Novembre… Sale temps pour les sorties. Un peu comme le ciel au dehors me direz-vous. Stephan me souffle dans l’oreille que les nouvelles sont mauvaises, d’où qu’elles viennent, il croit qu’il va neiger… Je le regarde à peine, j’en ai rien à foutre de ce qu’il me dit, je lis mon Rock & Folk ancienne mouture et ensuite j’attaquerai mes vieux Inrocks. Vous savez ceux de « c’était mieux avant ». Ce temps où on traitait la musique et les livres de façon presque artistique, sur fond de photos en noir et blanc avec des longs textes parlant de la musique avec un grand H (comme dans Histoire). Ces articles me manquent. Ils étaient faits de façon… différente. Aujourd’hui on pond des articles sur la musique qui ressemblent à de la pub pour une marque de PQ. 3 lignes et on passe à un autre. On en vulgarise le traitement, on fait passer la musique pour une consommation de masse. Est-ce cela la musique ?
Non. La question n’est pas là. C’est la prendre à l’envers, et même si cela peut plaire, ce n’en est pas moins s’éloigner de la vraie réflexion qui à mon sens doit se concentrer sur tout autre chose: L’humain n’a plus le temps de s’arrêter un moment pour lire des articles de rétrospectives ou traitant de l’impact de tel ou tel artiste sur tel ou tel mouvement, de rentrer dans le travail ou dans le monde de l’artiste dont on lui parle. Aujourd’hui nous sommes à l’heure où l’on avale un article sur le dernier album sorti d’untel et un article sur la montée du cours des fèves au Maroc entre deux bouchées de Corn Flakes au petit déjeuner. Car oui la journée va passer vite, on va nous demander dix mille choses à faire pour hier et qu’il faudra à nouveau, comme tous les jours, sauver le monde alors qu’on ne nous autorise même pas à porter le slibard par-dessus le collant. Oui le vrai problème est là. Non pas le truc du slibard et du collant mais plutôt que ce n’est pas la presse qui a changé notre consommation de l’information mais bien notre société, de par ses besoins nécessaires mais non moins dévorants, qui a changé la presse. Et depuis, je pleure. Au PdR nous essayons de faire des articles avec du fond, des choses un peu plus longues et détaillées que ce que l’on peut trouver ailleurs. Les pressés n’ont qu’à lire les trois dernières lignes de nos articles si cela leur suffit. Mais à tous les autres, je voudrais dire merci de nous lire et de penser que la musique doit se traiter de façon moins succincte qu’un vulgaire Big Mac avalé au-dessus d’une portière, dans une file d’attente. Oh nous ne sommes pas les seuls hein, inutile d’inonder ma boite mails d’insultes en tous genres me signifiant qu’il est absolument nombriliste au possible de penser que seul le PdR ceci, seul le PdR cela. Non, même si bientôt nous serons les seuls car tous les autres ne survivrons pas à notre immense succès, je ne les oublie pas et les salue même au passage car ils existent et que nous avons cette même vision de la musique.
Après avoir philosophé et remercié tout le monde, un peu comme au Oscars, et ce en quelques lignes seulement alors qu’en général nos chers futurs dirigeants ou jardiniers doivent y répondre en quatre heures, je vais vous parler des sorties. Semaine pauvre, comme je le laissais entendre en début d’édito.
Cette semaine donc, Avril Lavigne sort un album… super, je suis vraiment super content pour elle et pour tous les gens qui l’écoutent et qui se seraient perdus parmi nous. Par contre je m’interroge sur le choix du titre du Lp : Avril Lavigne… Oui. Depuis 2002 elle avait réussi à nous faire croire qu’elle était une jeune fille inspirée. Ben non. Raté. Bon, je ne lui en veux pas, elle est bien jolie, quand bien même elle n’a pas le prénom adéquat pour sortir un album en Novembre. Et puis elle habite en France et sait lire le français, alors je ne voudrais pas griller mes chances de me marier avec elle un jour, on n’est jamais trop prudent. De l’autre côté de la barrière, il y a le très particulier mais non moins intéressant Howe Gelb, qui exhibe son The Confidentialist. J’ai toujours bien accroché à sa voix gavée à la rocaille de l’Arizona. C’est tout de même son vingtième album, à ce grand monsieur quasi inconnu des radios actuelles. Vu que cela est à peu près tout, je vais étendre mon bras jusqu’au bac des disques à sortir début de semaine prochaine car il y a des choses sympathiques telles que Fate, une curiosité de Soviet Soviet, typée année 90 mais bien née avec un petit côté Interpol (voix) ou Cure parfois. J’aime bien.
Côté Electro-rock vous pourrez retrouver le duo britannique Psapp et sa mélancolie habituelle mais toujours habitée sur What’s Makes Us Glow. Mount Eerie et sa pop planante à 4 voix vous emmèneront plus loin encore. Avec le groupe de Phil Elverum (découvert en live à Barcelone et écouté durant l’été de façon non modérée), quoiqu’il arrive on se retrouve transporté dans des nuages courant au dessus d’immensités désolées. Pré-Human Ideas sortira le 12 de ce mois.
