Edito de la semaine

L’Edito du Lundi

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Le progrès va de mise, vraisemblablement avec une certaine paranoïa, très à la mode car elle permet au quidam de faire entendre sa voix, de se rebeller contre un système que pourtant il utilise. La théorie du complot est partout. A la publication du nombre de téléchargements du dernier album de U2, la toile rempile de plus belle sur le complot visant à vous surveiller et vous monitorer à distance. C’est le mal. Certains vont même jusqu’à dire que les grosses firmes représentées par des fruits peuvent maintenant mettre et ôter tout et n’importe quoi de vos téléphones : données personnelles, musique, applications… C’est presque vrai, c’est à moitié faux mais qui sait exactement où se situe vraiment la limite ? On râle contre la pomme aujourd’hui, demain ce sera à nouveau contre la politique de confidentialité de Google, de Microsoft ? A l’heure ou quasi tout le monde (1,23 milliard… oui soit 1/6ième de la planète, à quelques bananes près…) étale sa vie sur Facebook ? Vraiment ?

N’est-ce pas un peu hypocrite de sans arrêt râler contre les big brothers alors que depuis la fin des années 50, nous utilisons un des meilleurs moyens de traçabilité au monde: la carte bancaire ? Que nos voitures aujourd’hui sont quasiment toutes équipées d’une puce de géolocalisation ? Que votre smartphone, Pomme ou non, reste le meilleur moyen de retracer vos itinéraires ? Alors on peut s’emporter contre le fait qu’une plateforme de téléchargement vous offre un album en le mettant directement dans votre cloud, oui… Mais je crois qu’il faut rester objectif et ne pas partir dans des relations type « paranoïd-hater » comme on continue à en voir fleurir ces jours-ci sur la toile. Avant de s’offusquer de ce genre de pseudo privation de liberté, je pense qu’il y a des libertés autrement plus importantes pour lesquelles il faut se battre, à commencer par celle d’exister, chose que l’on dénie à une certaine catégorie d’êtres humains, même en pays civilisé. Donc, et là je m’adresse à tous ceux qui se seraient sentis visés par mon discours, changez de disque les gars… La musique ouvre l’esprit.

Ces derniers temps d’ailleurs (comprendre la semaine passée) je ne suis tombé sur rien de vraiment excitant, peut-être suis-je passé à côté de certaines choses me direz-vous, on ne peut pas avoir les oreilles partout à l’écoute malheureusement, enfin, heureusement plutôt car ce serait alors un joyeux bordel cacophonique entre nos deux hémisphères… J’ai tout de même remarqué que Weezer avait pondu un nouvel album, son neuvième pour être précis, et le troisième produit par une de mes idoles, ancien fortman de The Cars : Rick Ocasek. Grand retour de la pédale fuzz et du feedback, Everything Will Be Alright in the End est certainement leur meilleur depuis Maladroit (2002) et se trouve être beaucoup moins dark que le précédent. En prenant le même producteur que leur premier album, Weezer montre peut-être ici une volonté de repartir à zéro et de montrer qu’ils ont à nouveau un futur…

Bass Drum of Death sort quand à eux Rip This, seulement un an après la sortie de leur second album. Une productivité efficace ? Il semblerait, à l’écoute que oui. A Oxford USA, ville d’origine du trio, le rock garage a l’air bien vivace. Cet album est avant tout marqué par une production béton qui épaissit leur son et c’est ce qu’il leur manquait un peu jusqu’ici. Alors même s’ils ne se hissent pas au niveau d’un Dwyer ou d’un Segall, il ne faut pas bouder ce groupe qui, si on lui en laisse le temps, jouera très bientôt dans la cour des grands, même si l’album sonne de façon inégale car s’il est beaucoup plus assuré, il se place sur la difficile limite de leur zone de confort. Je ne sais pas si une tournée française est prévue mais je pense que c’est un live qui vaudra le cou… oui, sans le « p » car à force de balancer la tête d’avant en arrière pour démolir son brushing, je pense qu’on se démontera le cou.

Dawn to Dusk, c’est le dernier bébé de The Dedicated Nothing. 35 minutes pour cet album qui fait suite à un Ep, sorti en 2013… C’est un peu court jeune homme ! Toujours pas l’énergie que l’on trouvait qu’il manquait à l’Ep, pour autant est-ce vraiment ce que le groupe français du moment, veut faire passer ? Pas sûr même si le premier morceau de cet album pourrait nous inciter à le penser. Il faut sans doute arrêter d’aimer les groupes naissants pour ce qu’ils pourraient être et commencer à s’y intéresser pour ce qu’il sont. Je pense que c’est un groupe à suivre car bien loin du commerce phoenixien auquel je ne m’intéresse pas du tout. Et puis avec eux, la France a aussi son surf-rock. C’est en effet de Biarritz que nous viennent ces quatre gars dans le vent qui, de par le choix de leur nom annoncent la couleur puisque directement piqué (pour le meilleur et non pour le pire) à un passage des mémoires de Miki Dora, énorme légende du surf des 50’s. Personnellement j’aime la spontanéité de leur musique, leur naïveté et leur philosophie du « Je fais ce qu’il me plait et on verra bien ».

En parlant de légende, notons que Johnny Marr, que l’on ne peut plus présenter comme l’ex guitariste des Smiths aujourd’hui, sort Playland. Alors oui effectivement il a changé pour beaucoup la façon de voir les parties guitares dans les années 80, mais il n’empêche qu’il reste une icône et un musicien incontournable aujourd’hui de part ses collaborations et son travail artistique personnel. Et contrairement à un Morrissey qui de son côté s’est réfugié dans une parodie de lui-même self-centrée sur sa propre image, Marr ne s’est pas attaché à son ego. Malheureusement il faut avouer que le résultat n’est pas à la hauteur du bonhomme. Si quelques titres sortent du panier, les textes ne sont pas inspirés, ou plutôt ils le sont par des choses mille fois entendues : sexe, consumérisme et industrie du spectacle. Les mélodies semblent faciles, c’est dommage, même si l’album s’écoute bien on était en droit de penser que le retour du roi serait plus brillant. Le Johnny Marr d’hier n’est définitivement pas connecté au Johnny Marr d’aujourd’hui.

Voilà, c’est tout pour cette semaine mais moi je dis « vivement le 10 novembre » car deux choses vont se passer ce jour-là : la sortie du nouvel et dernier album des Pink Floyd (Endless River), un fait certainement historique dans la musique… qui risque fort d’obscurcir les choses pour Sonic Highways des Foo Fighters qui a choisi la même date pour se retrouver dans les bacs… Mais hey ! On a deux oreilles, non ? Alors Keep on rocking les enfants !

Greg Pinaud-Plazanet

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