L’été est arrivé, si si, je vous assure… Le mois de juin aura été assez pourri pour tout le monde ou presque : Paris sous les eaux, les gondoliers vénitiens ont vu leurs commandes exploser ; les Japonais doivent, eux, se remettre du fait qu’ils ne pourront pas faire de Cognac cette année ; et moi, je dois écrire une lettre de réclamation à Dieu lui-même pour qu’il arrête de jouer au Golf car on a reçu un plein wagon de balles perdues qui ont défoncé nos deux bagnoles et notre mobilier de jardin… Jamais vu des grêlons de cette taille tomber du ciel pour ma part… Bref, parfois la nature ne nous fait pas de cadeaux et nous rappelle que nous ne sommes que des locataires sur cette bonne vieille Terre où nous contribuons joyeusement, au moins dans l’indifférence presque générale, à foutre en l’air. Juste retour des choses… Regardez donc ce qu’il s’est passé au Chili ces dernières semaines… 5000 tonnes de saumons en décomposition ont été déversés dans l’océan par l’homme, et c’est tout un écosystème marin qui est irrémédiablement bouleversé. L’humain, se définissant par ses actes, est un irresponsable notoire.
Heureusement, il est aussi créatif, c’est là tout le paradoxe de son existence. Et cette semaine je vais vous parler de quelques artistes qui valent le coup d’être écoutés. Je commencerai par Joseph Arthur par exemple, qui me parait très sous estimé, malgré dix-huit productions personnelles de qualité, en vingt ans. J’emploie le mot « personnelles » car il a joué avec Fistful Of Mercy, aux côté de Dhani Harrison et de Ben Harper et également dans Rndm avec Jeff Ament de Pearl Jam. En 1996, j’ai découvert cet artiste avec Big City Secrets, son premier album, qui m’a fait l’effet d’une petite bombe tellement son univers était particulier. Vingt ans plus tard donc, Joseph Arthur sort The Family, un album où il fait absolument tout, du piano à la batterie en passant par la boite à rythmes et les synthés. Peut-être est-ce le fait de composer cet album sur un piano vieux de plus de cent ans et chargé d’histoire (il n’a appartenu tout ce temps qu’à une seule famille…) qui a dicté le thème de ce disque, je ne sais pas. Toujours est-il que cet album nous parle, comme son nom l’indique, de la famille, mais surtout de comment elle fait de nous ce que nous sommes, son influence sur nos vies. Tout cela avec une touche de poésie émotionnellement assez brute, une pincée d’expérimentation dans les orchestrations, toujours une grande profondeur et surtout, un grand talent. Oscillant entre morceaux acoustiques et titres plus rock, The Family n’est pas un album intime dans le sens où on l’entend habituellement. Il reste avant tout une fiction. C’est d’ailleurs là son point fort, car chacun, à son écoute, pourra s’y retrouver à un moment ou à un autre. Ce n’est donc pas seulement le point de vue de l’auteur qui forme la trame de l’album, mais plutôt ceux autres personnages qui pourraient être vous, à un moment donné de votre vie. Un peu d’universalité donc pour un bel album, enregistré presque à la volée.
On retrouve ce mois-ci aussi une collaboration assez créative entre Mumford & Sons, Baaba Maal (Sénégal), The Very Best (le D.J Johan Karlberg aka Radioclit et Esau Mwamwayaet) et Beatenberg (Afrique du Sud). Alors que le groupe était en tournée en Afrique du Sud en février dernier, les Mumford & Sons ont trouvé le temps de se rendre en studio pour enregistrer un Ep 5 titres sobrement intitulé Johannesburg. Le groupe londonien a fait salles et stades combles lors de leur tournée sur le territoire africain, et pour marquer le coup et cristalliser l’ambiance, notamment du concert de Pretoria, le groupe a décidé de s’enfermer deux jours et deux nuits dans un studio un peu bordélique, entouré d’ingénieurs du sons encore étudiants encadrés par Dan Grech-Marguerat (Lana Del Rey, The Kooks, Keane, Moby entre autres…). Cela nous donne cet Ep bourré d’énergie, mélangeant chacune des cultures. Ok, on rentre un peu dans les musiques du monde avec ces cinq pistes, mais, alors que j’avais un a priori (j’aime pourtant beaucoup les Mumfords), j’ai été assez rapidement embarqué dans le concept qui, s’il se concentre principalement sur les voix, et notamment celle de Babaa Maal qui s’intègre vraiment très bien, présente également une très bonne rythmique au travers des percussions très tribales. On arrive à ressentir l’enthousiasme qu’a eu tout ce petit monde à retranscrire ne serait-ce qu’une partie de leur aventure partagée sur scène. There Will Be Time donne envie d’y être, et de vivre ça en live avec le public sud africain. Wona, est plus calme et présente plus de sons africains tout en balançant un songwriting assez occidental, le mélange est intéressant et j’adore le refrain pour ma part. Je ne suis par contre pas très fan de Ngamila qui coupe encore plus les choses entre couplets et refrains, du coup je trouve que le mariage prend un poil moins bien, c’est moins fondu et reste davantage un collage de deux styles. Sur le dernier titre, en revanche la voix de Baaba Maal, collée sur les guitares aériennes donne réellement bien. Un héritage que ne nierait sans doute pas Peter Gabriel, qui avait découvert les Mumford & Sons au tout début (avec Lou Reed d’ailleurs…).
Ici le trailer de l’Ep:
Un Edito court ce matin, mais bourré de talents. Car j’ai remarqué que nos longs articles étaient moins lus la plupart du temps. Je reformate donc les publications du lundi pour vous permettre de nous suivre entre deux stations de métro ou deux arrêts de bus, ou bien encore entre deux coups de fourchette dans votre salade du midi. Et puis comme l’été va être plutôt calme niveau sorties rock, on devra davantage ventiler l’info. Bonne semaine à vous les campeurs et haut les coeurs !
Greg Pinaud-Plazanet
Salut Greg ! Un coucou de Bordeaux. Bravo pour ta plume et merci pour la découverte de Joseph Arthur. Bises de l’ex-bassiste spécialiste du « Do-Ré ». Portes toi bien. Bonne route… (version Kerouac)
Hello Philippe,
On va bien réussir à se faire un petit truc sur vot’coin cet été…
Où est ce putain de Ré déjà ? 😉
Marrant comme cela nous aura marqué tout de même…
Quant aux découvertes, ça fait plaisir, on vit un peu pour ça !