Chicago, 12h46. Les pneus crissent sur l’asphalte. J’ai tout juste le temps de monter à bord de l’engin motorisé que mon guide m’indique la direction qu’il prend: « Los Angeles, son ! ». Ça tombe bien, Santa Monica, c’est le but ultime pour un pèlerin biberonné à l’esprit mythique des badlands américains comme moi.
A bord du truck, défilent les Rolling Stones, Canned Heat, et même Dominique A, ce qui m’interpelle tellement que je demande à mon guide pourquoi un tel choix. Il me répond : « J’adooore Dominique A. C’est tout de même mieux que ce rockeur de pacotille de Johnny Hallyday ». Ce n’est pas Dick Rivers qui me contredira. Je m’appuie, éreinté, contre la vitre du gros truck Kenworth, lorsque je suis réveillé par une distorsion… Un rappeur blanc (qui n’est pas Eminem) crie et mon guide américain entonne avec lui le célébre Trucker Anthem... Les paysages défilent à cent à l’heure le long du grand ruban goudronné…
King of the road, dirait Roger Miller. Les VRP aussi, et le conducteur appuie sur le champignon. La playlist, très metal/hard rock/classic rock ne l’incite pas à respecter les limitations de vitesse: AC/DC, Motorhead… La chaleur dehors est écrasante. Et alors que mon nouvel ami transpire la sympathie américaine du midwest, les hommes en bleu de la Highway Patrol, eux, ne me l’inspire pas du tout. Une folle course poursuite s’engage. David contre Goliath, comme dans Duel de Spielberg. Nous sommes arrêtés net à Oklahoma City par un bouchon. Mon ami me crie alors : « Get out son! Run, Run! ». C’est fou, même dans les grandes pleines, on se croirait dans un film hollywoodien…
Au milieu de la ville, j’hésite. J’arrête les énormes monstres cylindrés ou je prends mon bon vieux vélo? N’en voyant aucun venir, et me refusant à en voler un, je finis par prendre un bus de la Greyhound Lines. Un de ceux qui assurent le transport « intercity » comme ils disent. Loin d’être magique, contrairement à celui dans lequel avaient embarqué Roger Daltrey et Pete Townshend dans les années 60, il est au moins confortable. En traversant le Kansas, je m’attends à voir Iggy… Après tout, je ne suis qu’un passager dans ce monde vagabond…
En arrivant au Texas, je ne rêve que d’une chose. Un road train comme ils appellent ça: « Driving a truck with my high heels on »... Oui, même avec des talons hauts, je prends. Des amis, Toby (Keith), John (Rich), Eddie (Mendoza) et même Willie, qui s’était pourtant caché, me payent une tournée à l‘American Diner du coin. « I love this bar’n’grill » nous dit Toby. Alors que j’allais siffler ma quatrième tequila, Billy (Gibbons) apparaît à l’entournure du bar. Il m’incite à le suivre. Une fois dehors, je vois un beau et gros camion rutilant ! Je me retourne vers lui et il éclate d’un rire tonitruant : « Ho Ha ha ha ha! » Sacré Billy…
De retour sur la route, l’odeur de l’asphalte me stimule tel un rail de coke. L.A. n’est plus très loin. J’entends Canned Heat me chanter « On the road again »... J’entre enfin dans L.A alors que Kavinsky m’assène son meilleur riff electro (et pourtant, je ne roule pas en Mercedes). Le temps d’écouter les Red Hot, et Blues Traveler, et je touche finalement le Pier de Santa Monica du bout des doigts: L’Eldorado. Mon Eldorado…
Morale de ce périple sur la route 66 : « les routiers sont sympas » comme le disait Max Meynier sur RTL dans les vieilles années de la radio… Mais comme Dick Rivers le rappelle, c’est pas toujours drôle d’être routier…
Pour comprendre tout ce récit, il ne vous reste qu’une seule chose. Ecouter notre playlist du Peuple du Rock de cette semaine.
A bientôt pour de nouvelles aventures… Groovy….
La Rédaction du Peuple du Rock