mais non El Pintor nous prouve qu’ils en avaient encore sous le pied. Sans être leur meilleur album, le premier ayant été un coup de maître, El Pintor s’inscrit dans une bonne continuité et se laisse écouter plutôt deux fois qu’une.

Sylvain Chamu

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