Depuis 1977, la ville de Bourges s’organise pour accueillir les artistes qui animeront la ville de leurs talents, durant une partie des vacances de Pâques. Cette année, le Peuple du Rock était présent, et nous en ressortons ravis mais quand même un peu perplexe. Ce festival se décompose en deux grandes parties : une partie dans les salles de concerts (éphémères ou non) tandis que l’autre partie se passe plutôt dans la rue.
Commençons par discuter de la partie « Urbaine » du festival. Les bars du centre ville de Bourges ouvrent aussi leurs portes (et leurs pompes à bières) une bonne partie de la nuit, et accueillent des artistes Berruyers ou étrangers. Les artistes de rue tentent aussi leur chance en jouant sur le trottoir, branchant leurs câbles dans les magasins ou dans des appartements. Le lieu principal du festival se tient entre la place Seraucourt et le carré d’Auron. Si l’on marche d’un lieu à l’autre, on croise plus de vendeurs de vêtements baba, de casquettes NY et de lunettes de soleil à 5 € la paire, que de musiciens sur scène. Enfin bref, il y a quand mêmes quelques scènes où l’on peut voir des groupes jouer comme la Pression Live, SFR jeunes talents, Le Berry, et l’inédit « Dj Truck by Cozmoze » (un gros camion noir où des disc Jockey peuvent s’exprimer électroniquement).
Pour moi (Berruyer de naissance), le coeur du festival se trouve dans la rue, où les bars accueillent des artistes une bonne partie de la nuit, en vendant des frites et de la bière (on est pas en Belgique non plus…). On croise aussi des artistes de rue qui se font une place sur le trottoir ou sous la mairie en branchant leurs amplis sur un générateur électrique autonome. Depuis pas très longtemps on peut voir des artistes sur la scène du Sous-Off (plus indépendante que celles sur le site officiel du Printemps de Bourges il me semble). C’est toujours chouette de traîner la nuit dans les rues de Bourges pendant ce festival, c’est un peu comme la fête de la musique mais étendue sur 4-5 jours. Les gens font la fête malgré la pluie abondante. La ville est animée et devient aussi un lieu de rencontre et de partage. Ce sont quelques jours où tout le monde peut s’exprimer au travers des arts. Mais le Printemps de Bourges est aussi représenté par des artistes professionnels qui eux, vont plutôt exercer leurs talents sur des belles et grosses scènes.
Le concert qui m’a vraiment marqué été celui de Detroit : voir Bertrand Cantat sur scène m’a scotché sur place, si on m’avait dit que je le verrai un jour ! On reconnait bien la voix arrachée de Noir Désir, qui repose là sur un texte aux accents plutôt romantiques dans le choix des mots. Le petit set acoustique (2-3 chansons) m’a moins ému. Bien sûr, Bertrand Cantat n’est pas parti sans un petit Tostaky qui fait plaisir à entendre en live ! Je suis rentré chez moi, content d’avoir retrouvé la poésie du marin solitaire (et son harmonica).
Un autre moment marquant de ce festival à été le passage de Biffy Clyro. Ce groupe… C’est plutôt sentimental pour moi car il a été le premier groupe de rock que j’ai véritablement vu en live, lors du Printemps de Bourges en 2005. Leur style a beaucoup changé depuis leur album The vertigo of bliss sorti en juin 2003. Ils ont évolué vers une musique un peu plus commerciale, ou alors plus accessible, avec une influence punk californien. Cette année, ils interprétaient leur album Only révolution sorti en octobre 2009, qui met toujours le feu en live. Très bonne ambiance. Je suis resté un peu pour voir Skip the use, qui m’a moins percuté, même si, je l’avoue, le show est vivant. J’ai pu prendre quelques photos argentique, ce qui n’est pas très aisé à cause de toutes ces oscillations lumineuses je l’avoue. Je me suis aussi permis d’aller à la soirée Rock’n beat, où j’aurai eu le plaisir de voir le groupe Salut c’est cool, qui nous a bien amusé avec des… boîtes de kebab. J’ai été aussi surpris par Kavinsky, que je n’écoute pas du tout, mais en live les jeux de lumières et le son étaient bien choisis.
J’ai aussi eu la chance de voir, dans une soirée officieuse du festival, la chanteuse américaine Diane Cluck, accompagnée d’une violoncelliste. Le moment était magique, nous étions assis par terre comme des enfants, pendant que l’artiste nous racontait sa musique, son monde. La violoncelliste faisait preuve d’une grande sensibilité musicale, et je pense que tout le monde a été à un moment ému. La chanteuse usait de sa voix sans micro, nous étions dans une petite salle. La voix était parfaitement juste et nette, parfaite. Le voyage était intéressant.
En conclusion, j’ai passé un festival très fort comme chaque année, même si j’ai été un peu « dégoûté » par l’aspect commercial qui s’impose de plus en plus. Quand on vient au Printemps de Bourges, il faut surtout aller dans les petits concerts de bars ou de rue, car c’est souvent ici que la musique n’est pas encore trop influencée par le commerce. Heureusement, certains artistes restent fidèles à eux-même et nous font vivre ou re-vivre des moments très forts.
Virgile Biosa