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Live report : Morcheeba @Aeronef / Enfin, put*** de bord** de mer** !

C’est un concert qui aura fait date dans le microcosme lillois (sans mauvais jeu de mots), tant l’attente de voir Morcheeba jouer à l’Aeronef était grande. Initialement prévu le 14 mars 2020, le concert est d’abord reporté au 09 septembre 2020, puis au 29 mai 2021 avant d’être finalement programmé le mercredi 16 mars 2022. Rien que ça ! Une ténacité remarquable de la part de leurs fans, car oui, tout le monde aura bel et bien tenu le choc, et ce, pour notre plus grand bonheur ! La soirée, par-delà l’épopée de sa programmation, n’aura pas manqué d’être à la hauteur des espérances d’une assemblée en liesse.

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Morcheeba @Aeronef 16/03/2022
©Marcus Bielak

Morcheeba est un collectif que l’on ne présente plus. Actif depuis plus de vingt ans, il a initié, avec Björk, Massive Attack et Portishead pour ne citer qu’eux, la mouvance « Trip Hop ». Arc-bouté sur des influences Jazz, Reggae, Hip Hop, Funk et Dub, le genre musical se distingue par un son granuleux basé sur des samples mâtinés de cuivres, d’électronique, de scratch et de cordes (en gros…). Assister à un concert de Morcheeba, c’est un événement en soi qui laisse une trace. Alors que l’ambiance du moment laisse davantage place à la morosité qu’à l’extase, nous essayons de retrouver une passion esquintée par de longs mois sans lives, je reprends du service, car finalement ma passion a survécu aux confinements.

La soirée commence mal, je n’arrive pas en avance à l’Aeronef. La première partie, Barany de son nom de scène, est un groupe suisse à la peau rêche qui se défend plutôt bien sur le ring. J’aperçois une femme seule sur scène, guitare à la main, reprendre Heart-Shaped Box de Nirvana. La note saturée distillée par l’instrument assure une atmosphère pesante, qui finira par renverser la foule mystifiée sur Last Song, le dernier titre joué qui porte, c’est le moins que l’on puisse dire, bien son nom. Cette première partie donne, quoiqu’il en soit, le ton de la soirée.

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Morcheeba @Aeronef 16/03/2022
©Marcus Bielak

Quelques instants plus tard, les amplis rugissent à nouveau à l’arrivée du groupe. Galvanisé par le fait de faire cette put*** de date à Lille, le duo que forment Skye Edwards et Ross Godfrey se montre chaleureux et complice. Les plaisanteries se succèdent, l’ambiance est cool, détendue de la nouille. Morcheeba nous gratifie des tubes qui ont fait leur renommée mondiale, jusqu’ici, rien de déstabilisant pour le public. En revanche, j’étais curieux de savoir ce que la suite allait donner… Morcheeba produit en effet une musique relativement chiadée, chaloupée et subtile, le tout sublimé par la voix iconique de Ross et reproduire cette vibe sur scène relève d’un sacré défi. Je suis assez vite rassuré : le duo le relève et le remporte, sans équivoque.

Malgré une configuration des plus classiques (guitare, basse, batterie, clavier, voix), la touche Morcheeba opère. Le jeu léché de guitare de Godfrey se charge d’apporter tout le relief et l’opulence propres au répertoire du groupe. La basse, volontairement amplifiée, donne de la brillance à un ensemble déjà chatoyant, mais qui n’atteindrait certainement pas toute sa résonance sans la maîtresse des lieux. Skye Ross assure le show sans en faire des caisses. La tête basse, affublée d’un chapeau Cordobes, la calotte plate de son couvre-chef masque le haut de son visage, comme pour appuyer l’énigme qui réside chez cette femme : Comment fait-elle ? Quelle est son pouvoir pour avoir une voix si remarquable, si belle, si suave, si intense, si millimétrée ?

Le groupe déploie l’artillerie lourde : Friction, Otherwise, Enjoy The Ride, Blindfold, Blood Like Lemonade… Les grands classiques ne manquent pas à l’appel. D’habitude plus poisseux, les morceaux conservent un attrait électrique que les contraintes du direct cristallisent. The Sea arrive assez vite (peut-être trop ?). Le tube, mondialement connu, est ici magnifié par une sublime intro à la guitare. Ross n’est jamais prise en défaut, tant sa voix porte et fait corps avec l’espace de la salle de spectacle. C’est tellement parfait qu’elle donne l’impression de faire du playback. Plus garni mélodiquement, Trigger Hippie sort un peu plus du lot. Un titre issu de leur premier album, plus lo-fi, style que l’on prête souvent à Morcheeba.

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Morcheeba @Aeronef 16/03/2022
©Marcus Bielak

Avec des chansons comme Let me See ou encore World Looking In, Skye Ross tente pourtant péniblement de faire participer une foule bien trop charmée par sa prestation haute en couleur. Et de la couleur, nous n’en n’avons pas manqué grâce à un jeu de lumière merveilleusement étudié. Mention spéciale accordée au titre Slow Down ce soir, littéralement mis en scène par le groupe, et qui n’est pas sans rappeler l’ingéniosité d’un certain Jean-Michel Jarre. En effet, la chanteuse semblait comme enveloppée par une colonne de lasers rouges, avec lesquels elle s’amusait, avec sensualité. Sa voix, à la fois lascive et espiègle, ponctue le set comme il se doit : Rome wasn’t build in a day fait vibrer les cœurs et nourrie toujours plus l’excitation de la part des fans.

C’était vraiment revigorant. Merci à l’Aeronef, merci à Morcheeba de ne pas oublier la Musique et les mélomanes qui la savourent. On reste en contact !

Marcus Bielak

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