18 février 2016. Assis devant mon clavier, je frémis à l’idée de mettre ce satané disque sur mes platines. Parait-il que cela parle de sorcières. Et j’ai jamais vraiment aimé les sorcières, à l’exception des déjeuners-télé que je passais devant « Ma sorcière bien aimée ». Et encore. Mais on m’a dit qu’il fallait l’écouter, que c’était bien. J’en doute encore lorsque je vois cette photo d’une dame en noir, se penchant et laissant entrevoir un décolté pas très plongeant. Au dessus, ces trois lettres : ONO.
18 février 1933, date de naissance de Yoko Ono. Celle qui a été accusée d’avoir tué les Beatles, ce qui était surement un peu faux. A 83 ans, la voilà à l’honneur d’une exposition au Musée d’Art Contemporain de Lyon. On pourra y planter des clous. Formidable, et expérimental. Un peu comme ce projet sorti la semaine dernière. Yes I’m a witch too, fait suite à son dernier opus, Yes I’m a Witch. Vous le conseille-t’on au Peuple du Rock ? A vous de voir, car franchement, difficile de se faire un réel avis. Il en reste que l’album est plus un patchwork de musiques électroniques jouées par plein de musiciens indépendants, comme Death Cab for Cutie. On y trouve aussi Portugal the Man, ou Moby. Le morceau qui débute l’album, Walking on thin ice est de toute beauté, comme un petit morceau onanique et spirituel. On retiendra surtout ce Mrs Lennon de toute beauté réalisé par Peter Bjorn and John.
Dans l’actualité de la musique, passons de Lyon à Nashville. Sur le label MCA, vient de sortir le nouveau disque de Vince Gill, un habitué des soirées country. Down to my last bad habit donne le ton : on y parle de mauvaises habitudes. Pas celles qui consistent à tout popiser jusqu’à la dernière goutte de Jack Daniel’s. Celles qui l’ont mené à devenir le symbole d’une country qui tire vers le blues. On y voit encore son talent de guitariste, que vous percevrez au premier coup d’oreille si vous n’avez jamais entendu cet artiste. Promis, il saura aussi vous faire fondre de délicatesse. Et s’il y avait bien un artiste country qui a compris ce que représente le son doux de la Californie, ce serait surement lui. A noter l’hommage qu’il rend en fin de CD à un grand de son style musical, Georges Jones.
Puisqu’on parlait de blues et de Sud, signalons au passage le nouveau disque du Tedeschi Trucks Band. Susan et son mari Derek (les noms se suivent ci-dessus) nous font encore fondre avec Let me get by, un projet qui suintent les vieilles Cadillac sur les routes des Etats-Unis, mais aussi les jeunes filles (ou garçons, c’est selon) qui squattent le bord des plages les vieux clubs. Cette musique provoque l’amour, c’est presque intégralement confirmé. Pourquoi ? Dans ces chansons pourtant assez bien menées et écrites, sont théorisées le laisser-aller, comme si on avait besoin de relâcher tous nos sentiments en une bouteille à la mer. On se laisse bercer par cette guitare qui rock pour nous, par ces voix gospels qui s’invitent parfois à petite dose. Mention spéciale au riff d’intro lourd de Don’t know what it means, au rythme saccadé de Let me get by, et enfin au premier titre de l’album, probablement le meilleur.
Et puis, parfois, parce qu’on ne peut pas être partout, on loupe des choses. Ce samedi à Dax, Celta Cortos était de passage. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais pourtant, c’est un groupe très connu en Espagne. On est à l’échelle d’un rock celtique parfois assez engagé. A écouter ici, et à lire là.
Pour cette semaine, on finira avec un conseil ciné : courrez voir El Clan. Pendant 1h50, Pedro Trapero, réalisateur argentin vous emmène dans l’Argentine qui sort de la dictature. L’histoire d’Arquimedes Puccio, ordure qui organise enlèvement, est bouleversée par le retour à la démocratie. Mais surtout, c’est toute sa famille qui est complice et victime à la fois qui va en souffrir. Epoustouflant, servi par des acteurs qui jouent à la perfection, le film est sélectionné pour l’Oscar du meilleur film étranger. Nous on vote pour lui, car en plus, il a une sacrée bande originale avec Seru Giran. Peut-être l’un des meilleurs groupe de rock argentin. Jugez-en par vous même avec Encuentro con el diablo. Bonne semaine.
Mickael Chailloux