Les dingues ont encore frappé ce week-end. Bien-entendu, nombre d’entre vous suivent le foot alors que moi, je ne peux pas, j’ai une dispense… à vie. Marseille et Nice ont été le théâtre du cirque de gros cons de supporters ultra. Je dis ultra car tous les supporters ne sont pas des gros cons, heureusement. Mais le manque de respect me sidère. Oh, je savais qu’on n’était loin d’être parfait, tout ça… mais je pensais, non, j’espérais que nous avions fait un pas vers la raison. Mais non, ce monde est irrécupérable, à cause de ses habitants les plus destructeurs. La tragédie d’Orlando de ce week-end également, m’a relancé à la gueule la gratuité de la violence, l’ineptie des idées, la fatuité de notre existence. Et pendant ce temps-là, au Mali… Et on me regarde avec des yeux ronds quand j’affirme que vivre seul ne me dérangerait pas ? Dès que l’on est deux, tout part en couille… La preuve avec Adam et Eve…
Même si la musique ne résout pas tout, nous avons trouvé la motivation de vous en parler en ce lundi pourri, disons-le clairement. Il y a pourtant quatre sorties qui m’ont vraiment enthousiasmées ces derniers jours ( je garde la quatrième pour lundi prochain). Je commencerai par celle que je n’attendais pas, en étant plus ou moins resté à leur version 2.0, sortie en 98 du siècle dernier. Je parle bien-entendu du groupe Garbage, emmené par la magnétique Shirley Manson, mon T-1000 préféré (cf Les Chroniques de Sarah Connor). J’avais en effet suivi en pointillé les quelques singles sortis par la suite (Why Do You Love Me, Sex is not the Enemy, Blood for Poppies…) pour annoncer des albums sur lesquels j’avoue n’avoir posé qu’une oreille distraite, simplement parce que j’étais passé à d’autres choses… Le monde de la musique est tellement vaste. Et puis, il faut dire que leurs efforts pour maintenir le groupe dans le vent en 2001 s’étaient soldés par un pseudo échec… Mais voilà que le 23 mai dernier, Garbage met sur le net un single qui balance certes moins que ne m’avait remué I Think I’m Paranoïd en 1998… mais qui se défend pas trop mal dans toutes les catégories : Songwriting, Batterie, guitares. Empty est donc un single de bonne facture, même si le clip est assez moyen; Blackout, le single suivant, ouvre sur une basse qui me fait penser à Cure, ce qui me fait dresser l’oreille, et là… je me suis dit qu’il fallait que j’écoute l’album Strange Little Birds car Garbage était de retour. Strange Little Birds est un album assez intime et sombre, reflet sans doute de ces années où Garbage n’était plus que l’ombre d’un groupe qui n’a su passer le virage des années 2000. Alors il n’est pas question de pleurer sur son sort ici, non, Shirley Manson n’a pas changé sur ce point : la douleur et la fatalité peuvent être magnifiques, voire sensuelles. Et son songwriting tout entier porte dans ce sens comme dans Even Though Our Love Is Doomed, l’une des plus belles pistes de ce disque d’ailleurs, avec un refrain qui ne va pas sans donner d’échos à l’actualité…
Je vais vous parler maintenant d’un supergroup. Non, pas un groupe de mecs en collants qui s’envolent vers la foule au premier solo de guitare, non… Les supergroups, ce sont ces groupes qui se forment à partir de membres appartenants à d’autres groupes très connus et appréciés. Et c’est bien le cas de Minor Victories qui est formé par Rachel Goswell (Slowdive), de Stuart Braithwaite (Mogwai) et de Justin Lockey (Editors), principalement. Le groupe s’est formé en juillet 2015 et Brathwaite teasait l’album à venir en expliquant que le public ne serait pas surpris de leur son, mais qu’ils retrouveraient les meilleurs choses de chacun des groupes qui forment Minor Victories. L’album éponyme sort donc le 3 juin dernier. Vous le constaterez dans les vidéos du groupe, leur musique est très cinématique, et on sent ici la patte de Stuart Brathwaite, même si on lui reconnait immédiatement un caractère shoegaze prononcé dans le chant surtout, normal pour Rachel Goswell… Et alors que je m’attendais à ne pas vraiment entendre ce que pouvait apporter le mec de The Editors, je remarque que le disque est emprunt d’une certaine lourdeur dans les guitares. Pas une lourdeur écrasante non, mais un truc sombre, noir. Vraisemblablement, les membres du groupe n’auraient soit disant jamais enregistré ensemble, je suis pourtant étonné de trouver leur apport à peu près équivalent. Légende ou vérité ? Je ne sais pas, avec Brathwaite, on peut s’attendre à tout. Toujours est-il que Minor Victories est un disque esthétique, très prenant et qui fait la place belle à l’ambiance, à une certaine contemplation dramatique. Le disque ne présente aucun pic en revanche, il me serait bien difficile de vous parler d’un morceau en particulier, qui me reste dans la tête. A part peut-être Scattered Ashes. Mais cela n’a aucun importance, je ne me lasse pas de repasser le disque… Une excellente découverte donc.
Bien-entendu, comme annoncé lors d’un Edito précédent, j’attendais avec impatience le dernier The Kills, et, le duo Mosshart–Hince ne m’a pas déçu. Alors que je connaissais déjà les deux ou trois morceaux sortis depuis l’annonce, l’album a tout de même été une bonne claque. Toujours cette grosse base blues-rock, cette batterie qui vous claque les fesses et vous urge à bouger de façon syncopée votre corps jusqu’à la contorsion, cette guitare finalement sensuelle, presque sexuelle… Treize pistes saignant la même veine. Par contre, d’entrée de jeu, on remarquera que le disque est très produit, et semble vouloir s’éloigner du rock cradingue des débuts pour se faufiler dans les beaux quartiers. Cela ne me dérange pas car on sent, sous tout le vernis, que le groupe n’a pas changé et l’on s’attend à ce que la peinture s’écaille au moindre prétexte. Tout reste ici sous tension. On pourrait regretter finalement que le disque ne nous explose pas à la gueule, mais non, on le remettra pour voir s’il n’explose pas en seconde écoute… Pour enfin décider que ce n’est pas l’explosion qui est la plus captivante, c’est bien cette attente sur laquelle The Kills aime jouer. Un peu comme dans un acte sexuel où la jouissance mettant, malheureusement, un point final à toute promesse de répétition, l’on se prend à la retarder…
Et voilà les petits clous, c’est terminé pour cette semaine comme dirait le grand Toesca, on se retrouve vendredi pour la réponse à toutes vos questions… Ah, voilà une phrase mystère qui ne vous en dit pas large tout en vous donnant la fameuse réponse… Mais je n’en dis pas plus, Marcus signera son retour dans la team PdR après quelques mois d’absence. Il m’a dit qu’il avait eu une vie entre temps… Mais j’avoue ne pas vraiment savoir de quoi il voulait parler…
Greg Pinaud-Plazanet