Hier soir, sur notre belle chaîne du service public, nous avions droit à notre dose de maternité avec le film de Remi Bezançon, Un heureux événement. L’idée est simple : une future thésarde interprétée par Louise Bourgoin vit son parcours du combattant afin d’avoir son enfant. Autant vous le dire tout de suite, malgré ses petites pointes d’humour, la comédie dramatique verse bien souvent dans le pathos et la guimauve, notamment lorsqu’elle traite des 9 mois. Le film montre que, oui, c’est très compliqué, parfois très dur la vie d’une femme enceinte puis mère. Mais qu’au final tout va bien, tout se passe bien. Oui, vous l’aurez peut –être compris, ce film est rempli de clichés. Bon, je vais avouer que, sûrement, certains ont valeur de vérité. Mais, tout est si banal, presque « angélique ». Comme si avoir des enfants, c’était toujours bien, « des moments de grâce et de fusion ». N’oublions pas que NKM pensait également que le métro procurait des moments de grâce. L’asséner pendant 112 minutes n’aura jamais valeur de vérité.
Alors pourquoi vous parler de ça en ce lundi matin ? D’accord, la question des enfants irrigue tout l’espace privé (et public, n’en déplaise aux anti-mariage pour tous). Bon, mais aux dernières nouvelles, nous sommes un webzine musical. Pas politique, ni cinématographique. C’est sans compter sur l’actualité qui nous rattrape, bien entendu, vu que pendant ce temps, nous, on coure…après le temps perdu. Lorsqu’on regarde des films plutôt philosophiques, alors on commence à philosopher… banalement. Revenons-en à la musique : Ben Harper, qu’on adore au Peuple du Rock sort cette semaine un album avec sa mère. Dans ce projet appelé Childhood Home, pas question de morale ou de philosophie. Juste un fils et sa mère, jouant ensemble de la musique, comme leurs grands parents. J’exagère, mais l’album, un tantinet country et bluegrass, mais surtout très folk et surtout pas sirupeux pourra vous faire oublier Louise Bourgoin et ses dilemmes autocentrés. Ellen Harper pourrait donc lui dire, comme elle le chante dans Farmer’s Daughter : « We’re always broke and live on dirt and water ». Bah oui, pas facile la vie… Bref, harmonies vocales et accords de guitare vous enchanterons dans ces dix titres berceuses (Six écrites par Ellen et quatre par Ben) de la famille Harper. Surement plus efficace qu’un film grand public sur l’enfance.
Au rayon vallées et montagnes, si durant le week-end du 8 mai qui s’annonce, vous avez décidé d’aller vous ressourcer, j’ai le disque qu’il vous faut. Le groupe s’appelle Real Ponchos. Tout nouveau, leur premier opus s’appelle Since I Let You Go et sort également cette semaine. Pendant onze titres, qui parfois excède 10 minutes ( !), on traverse leur univers pleins de chevaux, de prairies, de grandes plaines et de tranquillité. L’album, que vous pouvez écouter en streaming libre, respire cette tranquillité douce qui se savoure, se décrète et qui donne envie de partir s’installer à Vancouver, leur ville. Outta this place est leur premier single, et Real Ponchos a déjà tout l’air d’un grand groupe de country-rock. Divines mélodies, laissez le flot des pedal-steel guitares et de la voix nasillarde de Ben Arsenault et Emile Scott caresser vos oreilles avec le vent, fermez les yeux… Ça y est, vous êtes au-dessus du monde.
Partons maintenant en Ecosse pour durcir un peu notre journée : aujourd’hui sort le tout beau et tout frais nouvel opus du groupe indie Bis. Originaire de Glasgow, Manda Rin, Sci-fi Steven et John Disco, de leurs noms de scène, reviennent avec du nouveau matériel, la première fois depuis 2001 et leur dernier album appelé Return to Central. Clin d’œil au destin qui les a poussé à se retrouver : la cuvée 2014 de Bis s’appelle Data panik ecetera – référence au groupe qu’ils avaient formés durant leur dernier split up en 2005. Bis repetita alors ? Oui et non, dans leur musique s’allient le rock et le new-wave. La chanson Cubis (I love you) ou Too Much, too enough est digne de Gossip quand d’autres (Minimum Wage, Control the radical) se permettent d’allier le punk et le new-wave afin de créer des ensembles homogènes révolutionnaires (ou presque). Quand tout s’agite dans un bocal, tout devient magique. La preuve avec cet album, à écouter sans modération.
Le nouvel album de Bis – à écouter ici
Dans le même genre en moins électrique et plus planant, on pourra vous conseiller le nouvel album de Brian Eno. Le magicien est créateur de sons tels que l’album de U2 Achtung Baby ou The Joshua Tree, ou encore les récents Coldplay mais surtout producteur de la trilogie berlinoise de David Bowie (Low, Heroes et Lodger) et de l’album de Genesis (période Peter Gabriel) The Lamb Lies Down on Brodway. Avec un tel pedigree, on ne peut que se réjouir d’un nouvel album de Brian Eno. En collaboration avec Karl Hyde, leader du groupe éléctro britannique Underworld, Eno nous offre en ce lundi Someday’s World, ensemble cohérant de neuf chansons aussi brillantes que les autres. Daddy’s Car est la plus extraordinaire d’entres-elles : cohabitent des cuivres, des rythmes dansants et une voix nonchalante qui sait s’en détacher quand il le faut…
Pour finir, alors que l’on vient de parler d’un producteur émérite comme Brian Eno, on pourrait aussi évoquer Dan Auerbach. Le leader des Black Keys (dont le dernier single Fever est sorti récemment) verra ce mardi se concrétiser le projet d’une de ses nouvelles protegées, Nikki Lane. L’album s’appelle All or Nothin’. La native de Caroline du Sud, qualifiée par le magazine Rolling Stone de chanteuse portant le label « Outlaw Country » nous offre tantôt une bande originale pour westerns un peu sirupeux (Seein’ Double, Wild one), tantôt un essai country des plus brillants (Right Time, Love’s on Fire) et des plus rudes (Sleep with a stranger). La jeune chanteuse à la voix claire sera notre clou du spectacle ce lundi, en attendant de nombreux articles en prévisions sur ce qui marche le mieux dans la planète country actuelle.
Mickael Chailloux