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Le Villejuif Underground, ce diamant brut qui ne demande pas à être poli – Episode 1 : Le début

Un hold-up. Voilà comment qualifier la percée inattendue et pourtant prégnante du Villejuif Underground, ce collectif rock’n’roll parisien ayant vu sa côte de popularité grimper aussi vite qu’un premier de cordée sous coke. La faute ou plutôt l’exploit dû à un zeste de chance mais surtout à une sacrée quantité de talent, récompensée à juste titre ça et là. Oui non parce qu’ils sont super bons les cocos. La hype n’est clairement pas stérile. La formation originaire du Val-de-Marne est véritablement en train d’exploser et ne compte pas s’arrêter de sitôt. Petite analyse d’un futur grand groupe français (ouais carrément ouais c’est dit) !

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Le Villejuif Underground  avec de gauche à droite : Antonio (clavier), Nathan Roche (chant, guitare), Adam (basse), Thomas (batterie, guitare)

Chère lectrice, cher lecteur,

En fait, on vous a menti. Il ne s’agira pas d’une petite analyse mais bien d’une étude de cas de la formation. Mea culpa. En effet, nous avons décidé de prendre à contre pied les sempiternels avis crachés partout, bien que notre amour pour le groupe soit tout aussi dégoulinant que la masse. Mais plutôt que de se ranger dans les rangs, nous avons décidé de se servir du parcours atypique du Villejuif Underground pour pointer un dilemme si répandu dans l’Industrie Musicale, voire Culturelle : Gérer un « succès naissant ». Le tout sous la forme d’une saga en 3 épisodes ponctuée d’une conclusion/diagnostique. Si vous cherchez encore le sens à tout ce pataquès, prenez cette lecture comme un essai. Merci de votre attention.

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Episode 1 : Le début

Pour ce premier épisode, nous commencerons par le début. Nous verrons comment les choses ont débutées et sont s’imbriquées pour Le Villejuif Underground qui, assez brutalement, passe du statut de groupe amateur à celui de groupe espoir. Cela dit, vous vous apercevrez tout au long de ce premier numéro que la frontière est encore floue pour ce joli petit monde.

« Is it serious ? »

Libé, Les Inrocks, France Inter, Mowno, Noisey etc. La presse XXL est unanime quant à l’affection portée à l’égard du Villejuif Underground. Il semblerait qu’à peu près tout le monde ait le béguin pour ces quatre bonhommes, visiblement encore déroutés par cette soudaine attention. En interview, les gars sont détachés, pas sérieux pour un sou devant tant d’enthousiasme et surtout tant d’intérêt. Chacun y va de sa petite formule branchée pour décrire la formation. On parle de « branleurs », « d’escroquerie », de « miches à planquer ». Bref, les méninges carburent à mille à l’heure pour tenter de se mettre au même niveau de coolitute que celui du quatuor. Du coup, on ne va pas se prier, même si certaines interventions frisent le malaise entre journalistes et artistes…

À ce propos, il y a fort à parier que rien n’était prévu, en témoigne l’attitude apathique, désinvolte qu’expriment les parisiens envers les journalistes, mais également envers le label qui les couve pourtant comme une maman poule. On les dit ingérables, insouciants. Des cas difficiles en somme. Pour autant et dans l’intérêt de tout le monde, il va falloir redescendre et commencer sérieusement à voir un peu plus grand.

La montée

Afin d’illustrer cette soudaine expansion, il faut se replonger un certain soir de janvier 2019 à Lille. Le jeudi 17 janvier 2019 donc se tenait un concert de Villejuif Underground à la Bulle Café. Le groupe était annoncé depuis plus d’un mois. Tout se peaufinait tranquillement. C’était sans compter sur l’excitation grandissante du public lillois, obligeant les tourneurs à revoir leur plan.

La veille, une alerte de la part de E.T. Aloha, l’équipe chargée d’organiser le concert (big up à vous), invitait très vivement les gens à ramener leurs fesses une heure avant l’ouverture de la salle de concert pour se procurer un billet, billet à venir chercher sur place uniquement. Premiers arrivés, premiers servis. Toute sortie était définitive et bien sûr, il n’y avait pas de place pour tout le monde. Un dispositif inédit et pourtant nécessaire compte tenu des conditions techniques imposées. Nous n’aurons finalement jamais eu le fin mot de l’histoire. Des rumeurs parlent d’un engouement pour le son psyché du groupe un poil sous-estimé. Vous m’en direz tant…

Le concert est relativement plaisant quoi qu’un peu court. Les mecs font le taff, mettent l’ambiance comme il faut. C’est brouillon, spontané, sincère, bref ça fonctionne totalement. Le chanteur nous gratifie en sus de quelques séances de grimpes improvisées pour notre plus grand plaisir. On ressort de là convaincus et pourtant intrigués. On sent des loulous désarçonnés, un peu dépassés par les événements. Le chanteur, Nathan Roche, balbutie des remerciements à ses supporters qui lâchent quelques deniers pour écouter leur nouvel album.

