Grands Classiques/Review

Ryan Bingham : « I’m a poor lonesome cowboy »

Dans le lointain ouest américain, parfois rêvé, un homme règne en maître sur les Grandes Prairies. Il machouille son brin d’herbe avec consistence, avant de sauter sur son cheval et d’entamer une longue marche. En fredonnant une chanson : « Nobody knows about my trouble… Nobody knows about my trouble ». Cet homme, c’est Ryan Bingham.

RYAN BINGHAM

La pochette du nouveau projet de Ryan Bingham, Fear and Saturday Night.

Celui qui est basé à Los Angeles n’a pourtant rien avoir avec le héros du dessin animé Lucky Luke . En fait, sa voix éraillée nous ferait plutôt penser à Bruce Springsteen (en moins puissant, avouons-le). Sa musique également : chez Bingham, on trouve toujours de quoi nous émerveiller, et de quoi penser… à l’Amérique profonde, au Deep South, mais aussi à la Los Angeles mythique, celle de Laurel Canyon.

Fear and Saturday Night, nouveau projet de Ryan Bingham est sorti aux USA le 20  janvier dernier  devrait arriver dans nos disquaires via l’import cette semaine.

Ryan Bingham a été connu pour son grand succès, The Weary Kind, chanson-bande-originale du film Crazy Heart avec Jeff Bridges. L’histoire racontait la longue descente aux enfers d’un chanteur de country (avant de remonter vers la lumière grâce à l’amour d’une jolie femme). La chanson a remporté un Oscar en 2009. Dans Fear and Saturday Night, c’est encore une fois une atmosphère triste qui se dégage de l’écoute globale de ce projet. Non pas une angoisse existentielle, mais un laissez-aller lancinant.

Peut-être son meilleur album

Le style Ryan Bingham est celui d’une musique bien léchée, mais sans gommer les éraflures. Dans Radio, par exemple, on retrouve les notes d’un piano bluesy, le charme d’une mélodie americana, et les guitares rock. Rien n’est gommé. Le chanteur retrouve la country qu’il affectionnait dans son tube avec Snow Falls in June. Précisons : l’homme est fan de Dolly Parton, comme il le mentionne au magazine Rolling Stone.

Les éraflures, Ryan les connaît bien. L’album, écrit dans les montagnes californiennes, sans téléphone portable et électricité, lui, a été inspiré par son enfance : décès de sa mère, alcoolique, suicide de son père. Alors que Tommorowland, son dernier opus (2012) était plus sombre, Fear and saturday night se veut l’album d’un homme qui retrouve la lumière après un long passage dans le tunnel. Une grande partie des douze chansons de l’album ont été enregistrées live, dans les studios de Jim Scott (producteur de Wilco et de Tom Petty).

Dans sa retraite solitaire en Californie, il y a sûrement découvert de l’or. Les douze pistes recèlent de surprises et de succès. Des titres sont énergiques (mentionnons le parfait Adventures of You and Me aux accents texans), et rappellent parfois l’énergie d’un John Mellencamp (Hands of Time). D’autres sont plus noirs et troubles (Nobody knows my trouble, Darlin’). Mais tout est bon dans ce cinquième album. A 35 ans,  l’ américain livre ici son meilleur album. En attendant un futur. Le premier single de Fear and Saturday Night s’appelle Broken Heart Tattoos. Ryan l’a écrite pour son enfant quelques mois avant que sa femme lui annonce sa grossesse.

A écouter ici :

Mickael Chailloux

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