Grands Classiques/Review

Neil Young, un cheval fou à travers l’Amérique

Parce que les choses sont comme cela, la musique « folk » a son public autour du monde, y compris en France. Aujourd’hui, la musique « folk » est celle qui est synonyme d’un homme tout seul avec une guitare chantant des ballades déprimantes. La musique « folk » c’est aussi l’apogée des singer-songwriters, de la musique Americana, à la manière de Ryan Adams ou autre Hayes Carll. Et si la musique americana, c’était autre chose ?

C’est ce voyage, par des routes détournées, n’empruntant pas la Lost Highway mais les grandes plaines sur son cheval fou, que Neil Young nous propose dans son dernier album, appelé tout simplement Americana. On vous l’avait déjà annoncé sur Le Peuple du Rock .

Neil Young et sa pochette interessante

Tout d’abord, c’est l’album des retrouvailles avec le groupe qu’il avait délaissé pendant quelques années, le Crazy Horse, à savoir Billy Talbot, Ralph Molina, Frank Sanpedro. C’est son premier album avec ce groupe depuis 2003 et l’album Greendale. Avant, il y avait eu l’album de référence pour de nombreux fans de Young avec son cheval fou, Ragged Glory, grunge au possible. Aujourd’hui, force est de constater que la façon de travailler est toujours la même, et la rage toujours aussi électrique.

On parlait dernièrement de John Mayer, mais Neil Young est un aussi caméléon. Il est passé par tout les genres musicaux, du country-rock des débuts avec le Buffalo Springfield jusqu’au musiques électroniques avec l’album Trans (qui mériterait d’être réhabilité), en passant par la country traditionnelle, le rockabilly, le grunge et le rock bien sûr…l’artiste canadien n’en est pas à son premier coup d’essai. Pourtant, à près de 60 ans, il fait encore mouche. Et comme Springsteen, il observe le monde, comme il l’a toujours fait en montant par exemple avec Willie Nelson et John Mellencamp le Farm Aid. C’est peut être ça le but de l’album qu’il nous propose, Americana, sorti le 4 juin dernier.

Neil Young et le Crazy Horse en 1975

C’est un album de reprises. Faites entendre votre déception, chers fans de Neil Young ! Non pas que le Loner ne sache plus écrire, mais comme Springsteen, Nelson ou d’autres, n’ayant plus rien à prouver il a décidé de faire ce qu’il veut. Cet album n’est pourtant pas un album de reprises anodines, le titre vous a peut être aidé : Americana. Ces reprises couvrent une large periode, entre 1776 et 1964, soit entre la déclaration d’indépendance des Etats Unis et la décénnie de certains des plus grands changements mondiaux. C’est un pan entier de l’histoire qu’il souhaite réécrire avec cet album, réécrire parce qu’il adapte plus les chansons traditionnelles qu’il ne les reprend.

Dans un petit livret (petit, vraiment…), Neil Young explique et retrace l’histoire des chansons présentes sur l’album, donnant des vraies indications sur des morceaux que les Americains connaissent quand même assez bien mais qui parfois, pour nous, simples européens, peuvent nous sembler farfelues, démodées ou que l’on ignore complètement.

Quelles sont ses chansons, au juste ? Au hasard, « God Save The Queen ». Neil Young reprend en effet l’hymne anglais, en y ajoutant quelques couplets avec la mention de la liberté, de l’émancipation des américains face aux anglais. Il reprend aussi la chanson fondatrice de Woody Guthrie, inspirateur de Dylan et de Springsteen, « This Land Is Your Land », se targuant même de chanter la version du vieux manuscrit de Guthrie. Encore un classique puisque cette chanson est apprise par tous les enfants des Etats Unis, peut être même en méconaissant la véritable portée de la chanson.

Neil Young en 2012

Le gospel est là avec « Jesus Chariot », ancien « Negro Spiritual ». Le rock des années 50 est là avec « Get A Job » à l’inspiration très surfin’ USA mais aux paroles vraies, sur le travail. Bien-entendulLe rock est aussi de la fête dans cet album, notamment grâce aux arrangements. Il s’autorise aussi un extra, la reprise de « High Flyin’ Birds », des Squires, le premier groupe de son ami Stephen Stills, qui fait aussi des chœurs sur l’album, notamment sur « This Land Is Your Land ». Et puis bien sûr, il y a le premier single: « Oh Susannah », une chanson qui sent bon les pionniers cowboys, dans une version revigorée, inspirée de la version du pionnier du folk-rock Tim Rose.

Enfin, l’album contient aussi une magnifique version du classique de « 1868 Tom Dooley », déjà popularisée en 1958 par le Kingstown Trio, qui dure 8 minutes. Cette version allongée contient peut être ce qui rend cet album attachant, à savoir une bonne dose d’esprit americana, et une bonne dose de rock ravageur. Vous aurez compris que cet album est un trésor, pour reprendre la formulation de son album live qui était sorti il y a quelques temps. Un trésor qu’il faut conserver à la manière du manuscrit de Woody Guthrie, précieusement !

Americana – Neil Young & Crazy Horse – 2012

By Mickael Chailloux

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