Alors que certains se débattent ou se battent pour prendre un ferry entre chez eux et leur boulot demain matin, d’autres ressortent leurs palmes et tubas pour aller chercher leur baguette au coin de la rue… L’eau. Cet élément qui nous fait vivre et qui pourtant nous plonge souvent dans la mélancolie si ce n’est pas le désespoir lorsqu’elle tombe du ciel. La pluie, la mer, les étendues d’eau ont toujours été liées à l’imagerie Rock : Smoke on the Water (Deep Purple), Cold Water (Damien Rice), Bridge ove Troubled Water (Simon et son pote Garfunkel), Water (The Who), Walk to the Water (U2), Deep Water (Portishead), Down by the Water (P.J. Harvey) et je pourrais continuer comme cela très longtemps. Et depuis trois jour elle tombe sans discontinuer allant jusqu’à couper du monde des gens biens. Et d’autres. Mais pour les autres c’est pas grave…
Cette semaine vous aurez droit à une interview, mercredi, assez intéressante je pense. Juliette a pris ses plus belles Doc Martens, son beau sac en peau de vache et est partie à la rencontre de jeunes groupes talentueux mais hors du système et leur a demandé si la vie n’était pas trop dure et comment ils voyaient les choses. Vendredi on vous fera réfléchir un peu en posant une question de fond: Qu’est-ce que le Rock pour vous aujourd’hui ? Que ce soit au travers de certains rédacteurs du PdR ou de connaissances, voir de gens rencontrés un peu n’importe où, nous essaierons d’appréhender cette difficile question, sans pour autant apporter une réponse consensuelle. D’ailleurs il ne faudra pas hésiter à laisser vos avis dans les commentaires du blog ou bien sur la page Facebook.
Pendant ce temps-là je serai bien loin à écouter les trucs sur lesquels je suis passé ce mois-ci. Car oui il sort chaque jour énormément de choses et dans les éditos du PdR, même si ceux-ci permettent de couvrir un peu ces sorties, il faut faire des choix, il y a aussi des choses que l’on ne voit pas sortir et qu’on découvre deux jours plus tard, des sorties pas suffisamment couvertes (ou découvertes alors qu’il faut toujours sortir couvert c’est bien connu !) pour que l’on s’attarde dessus de façon spécifique. Ce fut le cas pour All the Luck in the World et de leur album éponyme sorti début du mois de janvier dans l’indifférence généralisée caractéristiques des fêtes de fin d’année. Par exemple. Car ce sont loin d’être les seuls.
Suivant les traces de groupes comme les Meteors, The Reverend Horton Heat, rassemblé depuis 1985 autour de Jim Heath a sorti le 21 janvier: Rev. Et franchement c’est excellent. Le psychobilly n’est pas tout à fait mort, certains continuent à résister ! Mettez ça à fond pour aller au boulot le matin… Parti la raie au milieu, le costume bien taillé, vous arriverez avec la banane, le pantalon plus court de quelques centimètres et des creepers vous auront poussé aux pieds ! Ils ont bien vieillis les gars…
Une autre sortie est passé inaperçue à mes yeux alors que j’aime beaucoup cet artiste, c’est le dernier Ep 6 titres d’Ed Harcourt. Alors que Back to the Woods n’a pas encore un an, il semble que cet anglais possède toujours le secret pour des belles mélodies et Time of Dust le prouve encore une fois. J’espère que ce sera juste assez mainstream pour qu’il soit plus connu du grand public. Je ne suis pas de ceux qui désire garder absolument un artiste underground pour le plaisir de dire « oui mais moi j’écoute des trucs pas connus, j’suis un vrai… » etc etc. Non, le but est de partager la musique et de ne pas la garder dans son pré carré pour faire style…
J’aime aussi beaucoup une autre sortie, tout à fait à l’opposé, musicalement parlant, mais tout aussi flamboyante dans son style, ce sont les canadiens de Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra. Décidément le Canada produit d’excellentes choses. L’album avait été annoncé en novembre mais on a beau se mettre des post-it mentaux pour y penser… J’avais zappé la sortie de F**ck Off Get Free. La voix continue a prendre de plus en plus de place dans leur musique et c’est tant mieux. Il est vrai que lorsque l’on tente la comparaison avec leur premier Lp, entièrement instrumental… on s’éloigne encore plus de Godspeed You! Black Emperor, dont sont issus les trois fondateurs de Silver Mt.Zion.
