L’edito arrive tard je sais mais il fallait absolument que je regarde le dernier épisode de la saison de Walking Dead vous comprenez, alors entre midi et deux… Non mais elle est rock’n roll cette série ? Pfiiiuuuu ce Season Final mes amis ! Il faut dire que j’adore Jeffrey Dean Morgan… Les scénaristes ont mis tous les protagonistes de notre team préférée sur un pied d’égalité devant la mort… Et qui se prend la tannée par une piquante Lucille ? Et bien on ne sait pas… Tu parles d’un speed dating ! Alors aura-t-on perdu Glenn, comme dans la BD ? Les jeux de lumières me feraient presque douter… Quelle suspens mes amis ! Enfin bref, vous comprenez maintenant pourquoi l’edito tardait à arriver et j’espère donc que vous m’en excuserez. Après tant de tension, j’ai eu envie d’un truc plus calme…
L’idée m’est donc venue de vous faire un Edito Troyen cette semaine… Un Edito qui s’insinue chez vous, l’air de rien, que vous entreposez dans la cour intérieure et qui lâche ses démons à la nuit tombée… Bref, je n’ai rien écouté à part le dernier TvB. J’aurais pu me pencher sur d’autres sorties, mais honnêtement je n’ai pas pensé à écouter autre chose…
Tout a commencé début de semaine dernière lorsque j’ai reçu par courrier le dernier album de TvB aka Troy von Balthazar. Oh bien-sûr, j’étais tout fou quand j’ai vu le paquet dans la boite aux lettres, enfourné en oblique. Ni une, ni deux, je me suis précipité à l’intérieur et j’ai sorti l’animal du carton d’emballage robuste. Vicious Circle, puisque j’avais pré-commandé la galette sur le site du label, fait les choses bien. Si je ne suis pas super fan de la pochette, elle a l’avantage d’être créative, je suis en revanche hyper fan du bleu du vinyle (le dernier album était en vinyle transparent). Knights of Something, c’est le nom du Lp, s’est donc retrouvé rapidement sur la platine pour faire quelques tours de chauffe. Quelques tours… La bonne blague… Il y est resté la semaine et les treize pistes ont été sillonnées à mort. Je ne sais pas si Troy est chevalier de quelque chose, mais il est certain qu’il est le roi du Lo-Fi, ce courant musical qui se sert d’un rien pour enregistrer des monuments.
Il est dommage que Troy von Balthazar, même s’il est assez connu (enfin tout est relatif) en France pour avoir tourné et retourné la province dans tous les sens, n’ait qu’un succès limité. C’est, à mon sens, un artiste qui mériterait un éclairage plus vaste, bien que l’on chérisse ces moments privilégiés où nous sommes les seuls à connaitre, à écouter. Il est vrai que je préfère le voir dans de petites salles, de petits clubs, voir en concert privé. Cela convient mieux au caractère intimiste que dégage ses chansons et son orchestration.
Le songwriting de Troy von Balthazar est délicat. C’est une clochette blanche sur une branche de muguet. Cela tombe bien, c’est de saison. TvB, c’est une voix légère (pas toujours, voir New World Lamb ou encore Smile), mélancolique (Surfer), parfois aérienne (Empire of My Hate), en équilibre sur une branche… C’est aussi une musique dépouillée et pourtant riche (Astrid), pouvant parfois partir en saturation (Thugs, We Need You par exemple). Voilà ce qu’est TvB. Mais il sait aussi vous emmener faire un tour comme sur Curses! ou sur Lemon Seed et Manic High, dans des envolées nuageuses et presque merveilleuses. TvB semble aimer aussi les ritournelles qui forment un sorte de repère pour l’auditeur, un radeau auquel se cramponner pour approcher le centre du vortex qui vous finira par vous aspirer.
Alors oui, le Lo-Fi a cette particularité de crachoter mais il se marrie très bien au format 33 tours. Il faut dire que Troy fait tout lorsqu’il s’occupe de TvB, son projet solo. On est loin de ce qu’il faisait avec Chokebore, et pourtant… Tout cela forme finalement un ensemble assez cohérent de mon point de vue. A ne pas écouter lors d’une dépression… Multi instrumentiste de génie, pouvant même intégrer des détournements d’objets au service de l’ambiance musicale, l’homme est un créatif avant tout et nous livre ici sa dernière oeuvre, peinte au bleu cobalt, celui d’un Matisse esquissant un nu (voir la série des « Nu Bleu« ), sans l’art de la répétition, si chère au peintre.
J’ai en revanche une question personnelle pour Troy, je ne sais pas s’il pourra me répondre mais sait-on jamais (la magie du web…) : Doit-on mettre en abîme How to Live on Nothing (2010) et Knights of Something, sachant qu’entre les deux, tu étais with the Demon (2012) ?
Bon, je finirai simplement par dire que Sylvain, rédacteur au PdR, recevra en concert privé, comprendre dans son salon, le sieur Troy. J’aurais pu donner ma chemise pour y être mais les circonstances actuelles étant ce qu’elles sont, je n’y serai pas. Je me passerai donc le disque ce soir-là et me vautrerai sur mon pouf, pour faire « comme si »…
Greg Pinaud-Plazanet