le mois de mai est, cette année, assez particulier pour être aimé de tous les travailleurs, et bien entendu redouté par les dirigeants d’entreprises… Oui car avec toutes ces semaines de 3 jours (pour ceux qui construisent des ponts en boites d’allumettes lors de leurs longues journées), il faut faire un Operating Profit (pour ceux qui aiment les anglicismes en entreprise, et dieu sait s’ils sont nombreux…) de même niveau que les mois précédents… Pas simple. En parlant d’anglicismes et de mots spécifiques aux entreprises qu’il faut apprendre pour briller en société ou lors de réunion, j’avais eu un jour une grille de mots à cocher en réunion au fur et à mesure que notre supérieur hiérarchique les sortait. Briefing, People, Target, Release, et j’en passe… Imaginez, vous finissez la ligne et vous vous levez tout fier en criant « Quiiiiine! »… Ça jette un froid sur le moment mais c’est tellement drôle…
Enfin bon, le meilleur des anglicismes restera pour moi : After Work. Soit le pot entre pôtes de boulot après la journée de travail. Là où on peut causer tranquillement de musique, de BD, de séries TV devant une bonne bière belge bien fraîche. Les bonnes séries, entendez moi bien… Donc oubliez Docteur Quinn, Femme médecin ou plus récemment Glee… Non, nous on cause plutôt de True Detective, de Bron-Broen (pas le remake US hein…), d’Hannibal, on se prend à espérer le meilleur pour From Dusk Till Dawn sans vraiment trop y croire d’ailleurs. C’est dommage cela changerait des deux suites merdiques qu’ils avaient fait au cultissime premier volet… Enfin bon. Et s’il y a un truc vraiment remarquable dans les bonnes séries en ce moment, c’est le choix des musiques. De Choir of Young Believers (Bron-Broen) en passant par The Handsome Family (True Detective) ou encore Marylin Manson (pour la série Salem) et Thee Oh Sees (Breaking Bad). Bref nous nous disions que les séries aujourd’hui permettaient de plus en plus de découvrir de bons artistes pour ceux qui n’ont pas le temps d’écouter dix albums par semaine. Et Pour ceux qui n’ont ni le temps d’écouter, ni le temps de regarder, il y a l’Edito du Lundi du Peuple du Rock ou j’essaie de vous donner un rapide tour d’horizon de ce qui existe en ce moment sur le marché du son. Ou comment commencer un édito sur l’économie mondiale pour retomber sur mes pattes pour la suite… Un véritable exercice de grand écart…
Cette semaine je me suis donc intéressé à pas mal de choses et j’ai dû faire des choix cornéliens pour ne pas concurrencer la banque d’images de l’ INA en terme de vidéos à vous proposer, car l’actu était pffffffiiiuuuu… lourde ce mois-ci : Eels, Damon Albarn, les Pixies, Thee Oh Sees pour ne citer que les plus connus mais étant donné que des reviews sont en cours actuellement au PdR sur certains de ces Lp, je ne vais donc pas les exposer ici et me contenterai simplement de ce qui suit pour me concentrer sur les autres sorties: Je vous conseille le dernier Eels. Il est vraiment chouette, meilleur que Wonderful Glorious, qui était à mon avis un peu en dessous de ce que l’on pouvait attendre d’Everett. J’aime bien le Damon Albarn (Everyday Robots), mais seulement pour l’écouter à tête reposée chez moi, en fond sonore. Au volant, j’aurais peur de m’assoupir à vrai dire. Le Indie Cindy des Pixies sonne vraiment bien, il me tarde de les voir en live à la fin du mois à Barcelone. Quant à l’album Drop de Thee Oh Sees… et bien je peux vous dire objectivement (parce que je n’aime pas tout ce que sort John Dwyer) que si vous avez aimé le précédent opus, vous adorerez celui-ci. Il est dommage que les Oh Sees aient annoncé un break (tout relatif puisque nous les verrons en festival cet été) suite au déménagement de Dwyer de San Francisco vers L.A, car je trouve que les albums s’améliorent au fur et à mesure de leurs sorties.
Pour ce qui est du reste de l’actu:
Ruben Block et sa bande belge montre à nouveau le bout de son nez puisque Triggerfinger : By Absence of Sun est sorti. Le trio d’Anvers (et contre tous) s’éloigne un peu du Stoner Rock qu’ils avaient l’habitude de promouvoir pour affirmer de plus en plus leur identité encore en pleine construction. Franchement j’ai trouvé ça sympa et je pense me pencher un peu plus sur ce groupe dans les temps à venir.
