Vous aimez le rock n’roll? Vous aimez paraître branchouille et un peu intellectuel? Vous aimez pouvoir faire le malin en soirée façon hipster ? Alors vous connaissez forcément Cage The Elephant ! Si ce nom n’a jamais effleuré vos douces oreilles, sachez qu’il n’est jamais trop tard pour se rattraper, d’autant que leur dernier opus vient de tomber…
Une carrière bien démarrée
Cage The Elephant est un groupe américain qui va fêter son dixième anniversaire cette année. Après des débuts honorables (tournée en première partie des Queens of the Stone Age, tout de même), le groupe se fait vraiment connaître du grand public grâce à la piste Ain’t no rest for the wicked, petit bijou pop-rock qui parle de putes, de vol à la tire et de prêtre détourneur de fonds. La chanson devient populaire auprès d’un public… de gamers, car elle a été sélectionnée dans la bande son du jeu vidéo Borderlands. S’en suivront deux albums après leur première fournée éponyme de 2008 : Thank you, Happy Birthday en 2011, et Melophobia en 2013. Vrais rockeurs faussement désinvoltes, chacun de leurs albums restaient dans la même ambiance de rock tranquille aux sonorités pop.
Un dernier album en demi teinte
Leur dernier bébé s’intitule Tell me I’m pretty, et CTE a recruté le producteur Dan Auerbach des Black Keys pour les accompagner dans leur enregistrement. Le chanteur Matt Schultz a déclaré à sa sortie : »On a voulu capturer le sentiment particulier que nous inspirait chaque chanson, et s’effacer un peu derrière ». Le groupe a aussi dit qu’il s’était largement inspiré de la diversité musicale proposée par le très regretté David Bowie. Après écoute, ce qu’on peut regretter, c’est la disparition presque complète du côté explosif qu’on avait sur certains de leurs précédents titres. Ne vous méprenez pas, l’album reste rock, mais sans vraie étincelle.
Nous avons la très bonne Mess Around et son style un peu western, son petit solo de fin dansant qui donne de l’espoir d’un bon disque, bien lancée après Cry Baby qui donne dans le rock garage et où l’on ressent l’influence du producteur sur l’enregistrement. Portuguese Knife Fight et ses éclats de guitares crépusculaires sont un des bons moments du disque. Dans le même délire, Cold Cold Cold reste agréable à écouter. En fait, le problème se situe ici : on a un album de 10 chansons qui pourrait tourner en boucle pendant toute une journée qu’on ne réussirait pas à distinguer les chansons les unes des autres au bout de toutes ces écoutes. Too late to say goobye, How are you true, That’s right, Punching Bag… tous ces titres se ressemblent beaucoup trop.
Un changement de style trop soudain ?
Le groupe donne l’impression classique d’avoir démarré dans le punk et l’alternatif (bon ça a jamais été vraiment punk dans la musique, mais l’idée est là), et de progressivement se tourner vers la pop et les sonorités moins rock, afin de percer de plus en plus dans le mainstream. Ce ton est constant tout au long de l’album, qui ne nous fournit aucune variation de style, malgré les expérimentations sonores (instruments originaux, structures désarticulées, travail sur les harmonies des voix…). Ce qui est vraiment dommage, car ce sont de réelles qualités qui mériteraient d’être mises plus en avant.
Tell me I’m pretty n’est pas un mauvais album, mais une déception. Il contient de bonnes chansons, mais cela ne suffit pas à cacher le sentiment d’ennui qu’il procure au bout de plusieurs écoutes.
Baptiste Chausson