Ladylike Dragons sort un nouveau single. Nouveau, pas tant que ça puisqu’il s’agit simplement de la seconde piste de leur Lp Turn Them into Gold, sorti en Octobre 2011. En fait ce qu’il y a de nouveau c’est que Love and So On est un EP en réalité et le morceau titre est accompagné de trois morceaux que je ne connaissais pas : « The Big Waste », « Sunny Side » et « Sexual Thing ».
Avant d’aller plus avant et de vous parler de cet EP, on va faire un petit rewind tape car peut-être ne connaissez vous pas Ladylike Dragons, groupe de rock de la scène française, originaire de Meaux en Seine et Marne et qui a réussi à s’imposer dans le paysage en chantant en anglais.
Ladylike Dragons est ce que qu’on pourrait appeler un Power Trio. Pourquoi ? Je vous le donne dans le mille, déjà c’est parce qu’ils sont trois : Une bassiste-chanteuse, Cindy ; une guitare que l’on dit inspirée en la personne de Sébastien et enfin Yann, le cogneur (batteur). Et là vous me direz ouais ok bon ils sont trois, la belle affaire, mais pourquoi Power ? Et là je vous répondrai : Pour l’énergie qu’ils dégagent, à la limite du punk parfois, toujours très rock.
Ladylike Dragons s’est monté en 2006 mais ne sort un EP qu’en 2009 qui s’appelle fort justement First Release. A ce moment-là je ne les connais pas et ne m’intéresse qu’épisodiquement à la scène française, pourtant quand sort leur Lp Heart Burst à la fin de 2009, j’avouerais alors être passé à côté d’un truc. Le truc en question c’est « Sun Dog Trail« . Un morceau bien loin des quatre autres que l’on peut trouver sur First Release. Un truc calme, où je découvre une voix qui peut aussi être tout en nuances, même si on la voudrait peut-être plus sensuelle car l’orchestration s’y prête. En tous cas, ce morceau ainsi que celui qui termine l’Ep How It Strikes m’interpelleront à postériori par rapport à leur date de sortie initiale.
Heart Burst sort donc fin 2009 et je pose alors mes oreilles dessus par inadvertance, presque par accident en parcourant les news du web spécialisé. L’album semble mieux produit que leur Ep, la voix semble avoir évolué , il n’y a qu’à écouter le morceau d’ouverture « Slavery« , « The Wisdom of My Faith » ou encore « Travel Box » pour s’en convaincre. Le Lp est très rock, « 13 minutes » et « My Need of Naughtyness » lorgnent un peu vers le punk, ou tout du moins vers un rock énergique et un poil déjanté, conférant une certaine énergie fédératrice à l’ensemble. Les riffs très rock parcourent l’album comme sur « Like a Reptile » ou « The Ghost and the Living« . Des sonorités anglaises (« Not a Love Song« ). Et puis que dire du sensible « Campfire« … tout en finesse, espèce de repos du guerrier après l’écoute d’un album très électrique.
Fin 2011, le trio sort Turn Them Into Gold chez Nice and Rough Records. Pourquoi tant de temps entre les deux albums ? Sans doute parce que Ladylike Dragons a beaucoup tourné. Entre les deux sorties il y a eu des concerts à travers toute la France, des rencontres importantes notamment avec Izia Higelin (dans la famille Higelin, je demande la fille… Bonne pioche !) alors chanteuse du groupe rock, tout aussi énervé sinon plus, portant son prénom. Du coup les trois dragons se retrouvent à faire la première partie d’Izia (mais pas seulement, ils tournent aussi avec Mademoiselle K, I am X…) ce qui va leur fournir un excellent moyen de se faire connaître d’un public très rock. Ladylike Dragons est sans concessions, ils veulent faire passer ce qu’ils aiment jouer, et comme ils aiment le jouer. C’est donc à la fin d’une tournée qui n’a pas dû être de tout repos que le trio de dragons se lance dans la composition de leur deuxième album.
Turn Them Into Gold est pour moi LE Lp à écouter si vous voulez une bonne approche du groupe et si vous ne les connaissez pas. Pourquoi ? Pour sa réalisation déjà, sa recherche de sonorités, de petits trucs qui les démarquent bien. Une voix toujours en progression depuis les débuts, une guitare qui s’affine nettement et qui gagne en subtilité, que ce soit dans les effets ou bien dans la façon de s’en servir pour accompagner la chanteuse comme sur « My Dad » par exemple. C’est un album très abouti, ce à quoi, après le run des concerts et la compo s’enclenchant directement derrière je ne m’attendais pas. Les morceaux sont plus matures, « I’m a Shoegazer » est excellent et représente pour moi une bonne illustration du développement de leur musique. Si Ladylike Dragons n’a pas changé, le trio a évolué, sans conteste. Tout s’enchaine bien mieux, tout se fond avec plus d’harmonie, il n’y a qu’à écouter la chanson titre de l’album pour en avoir la preuve. Même si l’on peut parfois se dire que cela devient un peu plus pop, c’est dans le bon sens du terme. Ici on parle de pop-ROCK. Non, je ne l’ai pas mal écrit… Le groupe a su pondre un truc qui, tout en évitant de renier leurs tripes, les met à la portée d’un plus grand nombre de gens à mon sens et c’est une bonne chose car ils le méritent. La réalisation y fait beaucoup. On retrouve d’ailleurs « Sun Dog Trail » sur ce Lp, morceau qui s’affichait sur leur premier Ep. Ecoutez les deux versions, celle de 2009 et celle de 2010 et vous comprendrez ce que je veux dire… Exit la guitare acoustique, bonjour les sonorités un peu plus bluesy d’une guitare délivrée en petites touches intelligentes tout au long du morceau. La voix a pris de l’assurance et s’est étoffée. J’aime aussi beaucoup « Your Enemy« , ce départ un peu vaporeux qu’on sent bien sur le bord de l’explosion sans jamais y tomber pourtant, tout en restant puissant. LadyLike Dragons semble s’être forgé ses armes, en seulement deux albums, pour attaquer la scène internationale et se hisser au niveau des grands groupes de rock qui tournent en ce moment.
Alors finalement le dernier Ep sorti, ça donne quoi ? Si l’on évitera de parler de la chanson titre « Love and So On », très bonne mais que l’on trouve déjà sur Turn Them Into Gold, les trois autres morceaux sont assez différents les uns des autres. « The Big Waste » est assez bluesy dans l’orchestration mais la voix fait toute la différence et garde le morceau dans le registre rock qui fait du bien. « Sunny Side » pourrait presque sortir d’un Lp des White Stripes et « Sexual Thing » aligne une bonne guitare au son blues-rock énergique et un chant qui invite à se bouger.
Ladylike Dragons montre avec leur deuxième album et la sortie de cet Ep que le groupe est prêt à affronter les festivals cet été avec un bon line up de morceaux pêchus qui trouveront toute leur dimension en live, sans aucun doute, en alliant émotion et puissance rock. Pas mal d’articles les classent dans un univers proche d’un Jeff Buckley croisé d’une PJ Harvey, personnellement ce n’est pas mon sentiment, je trouve au contraire qu’ils ont su se construire leur propre truc, rien qu’à eux et c’est tant mieux !
Greg Pinaud-Plazanet