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Les hommes en noirs reviennent: Do To The Beast sort le 15 Avril

1965. C’est l’année de naissance de Greg Dulli, l’un des songwriters les plus méconnus de la planète avec Joseph Arthur et quelques autres. Greg Dulli c’était le frontman des Afghan Whigs, puis celui des Twilight Singers. En parallèle il participait à de nombreux side-projects comme on dit, dont  Gutter Twins dans lequel il s’associa à Mark Lanegan (Screaming Trees, Queens of the Stone Age…). Il participa également à un morceau de DEUS, de Lo Fidelity  Allstars ou encore de Mighty Fine et produisit entre autres l’excellent Ballads for little Hyenas du groupe Italien Afterhours. Bref, il est connu comme le loup blanc aux US alors qu’ici en France, beaucoup moins. D’ailleurs les tournées ne s’arrêtent que rarement dans notre hexagone, Dulli préférant les outskirts, à l’image des histoires racontées dans ses chansons.

1965. C’est aussi le sixième et dernier album que les Afghan Whigs nous livraient tel un chant du cygne à l’aube des années 2000 (1998). Un de leurs meilleurs avec Black Love et Gentlemen à mon avis. Deux albums qui ont marqué. Il faut souligner qu’ Afghan Whigs est un des seuls groupes à avoir signé avec Sub Pop alors qu’il n’était pas originaire du nord ouest des Etats-Unis ce qui, à l’époque, était un réel tour de force. Après quelques changements de labels (Sub Pop, Elektra, Sony) et un split intervenu à l’issue d’une réelle réflexion artistique sur le groupe (et non comme beaucoup à cause de tensions internes), les hommes en noirs reviennent chez Sub Pop.

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2014. Après s’être reformés avec succès pour quelques tournées devant des festivaliers demandeurs, les Afghan Whigs changent de peau et décident de passer en studio pour enregistrer un nouvel album. On pourrait se dire « ok, ce n’est pas le premier groupe à revenir d’un split pour se faire de la tune etc etc ». Sauf que… Ici Afghan Whigs n’est plus le groupe que l’on connaissait à l’époque: Le guitariste Rick McCollum a quitté la formation à la fin des tournées revival pour s’occuper de problèmes personnels. Ne restent plus que le bassiste (John Curley) et Greg Dulli (guitare/chant). En perdant McCollum, les Afghan Whigs ont perdu une balise de repérage pour les fans tellement son jeu était une des caractéristiques du groupe. Mais qu’à cela ne tienne, Dulli décide alors d’embarquer des «all-time friends». On retrouve donc différents guitaristes sur le prochain album, des gens comme Dave Rosser (Twilight Singers, Joseph Arthur,Gutter Twins, The Elected…), Mark McGuire (Emeralds, Jamiroquai, The Brand New Heavies  entre autres) ou encore Jon Skibic (Twilight Singers, Meiko,Miranda Lee Richards…) et bien d’autres comme Alain Johannes et Dave Catching ayant tous deux appartenus à un moment ou un autre à Queens of the Stone Age… il faut dire que Do To The Beast a été enregistré dans le studio personnel de Josh Homme… Ceci explique certainement cela.

Je m’attendais à réentendre les mêmes choses, ce qui, fondamentalement ne m’aurait pas dérangé plus que ça. Je me trompais. Pour l’occasion les Afghan Whigs ont su se réinventer. Dulli a d’ailleurs déclaré qu’il ne voyait pas l’intérêt de sortir un matériel qui ne serait pas une nouveauté dans la continuité. On ne lâche pas ses basiques mais on innove. On retrouvera donc les thèmes chers à Dulli: Amour, sexe, haine, cupidité, vengeance et solitude… Depuis toujours il mène, solitaire, un bras de fer constant avec le mal. Côté musique, alors que les Twilight Singers ont toujours eu un tempo plus calme de façon générale, Afghan Whigs a toujours sonné plus rock, plus énergique. Le disque est hanté, habité. Il a une âme à la fois gracieuse et puissante. Il a énormément de textures et de sons différents. Dulli a su conserver ici l’énergie du groupe tout en distillant dans ses compositions quelques trucs que l’on peut retrouver chez les Twilight Singers. Le lien ci-dessous vous permettra d’écouter l’album en streaming:

[http://www.npr.org/player/v2/mediaPlayer.html?action=1&t=1&islist=false&id=297714232&m=298361893]

Le premier single paru (Algiers) se démarque nettement par son style et avait de quoi surprendre. Il sonne en effet très western, ce n’est pas pour rien que le clip rappellera à certains l’excellent film avec Clint Eastwood l’Homme des Hautes Plaines. Vous savez cette histoire de vengeance qui fait repeindre un « coin paumé » en rouge sang par ses propres habitants… Dulli aime le cinéma (il était d’ailleurs très pote avec Ted Demme, avant que celui-ci ne disparaisse) et emprunte à son side project (les Twilight Singers donc…) son art cinématographique dans le sens où l’album commence par une bagnole garée de nuit devant une maison, fenêtre entrouverte, fumée de cigarette s’en échappant, un visage caché dans la pénombre… Chaque morceau projette une ambiance différente et cela se traduit dans chaque mise en musique. On trouvera ainsi un très bon son groovy sur Matamoros qui tranchera lui-même avec le très orchestré These Sticks ou encore avec le très crooneur Royal Cream par exemple mais tous, sans exception pourraient avoir un clip au petits oignons comme  Algiers. Niveau textes, le point commun de tous ces morceaux restera cette recherche de rédemption que Dulli a toujours traînée dans ses morceaux. Et ça se sent. C’est  poisseux, ambiance film noir. Ça sent la testostérone et les bad boys, et on aime ça.

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Chaque chanson a sa partenaire sur Do To The Beast. Ainsi l’on peut renvoyer dos à dos Matamoros et It Kills, Algiers et Lost In The Woods, The Lottery et Can Rova et enfin Royal Cream et I Am Fire. D’ailleurs les morceaux appairés se suivent, facilitant ainsi l’expérience de l’écoute. La première (Parked Outside) et la dernière chanson (These Sticks)  de l’album jouant l’introduction et le point final de façon parfaite car se répondant elles aussi mais de façon moins immédiate. Cet album montre bien quelques flash-backs des Whigs des années 90, c’est leur héritage,  mais il montre surtout le parcours accompli par des gars qui ont survécu, en dépit des errements, à ces années-là. C’est en définitive un Afghan Whigs 2.0 qui, si j’osais, est mené par un Greg Dulli qui n’a sans doute plus besoin des Twilight Singers aujourd’hui, car la boucle semble bouclée.

So, the men in black are returning…

Greg Pinaud-Plazanet

Une réflexion sur “Les hommes en noirs reviennent: Do To The Beast sort le 15 Avril

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