Review

Concrete and Gold, The Foo Fighters entre rock mélodique et hard rock

Difficile de ne pas aimer les Foo Fighters. D’une part, Dave Grohl est un type qui respire la sympathie, ensuite parce que le groupe est né des cendres encore chaudes de feu Nirvana, enfin surtout parce qu’ils sont une vraie machine à tubes sans pour autant faire de concessions à la divine loi du « commercial à tout va » et se la jouer star system.

Pour leur neuvième album studio, et après un excellent concept album (Sonic Highways) qui tentait le pari fou – vous avez dit Foo? – de rendre hommage à chaque ville des États Unis ayant connu un fort élan musical ou stylistique, par une chanson composée expressément dans ce but, les Foo Fighters, devenus incontournables dans le paysage du rock, mêlent d’excellentes compositions mélodiques de son leader et des élans s’envolant vers le hard rock. Un mélange qui rend l’album non répétitif et surtout très ouvert et très riche. Certains morceaux se repèrent immédiatement comme des hits en puissance. Et pour ceux qui ont déjà eu la chance de les voir en live, vous savez ce que ce genre de morceaux (The Sky Is A Neighborhood) peut faire comme effet sur un public acquis à la cause.

À l’écoute de Concrete and Gold, on imagine en effet immédiatement l’impact live de la galette et on jubile à l’avance des trois heures de concert durant lesquelles, épaules contre épaules avec des voisins que vous ne connaîtrez pas, vous reprendrez en chœur les refrains accrocheurs braillés ou chantés par Grohl et sa bande. Ce n’est pas pour rien que le projet initial autour de cet album prévoyait de l’enregistrer sur scène à l’Hollywood Bowl… Comme à l’habitude, la section rythmique est écrasante, dans le bon sens du terme, et Taylor semble avoir quatre bras, ce qui donne une dynamique rock résolument fraîche et percutante.

Après un retour aux sources sur Wasting Lights et une « rétrospective » du paysage musical américain, on pouvait penser que les Foo Fighters étaient en recherche d’inspiration. Il n’en est rien. Ou alors la méthode a fonctionné plus qu’attendu. Ils font ce qu’ils savent faire de mieux. Leur recette fonctionne, pourquoi en changer? Ne vous attendez donc pas à sortir des rails empruntés il y a de cela vingt-trois ans. L’album en lui-même n’est pas LE meilleur album de l’année à bien des égards. Toutefois, Concrete and Gold se place dans le peloton de leurs meilleurs albums à ce jour et l’on y sent un focus particulier sur le songwriting et les textures. Comprenez-moi bien, les Foo Fighters n’ont jamais eu l’ambition de reprendre là où le grunge s’est tué en même temps que Cobain. La bande à Dave fait de la musique pour faire de la musique, c’est leur mode d’expression, inutile donc de révolutionner le monde du rock à chaque album sorti. C’est ce qui contribue à en faire un groupe sympathique qui semble ne pas se prendre la tête et qui reste accessible sans faire de la soupe pour autant.

Dave Grohl est, lui aussi, éminemment sympathique, c’est un fait, tout le monde le sait. C’est un homme qui aime les rencontres, relier différents univers par le médium que procure la musique, et sur ce neuvième album, vous croiserez des guests de tous bords : de Justin Timberlake à Alison Mosshart  de The Kills sur The Sky Is a Neighborhood et La Dee Da, qui compte d’ailleurs également une participation du saxophoniste de jazz Dave Koz. On pourra aussi entendre Shawn Stockman des Boyz II Men sur Concrete and Gold, sans oublier Sir Paul McCartney jouant de la batterie sur Sunday Rain. Dave Grohl s’amuse donc en studio comme sur scène.

Partir de chez son disquaire avec le petit dernier des Foo Fighters revient un peu à récupérer à son fast food préféré son menu XXL à emporter. On sait pourquoi on est venu le prendre et on sait qu’on ne sera jamais déçu une fois qu’on aura croqué dedans. Concrete and Gold sonne moderne, surement en raison du choix au niveau de la production – Greg Kurstin, producteur de Katy Perry et de Lily Allen, mais également de Beck et de Liam Gallagher plus récemment – claire et définie, notamment au niveau des textures, des chœurs réverbérés et des saturations qui passent bien en toute circonstance. Rien ne vient donc nuire à l’écoute et l’on reste, à la fin de l’écoute, sur une chanson titre qui sonne très Pink Floyd, preuve que parfois Dave Grohl aime regarder vers d’autres ailleurs.

Greg Pinaud-Plazanet

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