Après un weekend épique fait de multiples confrontations avec un canapé convertible 3 places (un deux places fixe aurait été trop facilement battu…), je suis rincé. Mais bon nous ne sommes pas là pour parler déco d’intérieur mais bien pour causer musique. L’actu est chargée, mais nous n’allons parler ici que de celle qui me semble importante. 2014. Cette date, nous l’avons vu lors d’éditos précédents marque les 20 ans de beaucoup d’albums importants, voir incontournables dans l’histoire du Rock. Et bien 1994 est l’année où explosait un petit groupe anglais qui allait à lui seul révolutionner à sa façon le rock anglais de l’époque : Oasis.
On pourra penser ce que l’on veut des deux frères Gallagher, de leur mauvais caractère, de leurs « fucking » fanfaronnades, mais finalement c’était assez dans l’esprit du Rock’n Roll. Reste que leur musique a pour ainsi dire assuré la pérennité du Rock anglais alors bien mis à mal par le géant américain et grunge : Nirvana. Mais cette année-là, Nirvana disparaissait en même temps que l’icône torturée de Cobain naissait. Les oreilles se sont alors retournées vers la verte Albion, laissée en friche depuis la fin du mouvement mancunien. Manchester ne faisait alors que vivoter en profitant de l’aura déclinante des Smiths séparés en 86 et avait du mal à se retrouver un fer de lance parmi ses groupes locaux. Ou tout au moins avec une telle aura médiatique, les Stone Roses ayant été un poil trop fainéants.
Oasis, dès son arrivée explose tout, disons-le tout net. J’ai vécu en live le phénomène outre-manche et croyez-moi, dès l’écoute du premier morceau de la face A de Definitely MayBe, le groupe tout entier a été propulsé, tel une supernova supersonique directement au rang de rock’n roll stars. La Oasismania était née. Quand on n’a pas connu ce genre de déferlement affectif de fans, c’est difficilement concevable. En effet, j’ai beau trainer mes rides et mes cheveux blancs, pour ce qu’il en reste du moins, je n’ai jamais vécu la Beatlemania ou la Stonesmania (toi au fond, là, qui fait une mine étonnée l’air de dire « quoi ? à ton âge tu n’as pas vu les Beatles en concert en 62 à Hambourg ? », j’ai ton nom, je sais où tu habites… si si je t’assure…).
Definitely MayBe est ce que j’appelle un putain d’album. Je n’en ai pas beaucoup dans cette classe-là. J’ai Hunky Dory de Bowie, 1965 d’Afghan Whigs, Live Woods de Peter Weller, White Light/White Heat du Velvet et quelques autres encore mais je vais éviter de vous faire la liste tout entière… Bref! Sachez que l’album phare de toute une génération sera réédité en mai au travers d’une édition spéciale, remasterisée et agrémentée de démos ainsi que de titres rares voir inédits. J’espère qu’ils en feront une réédition en Lp que je puisse mettre la main dessus car la cote de cet album sur le net ne permet pas de le trouver à moins de 55€… La suite de leurs albums suivra mais il me semblait important de mettre en avant celui-ci surtout.
Je vous parlais un peu plus haut de Nirvana, et bien aux US et plus particulièrement à Aberdeen, dont Kurt Cobain était originaire, il existe un « Kurt Cobain Day » pour célébrer l’artiste. Et cette année, une statue de l’icône grunge, assis, guitare à la main, en train de pleurer, a été inaugurée pour leur musée local. C’était une brève, en passant puisqu’on en parlait… Bon, et en attendant un nouvel album annoncé par Robert Plant, qu’est-ce que le mois de mars nous réserve sinon? Et bien le duo anglais Blood Red Shoes a accouché de Perfect Mess. Leur 4ieme bébé, autoproduit à Berlin, semble assez bien balancé pour nous faire bouger un peu. L’hiver il faut bien ça, sinon on a tendance à stocker les graisses et c’est pas bon.
Ce mois-ci voit aussi le retour d’un assez vieux groupe de la fin des années 90 : Elbow. C’est un groupe alternatif que j’aime beaucoup et qui mérite amplement une écoute attentive. Tout comme les canapés convertibles trois places , ils peuvent rentrer par une porte et en ressortir de façon instantanée sans monter à l’étage, mais attendez-vous à ce qu’ils profitent d’une fenêtre ouverte pour revenir s’installer durablement chez vous.
