Découvertes/Review

The XX: Une aventure à trois

Souvenez-vous, en 2009 sortait une petite bombe minimaliste de bonne facture et assez intrigante : XX. Les jeunes de The XX étaient alors partis sur la route du succès tout en endossant la pression qui va avec.

Le 11 septembre 2012, après quelques écarts remarqués et salués (surtout ceux du claviériste/drum man Jamie Smith qui sous le nom de Jamie XX a sorti en 2011 l’EP Fear Nearer, acclamé comme il se devait), sortait Coexist. Le nouveau LP du groupe comporte 11 titres et était bien-entendu attendu au tournant vu le succès du premier album. Alors que peut-on dire de Coexist ?

« Coexist », The XX

Tout d’abord il faut préciser certaines choses qui ont présidé à ce nouvel LP : Après l’album XX, un des membres est parti, ou s’est fait viré, on ne sait plus trop bien et franchement peu importe. Cela a permis au groupe de décider de façon très claire la route qu’il voulait prendre pour la suite. De même la façon qu’ils ont eu de jouer leurs morceaux en public lors des tournées ou des festivals : Les morceaux étaient joués de façon différente parfois et le groupe a été surpris de voir que le public dansait alors qu’ils pensaient jusqu’ici que leur musique était assez statique. Ensuite, Jamie Smith, sous son nom de scène DJ-remixeur a fait l’expérience d’une électro et d’arrangements plus poussés. Enfin, le groupe s’est bâti son propre studio et a composé à six mains ce qui n’était pas vraiment le cas lors du précédent album vu que les textes existaient pour la plupart déjà auparavant.

Là non, ils sont repartis de rien. Nada. Il a fallut trouver l’inspiration, rentrer dans un réel processus créatif et certains rôles dans le groupe ont été changés de façon naturelle quant à l’approche même des textes : Alors que la procédure de collage à partir de textes écrits chacun de leur côté était de mise en 2009, il a fallut écrire ensemble et ce n’est pas du tout le même exercice. Il faut se mettre à nu devant l’autre. Phénomène tout à fait lié : Il y a aussi plus d’interaction entre les voix, qui elles aussi ont un peu changées car l’adolescence de 2009 est passée. C’est sur Oliver Sim, le bassiste-chanteur, que cela se ressent le plus. On sent aussi un certain gain d’expérience au travers des textes. Quelques années sont là aussi passées.

Coexist représente donc un mix intelligent de tous ces facteurs, comme son nom peut l’indiquer d’ailleurs. Il a fallut qu’ils l’enfantent ensemble, vivant quasiment ensemble. Cet album sonne donc différemment du premier. Certains morceaux sont plus rythmés, un poil plus dance aussi parfois, ou du moins en emprunte brillamment certains artifices. Jamie Smith, dû à ses récentes collaborations était chargé de nouvelles idées, mais arrivé au studio et avec les autres il a fallu faire des choix, parfois revenir sur les envies, en apporter d’autres à maturité. C’est cela aussi la coexistence.

La voix de Romy Madley Croft me fait personnellement toujours le même effet, celui d’être sur un nuage cotonneux et sa voix sert les morceaux de façon plus subtile, sans doute fruit ici aussi du nouveau mode d’écriture. Elle a eu l’occasion de collaborer avec le groupe Creep et de voir d’autres façons de travailler, cela a certainement ouvert quelques horizons aussi.

Romy Madley Croft & Oliver Sim

Pour parler des morceaux en tant que tels, le LP s’ouvre sur « Angels », sorti avant l’album. On reconnaît d’emblée le son de la guitare, la voix. Pour le reste de l’instrumentation, la finesse se fait sentir sur le côté rythmique. Le morceau annonce la couleur de la suite en positionnant, tout comme le premier album, Coexist sur le thème de l’amour. Sur le second morceau, « Chained », ce sont les deux voix de Romy et d’Oliver qui se répondent et interagissent de façon plus complexe que leurs morceaux précédents. On reste tout de même dans le connu, n’allez pas penser que cet album est très différent de XX, non. Le son de la Les Paul de Romy (seul point critique pour moi vu que j’aurais nettement préféré une Fender Jaguar, mais les goûts et les couleurs comme on dit…) est dans les mêmes tonalités, les mêmes plages de sonorités et c’est tant mieux puisque c’était déjà un truc que j’aimais tout spécialement sur le premier album et qui lui donnait une certaine pureté cristalline. Je passerai rapidement sur « Fiction » et « Try« , rien de plus à dire, ça fonctionne très bien, du XX quoi. « Reunion« , le morceau suivant aussi, mais on commence à voir apparaître quelques sons supplémentaires au clavier, non pas que celui-ci soit absent du début de l’album, non, mais il se fait plus présent ici. « Sunset » a un beat plus entrainant et je pense qu’en live ils pourront se permettre de retravailler un peu le morceau pour en faire un truc ou tu bouges ton corps, il en a le potentiel. En attendant il rempli son office et entraine l’écoute plus loin. Là aussi les voix se répondent de façon plus étudiée.

Le morceau suivant « Missing » est peut-être le morceau qui est le plus planant de Coexist. La voix d’Oliver Smith se répand en nappes de reverb, la guitare de Romy l’égraine au contraire, c’est calme c’est bon. Vient ensuite « Tides« , deux voix qui commencent le morceau pour se faire rattraper par les nappes du synthé, la guitare est inhabituelle pour du XX, tout en se rattachant clairement à leur son. « Unfold » pour sa part aurait tout à fait pu se trouver sur leur premier album, même si on y sent bien le changement dans la voix du chanteur. La reverb du chorus donne de la profondeur au tout, alors ok on pourra se dire que l’usage de la reverb chez eux tient de l’incapacité à trouver les boutons des autres effets mais… force est de constater que si vous pensez cela, vous n’avez rien à faire avec un de leurs disques entre les oreilles. La légèreté de « Swept Away » peut surprendre mais là aussi ce morceau fonctionne bien, c’est l’un des morceaux les plus loin qui soient du premier album. L’ intro est pour eux atypique, le beat Dance qui s’installe après aussi, je pense qu’en live nous aurons plus de morceaux arrangés dans ce sens. Enfin « Our Song » termine Coexist de façon soft, enfin tout l’album reste soft hein ! on est loin, très loin d’un Shakira tout de même, je sais bien que certains ont frissonné lorsqu’ils ont lu le mot Dance mais soyons sérieux… La basse est toujours discrète, presque timide mais joue la carte du support, et à part quelques nappes sonores appuyant le chorus, les voix qui se marient bien, je n’ai rien à dire sur cette parfaite conclusion à part que je me prends d’une attirance sans borne pour la touche repeat vu que je la presse dès que ça se finit.

By Greg Pinaud-Plazanet

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