Beaucoup de nouveautés me sont envoyées, ici par des labels, là par des agences spécialisées. Il faut du temps pour écouter, digérer, et décider de ceux dont l’on voudra bien vous parler. S’il est est un groupe pour lequel je ne me suis pas posé la question très longtemps, c’est bien REPUBLIK. Je ne connaissais pas, et pourtant, quelque part au cours de ma vie, j’ai déjà croisé l’un des membres du groupe : en lisant le nom des trois Républikains, le nom de Frank Darcel a fait sonner comme une cloche lointaine, presque noyée dans un brouillard épais. J’ai donc épluché sa bio , et, j’ai compris. Le Rennais était à l’origine d’un groupe qui a sévi en France entre 1977 et 1981 : Le Marquis de Sade. A la séparation du groupe, le chanteur, Philippe Pascal, en fondE un autre qui a également marqué la scène rennaise sous le nom de Marc Seberg, alors que Franck Darcel (guitariste), s’en va de son côté fonder Octobre. Bien-sûr, pour ma part, j’ai connu ces deux groupes un peu plus tard, dans la deuxième partie des années 80 alors que je m’éveillais au post punk et à la new wave, bref un rock adulte, sobre et bien souvent un peu dépressif, il faut bien le dire…
Une poésie singulière
Exotica, sous ses atours définitivement rock, à la française, est poétique. Si la pochette de l’album ne le fait pas spécialement penser, sa composition en revanche est assez esthétique. C’est un disque qui remet en lumière un artiste que l’on avait peut-être un peu perdu de vue au fil des années. Pourtant leur premier album (2015 – Elements), s’il m’était passé sous le nez, n’avait pas échappé à une certaine presse spécialisée. Alors qu’au départ du groupe Franck Darcel n’avait pas prévu de s’emparer du micro, cela semble aujourd’hui, à l’écoute d’Exotica, une évidence. La musique de REPUBLIK est comme sa voix, à la marge, particulière mais attachante. Une marque identitaire qui en fait un groupe à part dans le paysage du rock français actuel : une référence forte à un certain passé musical tout en apportant une certaine fraîcheur par sa modernité. On a presque l’impression de connaitre. Et pourtant…
Aventureux et engagé
REPUBLIK aligne, chanson après chanson, des ambiances soignées, des textes français ou anglais, elliptiques, presque littéraires qui font penser parfois à ces anciens groupes à texte dont la scène actuelle peut paraitre manquer aujourd’hui. Les thèmes sont variés et engagés, la musique aventureuse et bien souvent sans concession. C’est sûrement pour toutes ces petites choses que le groupe n’est pas dans le circuit des majors, et c’est tant mieux. On notera un hommage aux anisé, en piste 8, avec Berlin, nom d’une ville qui évoque immanquablement Lou Reed, mais aussi Bowie.
Telle est la quête
Exotica est une quête de cet endroit exotique que le monde moderne peine à nous révéler à l’heure où l’on peut faire le tour du monde en moins de 24h. Le message est clair : c’est à nous de nous construire notre exotisme, dans notre façon de vivre, de penser, de voir la vie peut-être aussi. REPUBLIK vous préparent-ils pour autant à une révolution politique et sociale ? Non, mais à une réforme probable et surement souhaitable de nos modes de vie. Concernant le groupe, la formation est assez neuve dans son line up actuel, mais fixée. l’apport d’une vraie bonne section rythmique est d’ailleurs, sur cet album, remarquable. REPUBLIK réunira donc dorénavant cinq membres et, si les étapes seront sûrement nombreuses, le groupe ne peut qu’évoluer dans le bon sens. On l’espère en tout cas. En attendant, l’album sortira le 31 mars et proposera déjà de quoi nourrir nos oreilles…
Greg Pinaud-Plazanet