Cette semaine mon lundi était booké. Tout comme le vôtre je suppose, cela arrive à tout le monde. L’Edito du Lundi en profite pour changer de nom. Il devient l’Edith de la semaine et même si celui-ci continuera, dans la grande majorité des cas, à être publié le lundi, il pourra ainsi s’offrir des escapades le samedi, le dimanche, le lundi et même le mardi. Tout cela uniquement dans un but de m’accorder aussi un peu le temps de vivre avec les gens qui m’entourent, de choper un moment au vol et de le retranscrire, de cristalliser une impression, un sentiment, une actu. Et puis il ne faut pas oublier que j’ai aussi un vrai métier. Hier par exemple, je donnais une formation dans une entreprise le matin, et, l’après midi, j’ai préparé les deux cas pratiques de la prochaine séance de jeudi. Après tout ça, j’en avais plein les bottes, j’ai allumé ma console pour paver la route des seigneurs de fer dans Destiny. Et ce week-end ? Et bien j’ai tout débranché pour passer un peu de temps avec mes amis, même si l’on a fatalement discuté musique à un moment donné, il est bon de décrocher par moment et de s’occuper des autres, de soi.
J’ai tout de même pris le temps, hier, en préparant mon boulot, d’écouter quelques nouveautés comme le dernier Warpaint par exemple. Heads Up est très différent des deux albums précédents. Il est plus immédiat, plus pop, plus dansant aussi. Un peu comme si vous étiez en train d’assister à un de leurs concerts en fait. Autant l’album sorti en 2014 avait une ambiance un peu lourde, un peu cold, autant celui-ci est plutôt fun. On a envie de bouger. Lorsqu’on les avait vu au Primavera, il y a deux ans, le son de l’album ne ressortait pas spécialement sur scène, et, le set était plutôt enjoué et dansant. Et bien Heads Up me renvoie cette image-là. Warpaint a toujours été un groupe ouvert à tout et refusant de s’enfermer dans la moindre petite case, privilégiant ainsi toutes les influences possibles et surtout les expérimentations. Heads Up, c’est un peu comme si Jenny Lee Lindberg (bassiste et meneuse), était arrivée en sautillant devant ses potes et avait dit: « Tiens, si on faisait un truc nouveau ? » Et les filles de répondre que c’était une excellente idée. Alors oui, fini les lignes de basse à la Cure, fini l’ambiance assez dark (même si les deux premières pistes pourraient le laisser penser…) et bonjour la brillance des guitares, la clarté de la basse, les rythmes plus balancés et un peu moins propres. Je suis d’ailleurs assez surpris de la polyvalence de la batteuse… Quasiment chaque morceau de l’album se modifie par la batterie ou la basse, à un moment donné, mettant les deux musiciennes largement au devant de la scène, cette fois. Warpaint est un groupe polymorphe mais qui sait garder son principal ingrédient : sa créativité.
A Corpse Wired for Sound est le dernier album en date de Merchandise, et, Flower Sex, qui ouvre ce nouvel opus résonne un peu à la manière de certains vieux The Smiths époque How Soon is Now. Je n’avais, jusqu’ici, jamais réellement posé mes oreilles contre les baffles lorsque l’on me passait des morceaux de Merchandise. Et pour cause : pas de son bien défini, une production souvent en dent de scie, et trop d’allers-retours pour que je leur élève une stèle à la gloire des enfants du rock… L’avantage avec des groupes tel que celui-ci, c’est qu’au court de leurs errements, ils entrevoient la lumière et osent entrer. C’est un peu ce qu’il vient de se passer avec A Corpse Wired for Sound. C’est un album qui vous épilera sûrement quelques unes de ses influences par le menu, qu’il vous fasse penser à The Smiths ou encore à Dépêche Mode (Right Back at the Start) ou à My Bloody Valentine (End of the Week), mais qui, résolument, s’ancre solidement dans le rock. La production est à la hauteur, eux qui ne juraient que par le home studio et ils se sont rendus dans un studio professionnel, et cela se remarque instantanément. Le son est plus ample, les guitares sont plus expressives dans la brillance (Lonesome Sound), tout semble plus travaillé et les textes tombent parfaitement bien sur tout le reste. Même si l’album n’est pas des plus parfait au sens où il ne sera certainement pas l’un de ceux qui sera retenu par la postérité, il est absolument indispensable.
Je finirai cet Edito avec un peu de folk, parce que parfois, c’est bien aussi de se poser sur des choses plus calmes. C’est le cas du dernier album de Michael Rosenberg, alias Passenger. Young as the Morning, Old as the Sea ne semble pas avoir d’autre réelle ambition que d’égrainer des chansons folk simples mais tranquilles. Et si aucune des chansons ne se détache véritablement de cet album, certaines se ressemblant même parfois, je dois dire que j’ai passé un bon moment car, honnêtement, j’ai tout trouvé assez beau. Les textes se déroulent à la manière de différentes petites histoires, bien ficelées à la musique, mais on savait déjà que Rosenberg était un bon songwriter, mais sa voix, si particulière emmène littéralement votre écoute. Je dirais qu’il sait faire ressentir les choses qu’il veut exprimer, un peu comme un certain Damien Rice, dans un registre différent. Nostalgique mais emmené, vous n’aurez pas l’impression de devoir vous morfondre à l’écoute de l’album. Avec une voix qui parfois me ferait penser à un Keaton Henson (Somebody’s Love) plus enjoué, Rosenberg nous invite à l’introspection et à la méditation sur de bon rythmes et un fort potentiel photographique. Mettez-vous face à la mer (ok, à Châteauroux, ce sera plus compliqué…) et mettez vos écouteurs, vous m’en direz des nouvelles…
Voilà, c’est terminé pour le moment, vendredi, nous devrions avoir une Playlist spéciale Lynch’s Universe, ce devrait être plutôt sympa, non ? En attendant, passez une excellente semaine, la tête dans les sons.
Greg Pinaud-Plazanet