J’allais oublier que le 11 sortait aussi le Hyde Park Live des Pierres qui n’amassent pas mousse. Honte à moi, tellement focalisé sur la non indispensable sortie d’un Best Of de Keane. Oui parfaitement. Non indispensable. Je peux même vous l’épeler si vous voulez. Ok ils ont déjà sorti cinq albums depuis neuf ans, mais les ventes n’ont pas cessé de s’effondrer après leur coup d’éclat de 2004 (Six millions d’albums vendus) et je ne vois pas bien à quoi sert cette sortie sinon à rapporter un peu d’argent afin de produire le vrai album en attente, s’il y en a un et il se trouve que non. On le sait depuis quelques semaines : Keane fait une pause. Ah ? Parce qu’ils faisaient quelque chose depuis Mai 2012 ? Quel est l’utilité d’un Best Of aujourd’hui, vraiment ? Une façon d’écouter un raccourci de l’œuvre d’un artiste ? Ne me dites pas que la carrière de quelqu’un peut se résumer à quinze morceaux… Cela donne éventuellement une accroche, un avant goût, mais vous pose loin de ce qu’est l’artiste en réalité. Du moins c’est mon opinion et cela tombe bien car je la partage avec moi-même.
Vous le noterez si vous le voulez mais personnellement j’attends la sortie le 11 du très folk et très vocal I’m a Dreamer de Josephine Foster car elle aussi, tout comme Howe Gelb fait partie de ces artisans vers lesquels toutes mes pensées vont en ce moment, et ce n’est pas dû qu’au temps. Je pense simplement que parfois il faut s’éloigner des champs piétinés par les hordes (éclairées ou non) pour emprunter les sentiers de ceux qui, finalement, font la musique mais n’ont pas forcément la même couverture que d’autres.
Sinon demain soir, je ne raterai pas les Pixies en concert au Phare, à Toulouse. Note pour les locaux de l’étape : inutile de me cracher dessus demain soir lorsque vous me croiserez, je sais que j’aurais pu dire Tournefeuille ou mieux encore Tornafuèlha (en occitan) au lieu de Toulouse mais les Lillois qui nous lisent n’auraient alors pas su où cela se trouvait ce qui ne les aurait pas avancé, avouez-le. Et si vraiment vous vouliez me cracher dessus, merci de prendre un ticket et de faire la queue, comme les autres. Aucune préférence régionale. Soirée revival donc car je n’ai pas été vraiment secoué par leur nouvel Ep, cependant le live diffusé sur Arte il y a peu (http://liveweb.arte.tv/fr/video/Pixies_a_l_Olympia/), laisse présager une bonne soirée. 30 euros. Il n’y a pas de petit sacrifice même s’il a fallu sous-louer une partie de la maison pour acheter la place. Du coup nous vivons dans la salle de bain. Bref… Ce concert sera l’occasion je pense de revenir sur l’histoire de ce groupe lors d’un article genre Live Report Rétrospective. Un peu à l’image des reportages Gonzo de Hunter S. Thomson que j’aime tant. Mais sans la drogue. Enfin pas toute en tous cas, je ne tourne qu’au trinitrotoluène en infusion. Et rarement le soir. Sachez en outre, pour ceux qui vont voir Foals en live sur leur tournée que dans mon oreillette, on m’a dit que le show de Bordeaux était pro et millimétré. Presque trop d’ailleurs. Limite calculé et stéréotypé. En gros… manque de sincérité évident donc pas indispensable. Pour moi qui n’ai pas aimé l’album, je m’en balance un peu mais pour ceux qui auraient aimé, et j’en connais une bonne paire, des gens très bien, je préférais vous faire passer l’info en espérant que cela se passe mieux lorsque vous les croiserez. Cette semaine, à l’occasion de la tournée 2.0 de Shannon Wright et des vingt ans de Chokebore, vous aurez droit à deux articles Mercredi et Vendredi sur ces sujets.
En attendant, je vous lâche car ici il fait tellement moche qu’il semble déjà faire nuit et cela me donne une furieuse envie de courir chez le traiteur du coin pour prendre du cassoulet maison en portion et de rentrer chez moi faire chauffer les cassolettes devant un bon feu de cheminée. Ah non ! C’est vrai… ma femme va m’en vouloir de lui ruiner sa détermination à débuter un régime qu’elle seule pense nécessaire, voir vital… (Il n’y a vraiment que les filles minces qui sont dans cette mécanique-là, toutes les autres sachant qu’on les aime comme elles sont ! ). Enfin bon en même temps on ne vit qu’une fois : Let’s be Rock&Roll !
Ah ! Et pendant que nous y sommes, note aux rédacteurs: Au risque de tuer une tradition, mais n’ayons peur de rien, dorénavant on laisse tomber les By dans nos signatures d’article, car à part Ciao en Anglais, cela ne veut pas dire grand chose 😉
Greg Pinaud-Plazanet