Restons en Angleterre, et plus exactement dans cette région chère à Alice ou plutôt au chat du pays des merveilles: Le Cheshire. Les Gorman, trois frères non inconnus (pour coller à l’actu ciné…) des habitués des festivals, se sont remis au travail fin 2013 pour nous balancer ce mois-ci Love Letters. Malheureusement je suis obligé de vous mettre une ancienne vidéo car ces sales gosses-là (Kill The Young) ne sont pas foutus de garder à jour leur MySpace ou leur Sound Cloud pour présenter quelques nouveaux morceaux… Même leur site officiel joue les absents pour le moment. A noter qu’il s’agit d’un album produit par… leurs fans. En grande partie car ils n’avaient plus de label.
Traversons maintenant l’atlantique pour Brooklyn, nouvelle demeure de Real Estate et de sa musique plus typée californienne que typée côte est. Atlas est sorti début mars, alignant 10 pistes à écouter en boucle si l’on veut quelques rayons de soleil en ces jours plutôt sombres. Un album qui tourne autour du sentiment d’aliénation ainsi que du passage inéluctable du temps. Comme les deux précédents, du tout bon.
Toujours à Brooklyn (il faut dire que c’est THE place to be en ce moment…), les punk rockers de The Men nous balancent Tomorrow Hits. L’album a été enregistré par l’un des gars à fréquenter sur Brooklyn, l’hyper actif Ben Greenberg qui n’est autre que le bassiste du groupe. Un Lp qui déroutera sans doute un peu les fans, à mon avis. Mais rappelez-vous que dans le Punk, There’re no rules !
Toujours aux US, mais en Georgie cette fois: Drive-By Truckers n’est pas un nouveau club de moustachus aux chemises à carreaux en flanelle et aux vestes en jeans sans manches… non non. C’est un groupe assez ancien, qui en est tout de même à sortir son 10ieme album (English Ocean). Ça sonne ricain, folk-rock, rock même. Certains appellerons ça de la country alternative, pourquoi pas en effet. En tout cas ce n’est pas mauvais du tout.
Restons aux US encore un peu avec une vétérante : Linda Perhacs et son Soul Of All Natural Things. Si nous la verrons lors du Primavera Sound de Barcelone aux côtés d’autres vétérans tels que les Pixies, Slint ou encore Slowdive, il est à noter une particularité pas piquée des vers : Linda n’avait rien sorti depuis Parallelograms, en 1970. Oui oui, vous avez bien lu… 1970. Soit 44 ans sans rien pondre… Il faut dire que si vous avez la chance de posséder un Lp comme Parallelograms, vous avez pu survivre 44 ans grâce à lui car disons-le tout net, il se suffit à lui-même. C’est une perle au même titre qu’un Five Leaves Left de Nick Drake. 10 titres donc sur ce deuxième album, à consommer sans modération car c’est je crois, une digne suite du précédent.
Continuons notre petit trip voyageur jusqu’en Virginie, dans une ville qui a la spécificité de n’appartenir à aucun comté (Roanoke est une ville dite indépendante, ça c’était pour la culture car la musique n’est pas tout dans la vie…), pour écouter The Drop Beneath de Eternal Summers, menée par la voix vaporeuse de Nicole Yun. Le groupe continue d’élargir sa palette musicale tout en gardant sa ligne rock fondatrice. Très sympa.
Enfin je finirai les sorties de cette semaine par des gars du coin. Des rennais plus exactement : Sudden Death of Stars. Ils ont beau être bretons, c’est de l’autre côté de la manche que cela se passe principalement pour eux. Et oui, il n’y a pas que Phoenix et Daft Punk qui peuvent s’exporter chez nous… Et il n’y a pas non plus qu’ailleurs que l’on peut faire du Rock psychédélique… A écouter d’urgence si vous ne les connaissez pas. All Unrevealed Parts of the Unknown sortira le 10 de ce mois.
Avec tout ça, vous devriez être habillés pour quelques semaines. Sauf si comme moi vous êtes un dévoreur de son, auquel cas je vous propose de fonder un club : LSD Club (Le Sound Devourers Club)… Planant comme idée nan ? Bon allez, assez pour aujourd’hui, passez une bonne semaine en compagnie d’un article sur Passenger ainsi que de la clôture du dossier sur les groupes amateurs, le tout respectivement mercredi et vendredi comme d’habitude!
Greg Pinaud-Plazanet