Et dire que certains pensent que le Rock est mort en France ou pire, n’a jamais existé… j’en connais même qui lui crache dessus au Rock français… et bien je conseille à ces gens-là d’aller se coller l’oreille à l’ampli de Sna-Fu Grand Désordre Orchestre et son Knives & Bells très énergique, aux teintes punk-skate. Si ces gens-là ne balancent pas la tête d’avant en arrière comme dans la vieille pub de la Clio MTV, je ne peux plus rien faire pour eux. Le groupe avait d’ailleurs enflammé les Eurockéennes en 2008… Comme quoi entre ceux-ci et les précédents, derrière des noms pas très catchy peuvent se trouver des perles. Et vu que j’adore la vidéo qu’ils ont faite pour Furious & Fast, je ne peux m’empêcher de vous la mettre ici, à prendre au second degrés bien entendu :
Et puisqu’un édito permet les grands écarts, je voulais terminer sur un petit mot à propos d’un artiste français, artisan du son, à l’esprit définitivement rock (oui, ce n’est pas qu’une musique le rock…). C’est Eddie Ladoire. Je le connais personnellement depuis peu mais si on ne peut plus donner un coup de pouce aux gens que l’on rencontre lors de nos péripéties et pérégrinations… Eddie est un artiste bordelais qui a la particularité d’avoir suivi un double parcours aux arts appliqués et en musique électroacoustique au Conservatoire de Bordeaux, il est donc à la fois plasticien et musicien. Mais à quoi cela sert-il me demanderez-vous ? Et bien cela lui permet de créer des expositions sonores en mêlant support imagé (film, photographies) et support sonore (musique, bruits d’ambiance etc.). Ayant eu la chance de voir une de ses expo il y a peu sur les bords de Garonne, je peux voir dire que c’est vraiment sympa et en plus il vend ses bandes son sur vinyle parfois ! Il nous invite au travers de son travail à repenser nos rapports au son, à l’écoute, à l’espace. Outre ses différents travaux pour la télévision entre autres (la liste est longue…), il a pris part à de nombreuses formations dont le duo Heller, avec le compositeur parisien Sébastien Roux, puis plus tard il a fondé le duo Baron Oufo (drone music) avec Jérôme Alban, musicien bordelais (Ils ont sorti Fréquence Néant en décembre 2012, sur le label Ruralfaune). Ce n’est pas à proprement parlé du rock, mais Eddie est tombé dans le rock lorsqu’il était petit (certains murmurent même qu’il était là quand les premiers rockeurs… enfin bref, je ne voudrais pas mourir trop tôt…je ne dirai pas un mot de plus là-dessus…). Il est parfois intéressant de voir ce que des gens comme lui produisent. Son actualité peut vous donner l’occasion d’aller écouter et voir son travail à Toulouse début février. En effet tous les ans le festival Made in Asia rassemble des artistes français et vietnamiens pour des créations croisées. Le 8 février prochain se déroulera un ciné-concert lors de la projection du film Quand viendra le mois d’octobre du réalisateur multiprimé Dang Nhat Minh. Eddie sera associé pour l’occasion à Vu Nhât Tân, compositeur de musique expérimentale pour mettre le film en musique live. Alors si comme moi, vous aimez avoir un autre regard et ne pas vous cantonner strictement au Rock, n’hésitez pas, rien que pour l’expérience ciné-concert ça devrait valoir le déplacement car ce n’est pas si souvent que l’on peut assister à ce genre d’exercice. Allez visiter ce lien pour voir ce qu’il en est:
http://www.tchin-tchine.com/madeinasia/?p=3223
Bon, la pluie s’est calmée, je pourrais sortir mais je préfère rester au chaud à écouter de la musique, j’ai encore pleins de vinyles à faire ingurgiter à mon chat pour qu’il soit au top. Et puis lorsque vous lirez ces lignes, levez quelques secondes vos yeux vers le ciel, j’y serai, peut-être juste au dessus de vous, qui sait… En tous cas je reléverai les noms des contrevenants. Je serai donc parti quatre jours et je laisse pour l’occasion les clés à Mickael en espérant, comme tout parent parti, ne pas retrouver la maison en bordel parce qu’il aura voulu en profiter pour organiser son projet X.
Greg Pinaud-Plazanet