Concerts/Festival

Terres du Son 2013 : De la sueur et du son

L’édition précédente de ce festival situé à Monts en Indre-et-Loire (37) avait été quelque peu gâchée par la pluie. Cela ne l’avait pas empêché de battre des records d’affluence. Cette année, le chiffre a encore été dépassé et ce sont quelques 32.000 personnes qui ont pu profiter des conditions « 5 étoiles » de ce festival entré dans la cour des grands.
Il s’agissait de la 9ième édition de Terres du Son, qui, chaque année, se rapproche de plus en plus du panthéon de nos dionysiaques contemporaines. L’unique beauté de son site ; la diversité des publics ; le métissage entre routards aguerris et jeunes espoirs locaux en font sa singularité. C’est ce dont témoigne Julien, 27 ans, chargé de communication et festivalier depuis la toute première édition :
« C’est bluffant, chaque année le festival prend une nouvelle dimension… Que cela soit au niveau de la programmation ou de l’organisation, il ne finit pas de grandir. J’ai l’habitude de ce type d’événement et je peux vous dire que Terres du Son n’a rien à envier aux plus grands. Le Village gratuit est une vraie valeur ajoutée, il est d’une beauté sans égale. » Et si on note une meilleur organisation du côté des festivaliers, c’est grâce à la nouvelle disposition du site. En effet, plus besoin de descendre jusque dans la plaine du Château de Candé ce qui,selon Mar ylise, 21 ans, étudiante et festivalière depuis trois éditions, est une très bonne nouvelle :
« C’était épuisant de faire tous ces allers-retours quand vous logiez au camping. Maintenant c’est beaucoup plus simple, tout est concentré. Lorsque vous restez trois jours, cela change considérablement la vie !« .
​Arrivé dans l’après-midi du vendredi 12 juillet, tout juste le temps de jauger l’ambiance au camping des festivaliers, nous nous dirigeons vers le concert de Skunk Anansie. Fidèles à eux-mêmes les britanniques ont électrisé l’atmosphère en titillant le public de façon incessante, pour son plus grand plaisir.
La place chauffée, c’est aux pontes d’IAM de faire leur entrée. Les Marseillais rendent une copie attendue mais efficace en distillant un mélange de tubes et d’extraits du nouvel album. Enfin, c’est à Trombone Shorty de faire son numéro. Le groupe jazz de la Nouvelle-Orléans diffuse des ondes magiques destinées à recharger nos batteries, s’il le fallait en ces heures tardives. Puis c’est Kavinsky qui s’occupe de nous roder le moteur, lui qu’on a découvert dans l’OST du film Drive. Un set bien calé mais sans trop de virtuosité, qui nous offre un dernier tour de piste honorable. Les concerts sont finis mais la Bulle a encore de quoi nous faire planer. La Bulle, c’est une scène qui, comme son nom l’indique, reproduit la petite quantité d’air à l’aide d’un revêtement en plastique. A l’intérieur, un DJ nous fait vibrer en combinant sons et images sur les parois de la Bulle : un pur moment d’évasion.

Terres du Son 1

Samedi, la chaleur nous réveille mais la bonne humeur du camping nous fait vite oublier la fatigue. Nous profitons des cuisines du monde et des espaces détente que nous procure le Village gratuit. Le regard rêveur, perdu dans l’exceptionnel panorama qui donne sur l’aqueduc de Monts, nous songeons que, décidément, l’Indre-et-Loire est une véritable terre bénie. Et notre délicieux état de latence ne fait que perdurer lorsque Mathieu Boogaerts atterri pour nous susurrer aux oreilles un songwriting original. On aurait pu finir par tomber dans un sommeil béat si Salif Keïta, le musicien Malien ne nous avait pas subitement téléporté sur ses terres africaines grâce à ses rythmes endiablés.
La torpeur des foules en transe, Archive connait cela. Coutumiers de l’exercice dans des stades remplis. Lancé en vitesse de croisière, ils foudroient l’assistance avec une pop-rock nonchalante mais brillante, épithète couru en Outre-Manche.
En parlant de vitesse de croisière, rappelons-nous que ce skipper de Breakbot avait été chahuté au large des Solidays après une prestation moyenne. A Terres du Son, c’est avec une dégaine digne d’Antoine qu’il nous a fait prendre un panard comparable à un cocktail coco-vahiné servi quelque part, les pieds dans le sable chaud et blanc d’un atoll où le cri de l’hurluberlu-chansonnier résonne encore (ATOOOL !).

Terres du Son 002

Enfin, Dimanche, la température n’en finit pas de grimper. George Clinton, la légende du funk n’y est pas pour rien, lui qui, lors d’une représentation tonitruante, accompagné de danseurs aux gestes et accoutrements farfelus, a mis le feu !
Puis Oxmo Puccino. Enorme prestation, comme à son habitude ! Un Hip-hop parfois mâtiné de rock et d’électro, comme un emblème de ce festival éclectique. Selon nous, c’est la meilleure performance du festival… Sa voix qui ne flanche pas, si grave qu’elle ventouse nos tympans et qui nous fait dire qu’avoir la classe et être ghetto ne sont pas antinomiques. C’est la prestance d’un héro de Francis Ford Coppola et la maîtrise tranquille, experte de son art.

Terres du Son 003

La tête dans les étoiles après une telle démonstration, encore tout amourachée de la terre entière, il a fallu Jukebox Champions pour nous métamorphoser. De Bisounours, ils ont fait de nous des Fox Terrier un jour de battue. C’est à notre sens, la bonne surprise de ce festival . Durant deux heures ils nous ont envoyé dans les cordes à force de beats percutants et de chicanes vibrantes dans les mollets.
Après une bonne heure et demie d’intensité Jukebox Champions ont décidé que notre compte était réglé et nous sentons déjà la fin du festival qui approche. Mais les surprises ne sont pas terminées et c’est lors de la représentation tout en sauts de cabris des locaux Chill Bump que la coqueluche du jardin de la France (l’Indre-et-Loire pour ceux qui ignorent cet eldorado)  est arrivé: Biga Ranx ! Et force est de constater les énormes progrès du petit prodige de la scène dancehall française : ses cordes vocales ont gonflé, son flow a encore accéléré sans pédaler dans la semoule et ses pattes d’araignée n’en finissent plus de saccader leurs mouvements !
​Nous repartons du festival avec la ferme intention de revenir l’année prochaine et l’espoir d’être en mesure de jauger à nouveau de considérables progrès. Terres du Son, un événement incontournable, en devenir, qui révèle la vitalité de sa scène locale et exhibe avec douceur les ressources de ses landes.

By Anthony Biet

Photos By http://davycroket.com/

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