Rien ne va plus, faites vos jeux ! Trump passe aux US avec deux millions de voix de retard sur Clinton, Royal encense le dictateur Castro, Valls démisisonne de son poste de Premier ministre et se lance sa candidature aux Primaires de la gauche… Heureusement, il y en a d’autres qui ont fait que, peut-être, il reste de l’espoir : Hollande a décidé de se retirer avant d’être battu, ce qui, au regard de son mandat est plutôt intelligent et lucide. Lucidité que l’on aimerait voir chez tous nos politiques (oui monsieur Sarkozy, je parle également de vous). Et puis, n’oublions pas le sursaut là où personne ne l’annonçait : L’Autriche. S’il n’y a pas d’autruches en Autriche (s’il en y en a c’est qu’elles trichent…), l’on pensait que les Autrichiens s’enfouiraient la tête dans le sol devant la montée de l’extrême droite. Et bien pas du tout. L’Autriche renverse le cours des saisons et clame haut et fort qu’elle est un pays vert, quand bien même la neige tomberait cette hiver. Une bonne leçon de démocratie, envoyée par l’un des pays d’où est parti le fascisme. Moi, je dis bravo. Lorsque l’on voit que de l’autre côté de l’Atlantique, le pays le plus libéral du monde se délite dans son opposé…
En musique, il en va parfois comme en politique, les dinosaures squattent le haut de l’affiche. Mais si pour Johnny Halliday, cela peut me poser un problème, je n’en vois cependant aucun pour les Stones. Blue & Lonesome semble revenir aux racines blues du groupe. On se croirait dans un vieux bar enfumé, comme le Bricklayers Arms, au fin fond de Soho, là-même où ceux qui allaientt devenir les Stones ont fait leur première répétition. Mick et Keith étaient portés sur le Jazz et le Blues lorsqu’il se sont rencontrés, puis ils avaient introduit du Chuck Berry dans leur musique. Mais avant, avant oui, il y avait le Blues, celui de Chicago. Fait à noter pour un groupe comme les Stones, cet album est composé de reprises de standards, revisités. On prend alors conscience de quel terreau est sortie la discographie du groupe britanique : Little Walter (chanson titre), Jimmy Reed, Willie Dixon, Eddie Taylor ou encore Howlin’ Wolf… Enregistré en trois jours seulement, on sent l’énergie du groupe, surement revigoré par son grand live à Cuba. Eric Clapton joue même sur deux pistes, façon happening, puisqu’il se trouvait dans les mêmes studios au moment de l’enregistrement. L’occasion… Un hommage donc, vers cette musique qui leur a donné envie d’être les Rolling Stones. Même la pochette de l’album semble crier: « La boucle est bouclée »…
Alex Turner (Arctic Monkeys) et Miles Kane (The Rascals), se sont fait plaisir avec leur meta-groupe The Last Shadow Puppet. The Dream Synopsis Ep n’est rien d’autre que des reprises. Rien d’autre, vraiment ? Pas sûr… Si deux morceaux sont issus de leur dernier album, sorti plus tôt cette année, les quatre autres pistes sont des covers de Dutronc, de Leonard Cohen, de The Falls et de Glaxo Babies. Mais tout est intéressant, car les connaissant, vous vous doutez bien qu’ils n’auraient jamais sorti ce genre d’Ep sans bousculer un peu la baraque… Certains des covers sont survitaminés, Les Cactus sont plus psychés qu’ils ne l’ont jamais été aux mains de Dutronc et en fermant les yeux, on revoit la turbulente bande d’anglais du film Ne Nous Fâchons Pas, de Lautner. Que dire de Totally Wired, qui semble repris à 100 à l’heure… A côté de ces reprises, Aviation et The Dream Synopsis ont été réorchestrées pour l’occasion de ce marathon sonique enregistré en une seule journée à New York. Si la voix de Kane ouvre de façon plus sensuelle que sur la version album d’Aviation, on remarquera surtout l’absence des choeurs sur The Dream Synopsis, remplacés pour l’occasion par un saxo qui termine d’ailleurs en beauté cet excellent Ep. Ils ont voulu se faire plaisir pour Noël, ça tombe bien, on est preneurs !
Enfin (oserais-je le pléonasme « et pour finir »…), Pete Doherty nous balance Hamburg Demonstrations en cette fin d’année. Second album du trublion poète du Rock, sept ans après un premier opus très remarqué, et surprenant, Hamburg Demonstrations est beaucoup plus rythmé que son prédécesseur. Pour autant on garde la poésie, quelques instruments acoustiques mais il orchestre tout cela de façon moins sombre, plus aérée. Le tout devient plus lumineux, plus chaud aussi, et toujours sensible. A noter que le morceau Hell to Pay at the Gates of Heaven rend un bel hommage aux victimes des attentats du 13 novembre et que Flags from the old regime, se tourne vers Amy Winehouse (par ailleurs auteur de la chanson Birdcage). Installant un brin de tristesse ou de mélancolie sur les textes. Mais n’est-il pas ce nouveau Rimbaud, poète maudit ?
C’est terminé pour l’Edito, vendredi, si tout va bien, on vous parlera de Keegan. En attendant, réchauffez-vous les oreilles avec tout ça, car il fait froid dehors…
Greg Pinaud-Plazanet