Oldies but goodies, les Stone Roses remettent le couvert après vingt deux ans de silence assourdissant. C’est le 12 mai 2016 que le groupe édite un single baptisé All for One et certains ont crié au scandale. Pourtant le single n’était pas si mal, pêchu et très typé, comme tous leurs précédents travaux. Le second single, Beautiful thing, pour sa part, met tout le monde d’accord. Le groupe le plus feignasse d’Angleterre est attendu au tournant depuis l’annonce d’un album pour cette année. Les fans sont dans l’expectative car les attentes sont grandes. Il faut dire que le groupe a eu une influence marquante sur toute une scène anglaise dominée alors par la musique filtrant d’un Manchester désoeuvré mais pourtant brillant. The Stone Roses ont alors été le porte-drapeau d’une génération, fauché en pleine gloire lors du départ de deux de ses membres fondateurs entre 1995 et 1996 après seulement deux Lp. Un zeppelin déchirait alors sa robe argentée à l’antenne d’une industrie musicale en plein boom et finissait en flamme. Ian Brown, de son côté continua en solo sur le même registre et si cela a été pour lui, l’occasion de faire briller quelques diamants dans une nuit tombée trop tôt, les fans ne cesseront d’espérer une reformation. Alors on attend…
Puisque nous sommes dans les grands retours, parlons de celui de Gorillaz. Vous n’avez pu y échapper, le groupe s’est reformé et a enregistré, entre fin 2015 et mi 2016 un album. Pour l’occasion, si l’on a pu entendre le single Hallelujah Money soulevant les thèses plus farfelues les unes que les autres, allant du satanisme (oh my god ! quel faible niveau de lecture…) à la pseudo preuve de l’existence des illuminati (là, on ne peut plus rien pour vous, vraiment, au revoir…). Tout est bon pour faire le buzz sur Youtube ces jours-ci. Le groupe joue avec les codes, dans un monde déstructuré, qui se vide de tout sens, l’élection de Donald Trump n’en étant que l’une des résultantes. Et si c’est Benjamin Clémentine qui se colle devant l’écran pour ce titre, que je trouve assez moyen, l’on sait dores et déjà que De La Soul, Vic Mensa et Snoop Dog seront de la partie pour le côté Rap/Trip Hop, ainsi que Liam Bailey pour les influences soul/blues. On suppose actuellement la participation de Massive Attack, mais à ce jour, ce n’est pas encore confirmé. An noter que Jean Michel Jarre y fera également quelques apparitions. Gorillaz se réinvente U.N.K.L.E. et collabore à tout va. Je ne m’en fais pas pour la qualité globale, Albarn étant toujours très à cheval sur ce point lorsqu’il sort un disque. Après six ans de silence, je ne vois pas forcément l’utilité de réveiller le singe qui dort pour commettre un Lp qui s’annonce assez contestataire et loin des premiers albums du groupe. Cependant il faudra attendre d’en entendre plus pour savoir si il ne vallait mieux pas sortir un one-shot hors Gorillaz pour l’occasion, Damon Albarn n’étant pas à un projet près.
Autre style, autre grand, Grandaddy sort cette année Last Place et c’est un cortège d’harmonies Lo-fi planantes qui s’invitent dans nos oreilles, nous triturent les tripes. Grandaddy fait partie de ces grands groupes ignorés du Rock, les laissés pour compte ou du moins ceux dont on ne parle pas assez souvent. Jason Lytle est pourtant l’un des meilleurs songwriters de ces 20 dernières années. Last Place semble être la parfaite prolongation de Sophtware Slump, sorti en 2000 et qui se trouve être, à ce jour, un incontournable. Parfois je vois des liens de parenté avec les Belges de Girls in Hawaï, parfois avec Elliott Smith ou encore mieux, Heatmiser, le premier groupe de Smith, sur leur album Mic City Sons. Smith et Lytle étaient d’ailleurs amis à la ville et ce dernier a participé au Color Bars Expérience aux côté de Troy von Balthazar et Ken Stringfellow pour une tournée reprenant l’un des albums phare d’Elliott Smith: Figure 8. Bref, Grandaddy, c’est l’ouverture sur un monde caché de la scène californienne, ou tout du moins, pas la plus connue.
Et si je vous dit Sugarcubes ? Vous le répondez Cold Wave, Post-Punk, Label 4AD et bien-entendu et surtout… Björk ? Moi je vous réponds Fufanu. Groupe islandais techno à la base, Fufanu, emmené par le fils d’Einar Orn (Ah, le rapport avec Sugarcubes est déjà plus évident là, non ?), garde le beat pour nous servir du Cold Rock tout droit venu du froid, c’est le cas de le dire… Sports, c’est le titre de l’album à paraitre, fait suite à Few More Days To Go (2015), dont nous vous avions déjà parlé lors d’un Edito à l’époque. on s’enfonce dans des champs
S’il y a un truc qui pète bien, et pour trancher avec Fufanu, c’est bien le prochain album de The Orwells. Terrible Human Beings s’annonce d’un bon cru. Le groupe peut un peu s’apparenter à cette frange Rock que représentaient The Stooges. Des chansons pas très nettes mais qui vous accrochent à une allure assez folle. On navigue en plein palais des glaces (Creatures), la réflection faisant parfois perdre l’esprit (Hippie Soldier), de là à en perdre la tête (Heavy Head)… Il n’y a qu’un pas que je vous laisserai franchir seul pour des raisons de commodités. Pour moi bien-entendu. On est ici bien loin du malaise des banlieues qui s’étalait sur l’album précédent. On sort de la zone de confort habituelle et c’est pour le moins réussi. C’est ça aussi grandir. Et si vous vous demandez pourquoi Francis Black (The Pixies) a sa chanson, c’est que le groupe n’avait q’une obsession durant la composition : faire aussi simple et catchy que les Pixies, sans pour autant y ressembler de près ou de loin musicalement.
On finit cette semaine avec Ty segall qui sort un album éponyme. Mouais… Segall se suicidera-t-il comme Beck à un moment, en étant bien trop prolifique ? C’est à surveiller. Seize productions depuis 2008, soit deux par an, cela fait beaucoup, non ? Bon ok, à la prod cette fois, on y trouve Steve Albini (Nirvana, tout de même…). Mais cela en fera-t-il un incontournable dans ce méandre créatif ? Je ne le pense pas, pour autant vous passiez un bon moment si vous êtes fan du bonhomme. Décidément le Rock Garage Psyché californien inonde l’arrière scène US avec ses productions en pagaille. On citera, pour exemple, l’énorme production de Thee Oh Sees également… Le problème est que la quantité pourrait nuire à la qualité, bien que sur l’album de Ty Segall, l’on puisse en sortir quelques très bons titres, Mais j’ai peur du full up…
Allez, on se dit bye (« Ciao », en anglais, spéciale dédicace pour mes amis alsaciens…) et à la semaine prochaine pour de nouvelles choses encore ! En attendant, mettez-vous en plein les oreilles !
Greg Pinaud-Plazanet