On ne crée rien à partir de rien, selon la vieille maxime latine. Le 10 décembre 2012, Deputies a sorti son premier EP « First Date », une copie soignée mais pas assez personnelle.
Classique. C’est ainsi que l’on peut qualifier l’histoire ; le style et la composition du nouvel EP de Deputies : First Date. Le groupe se forme à Lyon en 2002, monte à Paris en 2008, et depuis, a fait quelques apparitions sur la scène parisienne. Décembre 2012, le premier EP est enregistré. Quelques mois plus tard, en mars, « nos députés » sont élus grand gagnants du concours SFR Jeunes Talents pour faire la première partie de BB Brunes au Festival Rock The Pistes 2013.
Côté influences, le quartet se dit proche des Strokes ; de Arctic Monkey ainsi que des Hives. Oui, tous les éléments sont rassemblés en ces quelques lignes pour anticiper l’écoute de l’album. Une histoire insipide, une formation française de plus qui piétine la frontière entre inspiration et plagiat de ses homologues angliches. Alors, préjugés de petit bourgeois cynique que sont ces considérations? First Date (pour signifier qu’il s’agit-là de la première rencontre avec le public, mais la traduction anglaise est so much more catchy… on dit catchier ?) vaut-il mieux que cela ? Ne promet-il pas de meilleures augures qu’un contrat saisonnier, amèrement regretté, la gueule de bois au bord des pistes de ski un lendemain d’ « after » en coulisse avec les BB Brunes ?
A l’écoute du premier titre on se dit que non. Le spectre de Nick Valensi plane sur Back in Town, et comme trop vivant, sa lumière empêche à la descendance illégitime de briller. C’est la même phrase saccadée et omniprésente qui revient et pilote, couverte par la même batterie toute aussi régulière. Et la voix! Alex Turner (leader et notamment chanteur d’Arctic Monkey), à s’y méprendre! Seul l’accent nous rappelle que nous sommes en présence d’un postiche frenchy. Hommage? Plagiat? On est malheureusement bien trop proche de ces deux prédicats pour parler d’inspiration. Malgré cela, la mayonnaise prend et ce croisement entre pop et garage qui, on l’aura compris, ne vient pas de leur propre innovation, donne envie d’endiabler sa mèche. Finalement Deputies réussit l’exploit de pasticher le tube d’un superband qui n’a jamais existé : la fusion d’Arctic Monkeys et des Strokes.
Continuons néanmoins, car combien de fois a-t-on vibré grâce aux sosies de Cloclo ? Ne nous privons pas de ce plaisir. Car le plaisir est réel, l’EP est bien produit et contient quelques tubes en puissance comme nous le verrons plus tard. Smith and Weston, typique des slows « boomesques » susurrés par la voix de crooner du tant décrié Suck It and See. De l’imitation d’Alex Turner sous toutes les coutures, on commence à en mesurer la performance !
La transition étant faite avec ce deuxième titre, on entre totalement dans la période contemporaine du groupe référence avec Louise Avenue, ballade romantique. Un panorama express sur la carrière des gamins de Sheffield étant achevé, on se demande ce que vont bien pouvoir reprendre les Deputies désormais… You gotta vient remettre un petit coup de fouet après deux titres reposants pour prendre une teinte plus Strokes cette-fois ci.
Enfin, nous entrons déjà dans la dernière partie de l’EP, et cette quatrième piste est sans hésitation l’acmé de l’album ; on y entend plus de créativité, de singularité et de détachement par rapport aux maîtres. Refrain accrocheur et chœurs finals, la recette est celle du tube. On entend les conspirationnistes anti-sionistes crier au complot : quoi ! Est-ce un hasard si les Deputies ont squatté les pistes aux côtés des BB Brunes ou les aurait-on d’avance désigné comme dignes remplaçants? Non, nous choisirons l’explication selon laquelle les lyonnais, le cœur parlant, connaissaient chacun une Selfish Girl…
Puis, en guise de clausule, Hustler : on n’ose se demander si la réussite du titre est, elle aussi, liée à un quelconque vécu. Sans doute gardaient-ils du jus pour le raid final. Les Deputies seraient alors des marathoniens ? On souhaite une telle montée en puissance pour leur prochain album et leur carrière, qui pourrait bien truster le Top 10 de Virgin 17 dans quelques années…devant BB Brunes! En entendant nous pourrons assister à leurs performances ce soir, 30 Mars, au Bus Palladium (Paris) et au Festival FIMU à Belfort qui se déroulera du 18 au 20 avril.
By Anthony Biet