Alors que ce grand weekend vient de s’achever, je ne peux m’empêcher de penser à l’exception française lorsque l’on parle de musique. Sommes-nous tellement au-dessus de nos voisins européens pour penser sérieusement que tout ce que l’on peut présenter à un concours musical aurait forcément dû récolter plus de points que ces deux petits égarés, donnés par pitié (je ne vois que cela)? Sommes-nous si grands pour avoir été les seuls à avoir communiqué à l’Europe entière nos résultats en français alors que tous les autres l’ont fait en anglais après simplement quelques mots dans leur langue maternelle pour saluer l’Europe ? La France ne me fait pas honte, non détrompez-vous, j’aime mon pays et jamais je ne cracherai dessus comme beaucoup le font de façon gratuite… Ce sont les personnes qui la représentent qui me font honte. Parmi tous les groupes de qualité qui existent en France, il aura fallu que cela tombe sur un groupe auquel, malgré leurs tentatives, même nos deux présentateurs semblaient avoir du mal à croire. Et comment…
Que l’on se rassure dans les chaumières, n’ayant pas la télévision depuis de très nombreuse années, je ne suis donc pas planté devant ma télé tous les ans afin de regarder l’Eurovision ou les Victoires de la Musique. Heureusement il y a de bien meilleures choses à faire. Mais Samedi dernier, après une soirée ayant durée assez tard la veille ainsi qu’une longue marche jusqu’à la pointe du Cap Ferret sous un temps qui hésitait entre le paradis et l’enfer, nous étions mes amis et moi… crevés. Il faut bien que les guerriers se reposent un peu aussi non ? Alors nous nous sommes installés avec bières et charcutaille devant la TV de l’un d’entre nous en nous disant que cela pourrait être marrant de regarder l’Eurovision… Ayant prédit assez rapidement (avant la distribution des points, je tiens à le préciser…) qui allait remporter le concours, nous avons assisté, impuissants, à la mise à mort d’un pays où il y a pourtant tellement de talents.
Bref, c’est juste le sentiment que j’avais envie de vous livrer aujourd’hui. Heureusement il y a d’autres choses sur la planète Musique, n’est-ce pas ? Et puisque nous avons commencé en parlant de la France, je dois vous dire que le dernier album de Miossec (Ici-Bas, Ici-Même), sortit milieu du mois dernier, vient confirmer la tendance prise par le précédent. On le retrouve ici au plus haut de son écriture. Il me tardait de revoir cet artiste en forme après sa descente aux enfers.
De l’autre côté de la Manche, Jon Lee Martin (KONG) avait démarré un projet home-studio assez Lo-fi il y a quelques années. Cet album s’offre aujourd’hui un groupe, Then Thickens, afin d’en présenter tous les morceaux et leurs recoins. C’est un groupe que je pense suivre de près dans les temps à venir.
Toujours du côté anglais, j’aimerais attirer votre attention sur Red Tide Opal in The Loose End Womb. Un long titre d’album pour un simple nom: Oliver Wilde. Après un premier disque remarqué en 2013, il revient cette année avec 12 titres, toujours très Indies. J’aime. Sans concession. C’est assez unique dans le paysage actuel et cela fait du bien.
Allez, je vous emmène en Suède maintenant pour le dernier et tout frais de chez Lykke Li: I Never Learn. De l’excellent, comme toujours depuis Youth Novels (2008). On reste ici aussi dans l’Indie et par bien des aspects je trouve que le travail de la matière opéré par Lykke Li s’apparente à celui d’Oliver Wilde tout en donnant un résultat différent. On brasse ici aussi un soupçon d’Electron, du Folk, de l’Indie pur et la sauce prend.
Et en parlant de soupçons d’Electro, traversons l’Atlantique pour se poser sur le dernier bébé des Black Keys. Leur 8ième déjà… Et quel chemin depuis The Big Comme Up (2001). Le style des débuts s’efface ici encore un peu plus au profit d’une identité forte qui les rapproche parfois de leurs voisins canadiens d’Arcade Fire sans jamais les faire se ressembler. Je dirais juste que la démarche artistique est assez semblable, un peu comme deux nageuses qui feraient de la nage synchronisée dans des piscines parallèles.
Voilà, nous allons nous arrêter là pour aujourd’hui, il faut que je récupère de mon weekend, et plus les années passent, plus ce délai est long. Quelque chose me dit donc que cela ne va pas aller en s’arrangeant… Donc j’en profite et comme disait Columbo, c’est l’anniversaire de ma femme alors j’ai certaines choses à faire, vous voyez…
Greg Pinaud-Plazanet