En avant première, Le Peuple du Rock a pu écouter le nouvel album du génie canadien.
C’est devant une ruelle étroite que se place Ron Sexsmith sur la pochette du nouvel album qui sortira le 4 Février prochain. Intitulé Forever Endeavour, cet album se révèle être une très bonne cuvée 2013 pour le songwriter de talent que représente Ron Sexsmith.
Et pour cause : on lui doit la chanson Gold In Them Hills, immortalisée pour Katie Melua, et pour laquelle Chris Martin, leader du groupe Coldplay, avait enregistré les chœurs. Emmylou Harris lui a aussi emprunté une chanson pour en faire même le titre de son dernier album paru (Hard Bargain en 2011). Ron Sexsmith a définitivement une patte, un son qui lui ressemble et que de nombreux artistes n’hésitent pas à lui envier.
Son nouvel album, le treizième, est un album important pour lui. Il fait en effet suite à Long Player Late Bloomer, l’album qui avait été nominé pour un Juno Awards notamment. Produit par Bob Rock, producteur entre autres de Metallica (le Black Album) mais aussi de The Offspring, l’album réalisa une véritable prouesse que Ron résume ainsi. « Avec Long Player [Late Bloomer], je voulais faire quelque chose comme « Tapestry » [album de 1969 qui révéla la chanteuse Carole King, ndlr] – quelque chose d’accrocheur du début jusqu’à la fin ».
Cependant, bien que Long Player Late Bloomer soit une grande prouesse, c’est Mitchell Froom qui est choisi pour enregistrer le nouvel album. Dès l’été 2011, Ron prend contact avec son ancien producteur historique (il avait réalisé ses premières réalisations durant les années 90, dont l’album Whereabouts en 1999). Le choix fut évident non seulement parce que les deux personnes s’admirent, mais aussi et surtout parce que Mitchell Froom lui proposa d’allier sa voix avec des arrangements mêlés de cordes et de bois…C’est en cela que l’album sonne résolument différemment de celui enregistré quelques mois plus tôt.
Différent mais on y retrouve la voix magnifique de Ron Sexsmith. Comparable à certains égards à celle de Paul McCartney, la voix de Sexsmith s’accorde parfaitement avec les arrangements de Mitchell Froom. Sur Back of my Hand et Sneak Out the Back Door, la ressemblance vocale entre les deux personnes est flagrante : Back Of My Hand est délibérément influencé par ces mélodies de l’Angleterre des Beatles. Ron explique même que cette chanson est quelque chose que « les Rutles auraient pu faire ». Les Rutles étaient ce groupe parodiant les Beatles crée par deux anciens Monty Pythons (Neil Innes et Eric Idle), avalisé par George Harrison.
Au demeurant, Back Of My Hand, dernière chanson écrite pour l’album, raconte une histoire particulière, celle que Ron a vécu. Durant sa dernière tournée, on lui découvre alors une protubérance dans sa gorge : pour vérifier ce qu’il en est, on lui fait donc passer une batterie d’examens. D’où, pour lui, l’aspect philosophique de nombreuses des chansons écrites durant cette période, dont Back Of My Hand qui traite exclusivement de ce sujet. D’où également la mélancolie de cet album, que l’on retrouve sur des chansons comme Deepens With Time et The Morning Light.
C’est donc ça l’originalité de cet album. Il colle parfaitement à la vie de Ron Sexsmith, qui en avait besoin. « C’est probablement l’album le plus personnel que j’ai produit, (…) que j’ai essayé de faire toute ma carrière, mais pour des raisons diverses, soit je ne chantais pas assez bien soit je n’avais les bonnes chansons ». Les bonnes chansons sont des chansons au son lumineux, mais aussi au son délibérément sombre, qui font penser à des albums comme Neil Diamond ou surtout Glen Campbell : c’est le cas de Lost in Thought, mais aussi de Nowhere Is. A la fois folk et pop, l’album arrive à nous transporter dans un état étrange, celui propre à chaque album qu’en France on classe dans la catégorie Americana.
Si l’album sonne résolument moins pop/rock, le premier single de l’album est une exception : en effet, Snake Road, qui prend directement son influence chez John Lennon, est exactement ce qu’on appelle un tube : l’arrangement de Mitchell avec congas et bois à l’appui est extrêmement bien placé. Enfin, les amoureux de mélanges entre instruments classiques et rythmes jazzy seront comblés en écoutant Blind Eye.
Un mot enfin sur les musiciens de cet album : Ron Sexsmith s’est entouré de musiciens West Coast, notamment Greg Leisz, fabuleux joueur de pedal steel [qui joue notamment sur le dernier album de John Mayer], mais aussi le bassiste Bob Glaub et le batteur Pete Thomas. Bien s’entourer, c’est aussi et surtout une des clés de l’efficacité du nouvel album de Ron Sexsmith.
Pour les amoureux de cette musique, sachez que l’artiste canadien sera le 28 février 2013 à La Maroquinerie à Paris.
Forever Endeavour – Sortie le 4 février 2013
Pour plus d’info, consulter www.ronsexsmith.com
By Mickael Chailloux
Dans un monde de show business où tes ventes déterminent ta durée de vie, RON SEXMITH m’ apparaît toujours comme l’intègre face aux corrompus.
Si depuis 1991 et Grand Opera Lane (sorti en cassette) il a conquis ses armoiries et titres de noblesse, Ron Sexmith n’est pas mainstream, tout comme le Blues avec qui il partage soul et groove. Et c’est à un amour immodéré de la musique, sans doute, qu’il doit d’être là.
Sur le précédent album, Long Player Late Bloomer, il a eu l’ambition mesurée de tenter la conquête d’un public plus large, mais de trahison, jamais il n’a été question au fil des ans.
Avec Forever Endeavour, treizième album à paraître le 5 Février, Ron Sexmith ne fait ni une pause ni un retour au bercail. Il ne cherche plus, il a trouvé.
Il a trouvé la playlist idéale, insensée, comme tirée de vingt ans de titres inédits.
L’album s’écoute d’une traite, parcours douloureux, inventif, chaleureux, gouteux.
Ce timbre de voix, ces petites inflexions mémorables, tout de guitare brodé, font de Forever Endeavour un album simple et somptueux.
Ron Sexmith, jamais élitiste, mais esthétique à jamais, m’y déroule le tapis rouge : je me sens intelligent et inspiré, d’un seul coup ma vie n’est plus ordinaire, et pourtant, son pas ne laisse pas d’empreinte immédiate…en fait c’est plus subtile, tu verras…
Longtemps après il maitrise les battements de ton coeur.