Review

Tyranny, Le nouveau Casablancas

 

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Non je ne vais pas vous parler du Maroc, mais du dernier album de Julian Casablancas sorti le 23 septembre dernier. Julian Casablancas ? Peu sont ceux qui ne savent pas qui il est… Petit rappel :  sa participation au morceau « Instant Crush » des Daft Punk, sans compter, plus principalement, sa place de leader au sein du groupe new-Yorkais : The Strokes.

Cet illuminé du rock ne cesse de puiser dans divers genres afin de les mélanger à la manière d’un savant fou avant de jouir du résultat. Déjà ben remarqué dans les morceaux des Strokes, son goût pour le désordre ordonné trouve ses fans et également ses détracteurs. Car il faut l’avouer Julian fait partie de ceux qu’on adore ou que l’on déteste. Une sorte de Gainsbourg, tout aussi créatif, ayant lui aussi usé de trop d’alcool (dont il s’est  soigné depuis 2006 pour des questions de qualité de vie et d‘écriture). On ne peut enlever à cet ovni du rock américain, un certain génie. Ses influences sont légion et dans Tyranny, on le ressent comme jamais.

Juste après la sortie de Comedown Machine en 2013, le cinquième album des Strokes, Julian Casablancas nous offre le premier album d’une nouvelle formation avec The Voidz. Distribué par son propre label Cult records, Tyranny présente 12 titres baignés d’une lueur étrange. C’est le second album après Phrases for the Young en 2009 d’une carrière solo éloignée des Strokes.

Ce projet offre à Julian le loisir de laisser sortir ses fantasmes et expérimente ce qu’il ne pouvait plus faire avec les Strokes. Claviers désaturés et électro-pop, voix mutine et sourde, guitares énervées et saccadées, Tyranny nous emporte dans une atmosphère intemporelle. Les premières écoutes laissent un goût de jamais et de déjà vu à la fois, de désordre et d’ordre, de laisser-aller et de retenue dirigée. Un peu comme si le temps avait été une feuille de papier repliée sur elle-même, nous passons d’un plan à l’autre, explorant les profondeurs abyssales des inspirations de mister Casablancas.

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Cet album bien qu’accessible à tous par ses sonorités, ne plaira pas forcément aux amoureux des Strokes. En effet, on a beau reconnaître l’influence moderne des sons numériques et des pédales vocales assourdies, le mélange avec le rock brut des années punk peut déstabiliser.

Au final nous avons 12 morceaux punk-rocko-synthétisés assez spéciaux il faut bien l’avouer. Mais d’un point de vu artistique comme qualitatif, cet album est pour le moins intéressant car on ne peut se targuer d’avoir entendu pareil ensemble. Tyranny est une contre-ode au consumérisme et à la tyrannie du business écrasant notre qualité de vie. Quoi de plus normal que de voir Julian s’associer avec The Voidz qui partage avec l’artiste un look pour le moins atypique et anti-conformiste. Mulet, cuirs, chaines et vieilles baskets font un assortiment esthétique déroutant et anti-commercial et ce n’est même pas là une opération marketing mais le vrai look des membres du groupe. The Voidz est sorti directement d’une faille temporelle reliant le rock punk à la pop new wave, refermée depuis longtemps maintenant.

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Avec, sur la toile, des vidéos exclusives en épisodes de la vie du groupe, On nous amène peu à peu dans une vision désordonnée d’un groupe de potes s’adonnant à des envies éclairs et loufoques qui vous filent une grosse claque par la texture crue qu’ils transportent. Pour autant il y a de la recherche derrière et tout mélomane reconnaitra une structure stricte derrière ces 12 morceaux, amenant l’album à plus d’une heure d’écoute. Sans compter le caterpillar de l’album, à la manière de l’Europe des Noir Désir ou de nombreux morceaux des Pink floyd, Human Sadness nous plongent dans un bouillon musical de 11 minutes pendant lesquelles tous les styles convergent. Une langueur électro-rock où l’on plonge dans le noir d’une encre intense pour y voir éclater des notes colorées et luminescentes. Tyranny c’est un feu d’artifice aux multiples éclats, on est emporté ou on reste sur le carreau mais dans tous les cas cet album mérite que l’on y passe plusieurs écoutes avant de pouvoir se prononcer définitivement.

Jason Pinaud

 

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