Passons maintenant à deux groupes que je mettrais dans la même catégorie bien qu’ils ne soient pas du tout du même coin du globe. Il s’agit de Flying Donuts (français) avec Still Active et de Hey Vanity (Essex, UK) et leur Blindfolds. De forts accents Punk Rock, mais pour moi cette musique-là (Blink 182, Burning Heads…) commence à dater un peu et lorsque l’on voit ce que proposent des groupes comme Thee Oh Sees, qui loin de s’attacher à un Punk Rock formaté, partent dans l’expérimentation… Alors que cela n’enlève rien à l’énergie et aux qualités indéniables d’un Flying Donuts ou d’un Hey Vanity (notamment la voix très intéressante de Mark Halls), cela les inscrit néanmoins dans un registre plus convenu. Plus mainstream, plus radio-friendly pour reprendre sur les anglicismes (on boucle, on boucle…).
Restons aux UK avec Beverly Martyn, la survivante. L’artiste n’est pas toute neuve comme on dit, puisqu’elle est plus contemporaine de Bob Dylan que de Ray LaMontagne (qui sort d’ailleurs son album Supernova à la fin du mois). Un folk à l’ancienne qui se fait entendre ici après des années de mutisme, surement nécessaires pour surmonter les épreuves d’une vie compliquée… Une maturité qui se ressent dans le choix des morceaux composant l’album. A noter qu’il s’ouvre sur la chanson Reckless Jane qui fut co-écrite avec Nick Drake dans les années 70. On aime ou on n’aime pas la voix pleine et riche de Beverly Martyn , moi personnellement j’adhère totalement.
Restons dans le folk, mais un peu moins traditionnel puisque teinté de Rock et d’Electro, avec Ben Watt. Un gars assez branché comme l’évoque si justement son nom. Alors ok, les vieux de la vieille me diront : « Quoi Ben Watt, le gars d’Everything But The Girl ? » ou encore : « Hein ? Ben Watt, le DJ ? ». Et ils auront raison car oui, Ben Watt a été tout cela et plus encore. C’est d’autant plus surprenant de le voir arriver avec un disque pur et dépouillé comme Hendra sous le bras, son second album personnel en plus de 30 ans. Et malgré les grands noms qui ont été invités sur la galette, Bernard Butler ou encore David Gilmour pour ne citer qu’eux, il ne fallait pas s’attendre à un produit marketing.
Un truc plus pop mais assez sympa c’est Loom par Fear of Men. Ce qui n’était au départ qu’un projet de deux étudiants des beaux-arts s’est transformé au fur et à mesure en machine à tube indies. Il m’étonnerait fortement que vous n’aimiez pas si vous êtes branchés sur ce style de musique. Ça sent bon les Black Sessions de Lenoir… Un conseil: n’essayez pas de refaire le truc de l’arc à la maison par contre…
On passe dans l’alternatif avec le combo belge The Sedan Vault et leurs Minutes to Midnight. Je kiffe grave comme disent les jeunes… Décidément j’aime les belges. Ils ont une approche du Rock vraiment intéressante à mon sens. En 2008 déjà leur album Vanguard avait été plus que remarqué. Ils ont pris leur temps mais ce cru 2014 semble à la hauteur de l’attente. L’album a été produit par un grand monsieur puisque c’est Richard Woodcraft (Grinderman, Arctic Monkeys, Radiohead…) qui s’est occupé des frères Meeuwis. Entre Indie et Electro. Je suis fan, je n’y peux rien.
Voilà, ce sera tout pour cette courte semaine et cela fait déjà pas mal. D’ailleurs pour la fin de cette semaine ou de celle d’après je pense que nous allons sortir une playlist spéciale Belgique, donc Mickael (Playlist-Man du PdR), si tu m’entends, tu peux lancer ça. En attendant il y a d’autres choses de prévues comme un live report des Strypes par exemple alors stay tuned les p’tit clous ! J’ai toujours rêvé de chopper le job de Marc Toesca à l’époque des bonnes années Canal… non je blague, j’étais bien plus branché RockLine dans Les Enfants du Rock.
Greg Pinaud-Plazanet