A chaque année son lot de rééditions et le retour en force du vinyle aide à cette tendance qui permet à certains groupes de retrouver une « seconde jeunesse ». Le public n’est pas en reste car cela lui permet des inédits, des lives ou autres démos. Mais, certaines d’entre elles ont l’avantage de rendre enfin disponible ce qui restait parfois introuvable.
Ainsi, lundi 26 janvier, l’album #3 (Ce n’est pas perdu pour tout le monde) de Diabologum ressort enfin. Il s’agit du 3ème opus du groupe sorti en 1996 sur le label Lithium, aujourd’hui disparu (1990-2004 : Experience, Programme, Dominique A.) Jusqu’à présent le CD original se trouvait sur les plate-formes d’achat aux enchères autour de 150€, gage de rareté, mais surtout de qualité.
Diabologum, c’est un groupe d’étudiant toulousain qui au départ en gros se mettent à trafiquer avec une guitare, un quatre pistes et des disques (samples) parce qu’ils s’emmerdent…Tout part, de la participation au sein de la radio FMR de Toulouse où Michel Cloup et Arnaud Michniak bidouillent dans une l’émission Infra. A partir de là, rejoints par une bassiste et un batteur, ils commencent à monter quelques morceaux. En 1993, sort le premier album (C’était un lundi après-midi semblable aux autres) avec des compos et quelques reprises (Le courage des Oiseaux de Dominique A). A partir de cet enregistrement va naître la notion de groupe qui se nommera Diabologum. Un an plus tard, suit le deuxième, Le goût du jour, proche du premier dans le style : rock pop noisy. Enfin, 1996, sorti de #3. Après le départ et remplacement de deux membres, Diabologum change et trouve le style qui lui sera propre et qui lui procurera la reconnaissance dont le groupe jouit encore aujourd’hui.
L’album, à sa sortie, reçu à la surprise de groupe un bon accueil de la part de la presse mais aussi du public. Aujourd’hui, il est même considéré comme culte pour certains. Les raisons de ce succès : un disque certes sombre (Une histoire de séduction ), avec un style singulier, des guitares aux riffs acérés et avec le chant remplacé par des paroles scandées (Fauve n’a rien inventé ou s’en est inspiré*). Mais ce n’est pas tout, utilisation de samples, de vieux vinyles scratchés ou non, des bandes audios.
Dans cette deuxième partie des 90’s, cet album s’inscrit dans la nouveauté. Personne n’avait emprunté (en France en tout cas) cette voie : alliance du rock, du « rap », d’expérimental. C’est ce qui l’a rendu aussi unique et indispensable. Il s’y enchaîne des singles ou des morceaux qui auraient pu l’être ( De la neige en été ; Il faut ; 365 jours ouvrables ; A découvrir absolument ; Un instant Précis.) et des morceaux plus expérimentaux et/ou instrumentaux ( Les angles , Dernier Etage.)
La Maman et la Putain est un des moments phare de l’album. C’est ce morceaux qui m’a converti définitivement à Diabologum lors de leur passage à Bordeaux en juin 1997 (au festival organisé par Noir Désir, Un Jour à Bordeaux) Joué et improvisé en live avant d’être mis sur Album, ce morceau est la mise en musique du monologue de Françoise Lebrun dans le film du même titre de Jean Eustache. Alliance parfaite entre les reliefs du texte et la musique. Un morceau sur le fil et puissant.
L’album se termine sur une cover limite religieuse de Richard Hell And The Voidoids, bien loin de l’original à vrai dire, si ce n’est qu’on entend au milieu du morceau les samples de ce même original.
Les textes sont très sociétaux, sur des sujets d’hier (années 90) comme la vache folle, mais aussi d’autres qui nous sont contemporains : la liberté d’expression, le réchauffement climatique, l’individualisme de notre société, etc.
Cette réédition est donc accompagnée de 12 inédits (remix, face b, duo avec Daniel Darc, extraits de compils.) Jusque-là, nous avons eu accès à un seul titre qui ne déroge pas au style de #3. Michel Cloup a d’ailleurs dit à ce sujet qu’ils avaient souhaité ne pas mettre des « démos dégueulasses » dans ces bonus. Plus que des titres bonus, c’est un peu un album #4 que nous offre le groupe, chose inespérée jusqu’à présent pour les fans des Toulousains. L’avenir du groupe, à vrai dire il n’y en pas. Cette sortie ne donnera pas lieu à une reformation. Ils l’ont fait une fois depuis 1997 et pour la dernière fois en octobre 2011 dans le cadre du festival Les Rockomotives de Vendômes, avec en guest Françoise Lebrun pour le titre La Maman et La putain.
C’est pourquoi avant de plonger dans la deuxième partie de Vieux Frères de Fauve, tournez-vous vers cette réédition et je suis certain que vous n’écouterez plus Fauve de la même manière…
Bref, A découvrir absolument.
Pour Adultes et adolescents.
* Ironie des choses : début 2014 à Nîmes, Michel Cloup a fait la première partie de Fauve. No comment.
Sylvain Chamu