Festival

Printemps de Bourges 2014: Episode II, un autre regard

Ce Printemps de Bourges aura été le plus fréquenté de son histoire : avec une affluence de 65 000 personnes tout au long de la semaine, il a atteint un taux de remplissage de 92%. Des chiffres qui auront de quoi satisfaire le nouveau président du festival, Daniel Colling. Cette réussite, le Printemps la doit à la constante actualisation de ses scènes. A ses débuts en 1977, le festival était plutôt un rassemblement de personnalités du monde alternatif de la chanson ; des gens comme Bernard Lavilliers, Charles Trenet, Dick Annegarn, Jacques Higelin, ou encore Les Frères Jacques étaient alors à l’affiche. Presque 40 ans plus tard, nous avons assisté aux soirées reggae et électro du Printemps de Bourges le 25 et 26 avril dernier.


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Printemps jamaïcain

Dès 18h, le rennais Naâman a nimbé le chapiteau W  de bonnes ondes reggae roots. Le jeu de scène vivifiant et la voix cristalline du tenant du titre « Révélation de l’Année 2013 » des Victoires de la Musique ont mis l’ambiance. Juste ce qu’il fallait pour accueillir le vétéran, sa majesté Winston McAnuff qui, tout en rage contenue et dreadlocks au vent, a littéralement électrisé la foule. Derrière deux telles bêtes de scènes, difficile pour Danakil d’enchaîner. Pourtant habitués à accompagner de grandes légendes lors des soirées reggae, Danakil aura fait pâle figure. Le collectif peine à se renouveler et semble reproduire le même spectacle depuis 5 ans.

Un autre habitué de ces grands rendez-vous et qui ne nous a pas ennuyé, c’est Alborosie. Le sicilien en a donné pour tout le monde y compris quelques titres peu connus du grand public. Il y en avait pour les fans de la première heure, pour les néophytes branchés sur les Kingston Town et Herbalist ainsi que pour les adeptes de ses musiciens qui ont jouit ici d’un grand espace pour s’exprimer. La voix du plus jamaïcain des italiens s’est bonifiée avec le temps, elle a pris du corps et son phrasé est encore plus typé qu’autrefois. Albo est dans la cour des grands, définitivement.

Puis, c’est Biga Ranx qui a clôturé le bal en confirmant sa grande forme. Un phrasé toujours plus rapide et toujours aussi précis, une large tessiture de voix à en faire complexer Aédé, une présence à la fois joviale, nonchalante et des pas de danse arachnéens, le tourangeau imprime sa marque. Il est 1h30, les quelques vapeurs cannabiques fuient le W, c’est la fin du show.

Déferlante électronique

Le 26 avril, la Rock’n’Beat Party a fêté ses 5 ans. Depuis 2009, les samedis soirs du Printemps de Bourges rivalisent avec les Bains Douches et les Macumbas undergrounds les plus branchés du village planétaire. La programmation a de quoi faire recracher au clubber lambda sa vodka Redbull dans son verre, avant de la ré-ingurgiter, tant elle est ahurissante.

Kavinsky s’est occupé de chauffer la salle comme un moteur de grosse cylindrée avec ses tubes à écouter très fort, la vitre teintée entrouverte  et les mains gantées de cuir posées sur le couvre volant en moumoute. Brodinski et Bakermat y sont allés chacun de leurs petits coups de sytnhés et saxos jazzy : le sexe appeal des DJs a provoqué une émeute qui a fait une cinquantaine de blessés, majoritairement de sexe féminin.

On a alors rejoint la « petite » salle où Daniel Avery présentait sa dernière galette. Un objet céleste dont le champ gravitationnel est si intense qu’il empêche toute forme de matière ou de rayonnement de s’en échapper. Gramatik s’est chargé de nous sortir du trou noir avec une électro-pop survitaminée, tout en break et en groove.

Enfin on a retrouvé la grande salle dans un état de débauche encore plus alarmant que lorsque nous l’avions quitté. Faut dire, nous sommes rentrés sur Viol, la bacchanale complète que Gesafflestein animait en maltraitant les tripes des festivaliers de lourdes basses et d’enchaînements dignes des rapports forcés et non-consentis que le DJ célèbre dans son nouvel opus.

Jeune et éclectique, le Printemps de Bourges est encore un grand rendez-vous de l’événementiel musical français. Le centre-ville de Bourges sera bientôt trop petit pour contenir la horde de fêtards enragés, les limites du site se sont déjà faites ressentir, comme lorsque vers 1h du matin, nous nous sommes retrouvé à patauger dans le pipi alcoolisé des festivaliers en voulant nous rendre aux toilettes. Il ne fallait pas imputer cela au défaut néanmoins courant de l’homme qui vise à côté de la cuvette après quelques verres, mais bien à la qualité des structures qui était déplorable…

Enfin ce ne sont pas ces quelques défauts techniques, ni la pluie qui auront terni notre enthousiasme, Bourges is a place to be in April !

Anthony Biet

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