Concerts/Festival

BLACK BASS FESTIVAL : LES CREATURES DU MARAIS ELECTRISENT A NOUVEAU LE BLAYAIS.

En général, quand on parle de Braud Et Saint-Louis, bourgade située dans  le Nord Gironde, on pense à sa centrale nucléaire ou encore à sa piscine couverte de 1980 qui nous ferait aujourd’hui plus penser à un vaisseau spatial issu de Cosmos 1999 qu’à un bassin nautique. Mais depuis 2014, les Créatures du Marais (c’est ainsi que se surnomment les organisateurs) ont eu pour idée d’électriser à nouveau le Blayais (hormis le Festival Vie Sauvage à Bourg). En effet, rien ne s’y était vraiment passé depuis le milieu des années 90 où le festival Fête Le Mûr avait lieu depuis 1987 dans l’enceinte de la Citadelle de Blaye. Quelques beaux noms avaient foulée la scène blayaise : de toute la scène rock française de l’époque (Noir Désir, Les Thugs, Jad Wio), mais aussi la scène anglo-saxonne (Therapy,  The La’s, Mega City Four, etc.)

Après une première édition où le Black Bass (le black bass est le nom d’un poisson) avait réuni essentiellement une affiche régionale, avec pas mal de groupes de Bordeaux et ses alentours, les organisateurs ont décidé de rééditer l’aventure cette année avec de plus grandes ambitions.

Début des hostilités le vendredi 4 septembre au Domaine de La Paillerie avec en entrée, un groupe du cru        No Peace qui jouait ce soir-là leur troisième concert depuis leur reformation et Cliché groupe pop Bordelais issu de l’Inrock Lab. Arrivés un poil trop tard, c’est à partir du troisième groupe que nous découvrons le festival.

Une grande bâtisse en toile de fond pour la scène, un parc arboré, quelques fûts disséminés pour poser son godet, des tables et des bancs pour se restaurer (assez rares en festivals), des pancartes indiquant les directions des plus grands festivals (Coachella, Glastonbury, Sziget, etc.) et tous les stands qui vont bien : bouffe avec bien entendu le Black bass burger et des sandwiches en forme de poisson (rien n’est laissé au hasard) ; buvette et bar à vin bien sûr, disquaires  avec en guest quelques centaines de moustiques. On sent bien que les 80 bénévoles ont fait en sorte que tout soit bien.

C’est alors que JC (pas celui qu’on croit), le Monsieur Loyal du festival pas avare en conneries annonce Datcha Mandala, trio bordelais qui ne cache pas ses influences led zeplinienne. Un set efficace tout droit sorti des années 70 où le groupe affirme toute son expérience accumulée au cours des centaines de concerts déjà à son actif.

Après un DJ set qui a lieu entre chaque concert, le groupe le plus improbable du festival monte sur scène entouré de palmiers et de perroquet gonflables : Francky Goes To Pointe-à- Pitre. Ce combo de Tours dont les membres sont issus de Pneu, Headcases et Mr Protector a deux buts : faire découvrir le style dont ils sont précurseurs, le Zouk Noise ; et faire bouger suffisamment le public jusqu’à arriver à lui faire faire une chenille. Mission réussie.

Franky Goes To Pointe-A-Pitre

Franky Goes To Pointe-A-Pitre

Capsula suit trente minutes plus tard. Le Trio originaire d’Argentine, expatrié à Bilbao tire son nom de Space Odity de Bowie. Musicalement, il y a du Stooges, Cramps, bref du rock garage à l’ancienne. Accompagné à la basse de Coni Duchess et d’Ignacio Guantxe à la batterie, Martin Guevara se donne à 200%, descendant de la scène pour se mêler au public, laisser le micro à certains, sa guitare à d’autres. Le gars fait le show et il arrive à embarquer tout le monde.

capsula

capsula

La soirée se terminera avec Basement,  groupe de rock noise, limite Emocore formé fin 90’s. On retrouve le son des groupes de la scène libournaise (Black Maria ou Enough) qui jouaient à l’époque. Mais depuis Basement a fait un long chemin avec des tournées en Europe mas aussi aux Etats-Unis. Ils clôturent donc la soirée avec un set brut, cru, écorché.

Basement

Basement

Le deuxième soir commence tout en douceur avec A Call At Nausicaa. Les Bordelais que l’on croise souvent sur Bordeaux proposent une folk très mélodique qui n’est pas sans nous rappeler Beirut. Des morceaux chiadés, enivrants et dansants, une entrée en matière qui correspond parfaitement au  public hétéroclite présent en ce début de soirée.

A Call At Nausicaa

A Call At Nausicaa

L’électro-pop des Hello Bye Bye vient faire monter un brin l’ambiance avec une alternance de morceaux hypnotiques et de bombes électro. Le groupe réalise un set qui monte en puissance, intensité suivie par les festivaliers qui se lâchent et bougent de plus en plus au fil des morceaux.

Hello Bye Bye

Hello Bye Bye

La finale du contest Air Guitar sera l’entracte de la soirée pour passer à des ambiances plus sombres avec la suite de la programmation : Shannon Wright et Year Of No Light.

Shannon Wright

Shannon Wright

L’Américaine se présente dans les Marais en tête d’affiche. Petit exploit de ce festival qui a réussi àla faire venir pour un concert en duo : Shannon et un batteur. Pour l’avoir vu à plusieurs reprises (voir article sur le report d’un de ses concerts bordelais), la chanteuse est égale à elle-même. Nous faisons faire un tour de grand huit avec son set. Alternant des morceaux rocks puissants et des ballades ultra-mélancoliques, Shannon Wright intrigue, surprend, suscite la curiosité, fascine,  bref scotche, comme à son habitude.

Avant le dernier concert, un DJ set des organisateurs du Coconut Festival en promo pour le festival qui a lieu une semaine plus tard, offre une pause joyeuse entre les deux concerts les plus sombres du week-end. En effet, Year Of No Light entre en scène. Le groupe bordealais qui a ses début faisait plutôt partie de la scène shoegaze, a depuis viré complètement de cap. On est dans le post métal. On pourrait imaginer un mariage entre God Speed You Black Emperor et du doom. Deux batteries, trois guitares nous offrent un mur de son aussi sombre qu’hypnotique.

Un dernier DJ set viendra clôturer ces deux jours de festival réussi. En effet pas moins de 1800 personnes sont venues à la rencontre des Créatures du Marais. Une belle progression méritée pour cette équipe dont on sent qu’une envie : faire partage leur passion de la musique. Rien de bien innovant vous me direz pour un festival, mais quand c’est avec autant de simplicité…Bref, on ne peut que vous encourager à venir faire un tour dans les Marais du Blayais en septembre 2016 pour la troisième édition et croyez-nous, c’est un excellent remède contre la rentrée.

Sylvain Chamu