C’était une soirée spéciale, géniale, où l’on fantasmait d’être parmi ces fans de la première heure qui étaient là au tout début, quand ils jouaient encore sur des scènes bien trop petites et bien en deçà de leur réel potentiel. Oui, n’ayons pas peur des mots. N’ayons pas peur de trop s’emballer : le Villejuif Underground est ce que l’on pourrait appeler un phénomène, une sensation, un diamant brut qui ne demande pas à être poli.

Casser la baraque et non sa baraque

Outre une formule discutable, il serait tout à fait approprier de commencer par le commencement. C’est quoi au juste Le Villejuif Underground ? Eh bien nous faisons  face à une formation battant le fouet dans un rock syncrétique redoutable, tablant dans le psyché, le garage et la pop lo-fi mais genre bien bien crade. Campés dans la banlieue Sud de Paris, les rockeurs au grand cœur se sont forgé une genèse digne de figurer dans un biopic ronflant et contemplatif.

C’est donc à Paris, dans le 94, que l’aventure débute réellement. Adam, le bassiste, connaissait déjà Thomas, le batteur qui prend volontiers la guitare depuis. De par des connaissances en commun, ils finissent par tomber sur Nathan Roche, le chanteur et artisan du groupe ainsi qu’Antonio au clavier. Là où ça devient plus exotique, c’est à travers l’historique de Nathan. Originaire de Townsville en Australie, ce dernier part en tournée en Europe avec l’un de ses nombreux anciens groupes. Après plusieurs concerts effectués et quelques pérégrinations aux alentours de Paris, Roche pose finalement ses valises auprès du Villejuif Underground.

Adam et Thomas logeaient déjà ensemble dans l’antre, la fameuse maison à Villejuif qui deviendra très vite leur repère, leur identité, leur QG pour répéter (enfin pas vraiment à ce qu’il paraît), enregistrer mais aussi crécher. En effet, c’est dans une cabane greffée à la maison que Nathan s’est installé un moment. Le hic, c’est que notre garçon haut en couleur est un clandestin. Un homme en cavale sans papier, fuyant comme la peste les autorités françaises. Sa lutte pour régulariser sa situation, il l’a narre non sans ironie sur le titre Le Villejuif Underground, en citant notamment l’extrait de sa demande de visa avortée.

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Photographie : Camille Bokhobza

Nathan est un peu le pinacle du groupe, les autres membres faisant surtout offices de backeurs épaulant le chanteur, comme le faisaient les musiciens de The Kozmic Blues Band ou bien ceux de The Full Tilt Boogie Band, lorsqu’ils accompagnaient Janis Joplin en tournée. Rien ne devait être définitif, enfin c’est ce que tout le monde pensait. Sentant le fer de plus en plus chaud, ils décident finalement de le battre en cœur. Ils composent et tournent un peu partout. Le premier LP, Le Villejuif Underground, déboule en 2016 avec l’aide du label SDZ Records. Les retours sont plus qu’encourageants bien qu’encore trop peu diffus. Malgré cela, les avis finissent rapidement par se multiplier. Ils poussent comme de la mauvaise herbe jusqu’à attirer les oreilles de quelques journalistes curieux. Très vite, le courant passe assez bien même si un décalage se creuse tout doucement. Qu’à cela ne tienne, la machine est lancée.

En pleine tournée, Le Villejuif Underground bourlingue un peu partout, galère mais persévère.  Une tournée en Chine donnera d’ailleurs naissance à la pépite Wuhan Girl. Comme quoi, c’est en forgeant que l’on devient forgeron. Sur la route, la bande de potes croise un des membres du collectif Cheveu, en collaboration avec le label Born Bad Records (Bryan’s Magic Tears, Cannibale, Forever Pavot, JC Satan, La Femme etc.). Ledit label avec lequel le groupe du Val-de-Marne collaborera par la suite. Séduit par l’univers bigarré de la bande, Jean-Baptiste Guillot, patron du Born Bad Records, décide de prendre sous son aile cette joyeuse marmaille pour écrire la continuité de cette belle histoire. When Will the Flies in Deauville Drop ? (à vos souhaits), deuxième album du Villejuif Underground, sortira début février 2019, soit 3 ans après le EP Heavy Black Matter, lui aussi produit par Born Bad Records.

Si le reste est à venir pour les quatre garçons, la critique reste pour le moment dithyrambique au sujet du groupe, raflant tous les honneurs et les congratulations. Le truc, c’est de comprendre ce qui passionne tant chez eux. C’est ce que nous essaierons de voir dans le prochain numéro. That’s all folks !

Marcus Bielak

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